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SAISON 2020 - 2021

L’archiduc Rodolphe, né en 1858​, est le troisième enfant de François-Joseph et Sissi. Sa mort, au pavillon de chasse de Mayerling, demeure une affaire non élucidée... Dans ce nouvel épisode du podcast d’Europe 1 Studio "Au cœur de l’Histoire", Jean des Cars cherche à découvrir ce qu'il s'est réellement passé dans la nuit du 29 au 30 janvier 1889. 

Rodolphe et sa maîtresse Marie Vetsera sont retrouvés morts dans le pavillon de chasse de Mayerling. ​Malgré la prédominance de la thèse du suicide​, certains pensent que l'héritier de l'empire austro-hongrois a été assassiné pour des raisons politiques… Dans ce nouvel épisode du podcast d’Europe 1 Studio "Au cœur de l’Histoire", Jean des Cars tente d'élucider le drame de Mayerling

L’archiduc Rodolphe est le troisième enfant de  François-Joseph et de son épouse, sa cousine Elisabeth, dite "Sissi". Deux petites filles sont déjà nées : Sophie en 1855 un an après leur mariage puis Gisèle, en 1856. Mais la petite Sophie sera emportée, à l’âge de deux ans, par une fièvre typhoïde contractée lors d’un voyage de ses parents à Budapest.

Rodolphe est né le 21 août 1858 au palais de Laxenbourg. Évidemment, la naissance d’un héritier est une immense joie pour le couple impérial et pour l’Empire. Comme pour les autres enfants, c’est l’archiduchesse Sophie, la mère de l’empereur, qui prend sous sa coupe l’héritier impérial. François-Joseph doit s’habituer à gérer les conflits permanents entre sa mère et son épouse. On ne sait pas dans quelle mesure le petit garçon sera conscient de cette atmosphère. 

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Dans sa petite enfance, il verra peu sa mère. Sissi est dépressive, n’aime pas la vie de la Cour, le protocole, l’omniprésence de sa belle-mère et les difficultés qui se présentent chaque fois qu’elle veut s’occuper elle-même de ses enfants. En revanche, son aînée de deux ans, Gisèle, est ravie de l’arrivée d’un petit frère. Elle déborde d’affection pour lui et sera toujours sa complice.

Le garçon est trop jeune pour se rendre compte des catastrophes politiques qui se succèdent dans la vie de François-Joseph. Dès le printemps 1859, dans le conflit qui va opposer la France à l’Autriche et au royaume de Piémont-Sardaigne, l’Unité Italienne se fera au prix de la défaite de l’Autriche, qui ne gardera plus en Italie que la province de Venise.

L’enfance d’un prince héritier

En 1864, le jour de son sixième anniversaire, Rodolphe éprouve un premier choc émotionnel : son père qui veut qu’il soit éduqué comme un futur soldat, le sépare de sa soeur et le confie au redoutable général comte de Gondrecourt, une ganache bornée qui traite fort mal le petit garçon : il lui impose des séances d’endurance physique insupportables, des douches glacées en plein hiver. Il l’enferme dans un cabinet noir pour le punir. Il le réveille en pleine nuit en lui criant : «  Attention Monseigneur, un sanglier ! ».

C’est Sissi qui va s’apercevoir que cette éducation stupide fait de son fils un garçon timoré et terrorisé. Elle lance un ultimatum à son mari : elle veut s’occuper elle-même de ses enfants sinon elle repartira se sa Bavière natale. Elle obtient que Gondrecourt soit renvoyé. Désormais, elle choisira les professeurs de son fils. Elle porte son choix sur des bourgeois de tendance libérale. Une révolution au palais de la Hofburg ! 

Elle demande à l’empereur une confirmation écrite des pleins pouvoirs qu’elle va maintenant exercer sur tout ce qui concerne ses enfants. La belle-fille l’a emporté sur la belle-mère mais surtout Sissi va se rapprocher de sa progéniture. Rodolphe a une admiration éperdue pour sa mère. 

Le prince héritier s’épanouit auprès de ses professeurs : Brehm spécialiste de l’histoire naturelle initie l’enfant aux trésors de la faune et de la flore, Carl Menger lui enseigne l’économie politique. Plus tard, le professeur Exmer lui enseignera la science politique et lui fera lire Montesquieu et Rousseau. 

Le prince est doué. Il écrit beaucoup sur ses carnets qui ne le quittent jamais. On peut encore voir ses dessins charmants qui sont le reflet de sa vie d’enfant, très observateur et plein de fantaisie. C’est dans cette période que Rodolphe a été le plus heureux, dans ses études et auprès de ses parents. C’est aussi l’époque où l’Autriche va connaître un grave conflit, pire encore que la perte des provinces italiennes, qui l’opposera à la Prusse. L’enjeu est la prédominance sur les Etats allemands. 

Une seconde fois, François-Joseph va perdre cette guerre, après la terrible défaite de Sadowa, en 1866. Laissant la domination de ces Etats à la Prusse, il va pousser ses pions vers la Hongrie. C’est d’ailleurs à Budapest que Sissi s’était réfugiée avec ses enfants pendant le conflit, alors que Vienne était menacée. Rodolphe découvre Budapest et la Hongrie. 

Après le compromis austro-hongrois de 1867 et le couronnement de ses parents comme roi et reine de Hongrie, Rodolphe séjournera souvent en famille dans le château de Gödöllö, aux environs de Budapest. On passe Noël à Vienne, à la Hofburg, et les vacances d’été en Bavière et en Hongrie. En 1868, Gisèle et Rodolphe auront une petite sœur, Marie-Valérie, née au palais royal de Budapest selon la volonté de Sissi.

Un prince aux idées libérales

A l’âge de 14 ans, Rodolphe reçoit une formation militaire, obligatoire dans son cas mais il préfère les leçons d’économie et de droit qu’on lui enseigne en même temps. Il manifeste un intérêt grandissant pour la nature, le monde forestier, l’agriculture et la chasse. A l’été 1875, il fait un long voyage en bateau sur le Danube. Il écrira un livre sur ses découvertes. Il s’intéresse passionnément à la géographie de l’Empire Austro-Hongrois. 

En 1877, à 19 ans, il est déclaré majeur. Il a désormais son autonomie dynastique, possède sa propre Maison. C’est à ce moment-là qu’il lui faut un grand-maître. Hélas, le choix de l’empereur n’est pas très judicieux, il se porte sur Bombelles, réputé libertin et bon-vivant notoire. Même Bismarck est horrifié ! Le chancelier de Prusse estime qu’une pareille personne ne pourra qu’empoisonner l’esprit du futur empereur-roi. Mais c’est un camarade d’enfance de François-Joseph qui ne se méfie pas de lui…  

Rodolphe va désormais voyager. Il commence par l’Angleterre. Il est reçu à Osborne, dans l'île de Wight, par la reine Victoria. La princesse de Cambridge dira à l’ambassadeur d’Autriche-Hongrie à Londres : « La Reine est tombée amoureuse du prince héritier mais rassurez-vous, elle ne l’épousera pas ! ». Rodolphe va aussi nouer une relation chaleureuse avec le prince de Galles avant de visiter le reste de l’Angleterre. Il rend aussi visite à l’empereur allemand Guillaume 1er à Berlin avant d’être nommé, en août 1878, gouverneur de Prague. Un passage obligé pour l’héritier du trône. Il parle parfaitement le tchèque, s’installe au château de Hradschin qui domine la ville. Il a un succès fou… et il est un séducteur ! Il accumule les conquêtes, mais il est temps de songer à le marier… 

La première en tête de la liste des potentielles fiancées est la fille du roi des Belges, la princesse Stéphanie. Rodolphe se rend à Bruxelles en mars 1883. Il rencontre Stéphanie, âgée de 16 ans, à peine nubile. Les fiançailles sont aussitôt décidées. Apparemment, les deux futurs époux se plaisent, Rodolphe écrit à son ami Lastours : "J’ai ce que je désirais. Stéphanie est bien de sa personne, intelligente, tout à fait distinguée et sera pour l’empereur une fille digne de foi et un sujet loyal". 

Dans cette déclaration, on voit qu’il n’est pas question d’amour, peut-être viendra-t-il plus tard. La princesse remplit simplement les critères d’une future impératrice. Sissi est alors à Londres. Un télégramme arrive. Elle demande à sa dame d’honneur la comtesse Festetics de le lui lire : « Le prince héritier est fiancé avec la princesse Stéphanie de Belgique ». Sissi est horrifiée. Elle s’était déjà opposée à l’idée de ce mariage, qualifiant Stéphanie de « ni chair ni poisson » ! Elle a un mauvais pressentiment. Sans doute pense-t-elle au mariage de son défunt beau-frère Maximilien, l’empereur du Mexique qui avait épousé, lui aussi, une fille du roi des Belges. Un désastre absolu ! 

Elle va néanmoins gagner Bruxelles et tenter de faire bonne figure. Rodolphe et sa fiancée l’attendent sur le quai de la gare. Le contraste est sévère entre la sublime impératrice, si chic dans son ensemble de velours bleu sombre bordé de zibeline, et la malheureuse Stéphanie, mal fagotée dans une tenue qui ne lui va pas et coiffée d’un horrible chapeau blanc. Le pressentiment de Sissi se transforme en certitude : le jeune couple est mal assorti mais de toute façon, il est trop tard pour changer quoi que ce soit…

Rodolphe va faire son dernier voyage de célibataire en Egypte et en Palestine. Accompagné du peintre Pausinger qui illustrera le livre que l’archiduc écrira après son voyage, il est  fasciné par ce périple sur le Nil. Ce voyage, suivi par une découverte de la Terre Sainte de Jérusalem à Bethléem, laissera une empreinte indélébile à l’héritier du trône. 

Le mariage est célébré à Vienne le 15 février 1881, dans l’église des Augustins, la paroisse de la Cour, à 11 heures du matin. C’est un mariage fastueux mais qui ne déclenche pas le même enthousiasme que celui de François-Joseph et Sissi  vingt-sept ans plus tôt. 

Rodolphe et Stéphanie : un semblant d’équilibre conjugal

Pour Rodolphe et Stéphanie, il ne s’agit évidemment pas d’un mariage d’amour. Mais petit à petit le couple va trouver une sorte d’équilibre. Rodolphe admire l’aisance avec laquelle son épouse se comporte dans la vie officielle. Il l’estime sans doute pour cette raison et lui en est reconnaissant. 

Le 2 septembre 1883, Stéphanie donne naissance à une petite fille, Elisabeth, que l’on appellera toute de suite Erzsi. Cela coïncide avec leur installation à la Hofburg après un long séjour à Prague. Pour Stéphanie c’est une consécration, elle va enfin profiter de la vie viennoise. Quant à Rodolphe, il se rapproche alors de Maurice Szeps qui va jouer un rôle considérable dans son évolution politique. Il a pris la direction d’un journal qu’on pourrait qualifier de libéral-démocrate. Cela correspond tout à fait aux idées de l’archiduc qui lutte contre le conformisme et les idées reçues de son père. 

Pendant les années qui suivent, le couple doit faire plusieurs voyages diplomatiques dans les Balkans, en Bulgarie puis à Constantinople chez le sultan Abdul Hamid puis en Roumanie où il est chaleureusement accueilli par le roi Carol 1er et son épouse. En février 1886, Rodolphe tombe gravement malade. Stéphanie et lui se réfugient dans la petite île de  Lacroma, en Adriatique, face à Raguse, aujourd’hui Dubrovnik. Son oncle Maximilien y avait restauré une ancienne abbaye bénédictine. L’endroit est paradisiaque mais leur séjour ne le sera pas. 

En réalité, l’archiduc est atteint d’une grave maladie vénérienne, vraisemblablement une gonorrhée qu’il avait transmise à sa femme. Il souffre horriblement, redoute la syphilis, devient dépressif. Stéphanie réalise alors que si elle ne peut avoir d’autre enfant, c’est à cause de la maladie que lui a transmise son mari. Elle est guérie mais ne peut espérer d’autre maternité. On peut dire que le couple est définitivement fracturé à partir de ce séjour. Leur union ne sera plus qu’une façade.

Rodolphe rencontre Georges Clemenceau

De retour à Vienne, Rodolphe accepte dans la nuit du 22 au 23 décembre 1886 de recevoir secrètement à la Hofburg Georges Clemenceau, à la demande de Maurice Szeps. Celui-ci a prévenu l’archiduc que le Français est un homme-clé dans son pays. Après avoir renversé Jules Ferry, il a soutenu le général Boulanger dans le seul but de réveiller le nationalisme français et l’hostilité franco-allemande. Ce réveil français tombe à un moment où la triple alliance Allemagne-Autriche-Russie est lézardée par la politique extrêmement directive de la Russie dans les Balkans s’opposant à la politique autrichienne dans cette région. 

L’entretien a pour but un potentiel retournement d’alliance. Un rapprochement entre l’Autriche et la France nuirait fortement à l’Empire allemand. Evidemment, Rodolphe est séduit par cette idée mais il n’a aucun pouvoir. Son père s’accroche à l’alliance avec l’Allemagne. C’est seulement en cas de succession qu’il pourrait entraîner un changement de politique. Cette entrevue restera heureusement secrète mais c’est une bombe ! Une terrible provocation contre son père ! Pour se consoler de son impuissance politique, Rodolphe a des dérivatifs, une nouvelle maîtresse et la possibilité d’écrire des articles ravageurs dans la presse d’opposition.

Un archiduc révolté, dépressif et débauché

Malgré l’échec de son couple, Stéphanie est terriblement jalouse. Elle est parfaitement au courant que depuis 1886 son mari a une maîtresse, une femme entretenue appartenant au cheptel d’une entremetteuse connue à Vienne, Mme Wolf. Elle s’appelle Mitzi Kaspar, est une très jolie fille qui fait partie du demi-monde viennois qui anime la vie nocturne de la capitale. Rodolphe vient de lui acheter une maison dans un élégant quartier viennois. Bien entendu, l’empereur est aussi au courant grâce à sa police. 

Parallèlement, Rodolphe fait paraître des articles sulfureux critiquant la politique impériale dans le Wiener Tagblatt, le journal de Maurice Szeps. Il ne signe pas ses chroniques mais bien des gens devinent qu’il en est l’auteur. Toujours à cette époque, il achève les travaux entrepris dans un domaine aux environs de Vienne, au milieu d’un important territoire de chasse de la famille impériale. Le pavillon s’appelle Mayerling, à 36 km de la Hofburg, non loin du village de Baden… 

Marie Vetsera entre dans la vie de Rodolphe

En cet automne 1888, Rodolphe est déprimé. Son mariage est sans issue, il n’a aucun poids politique en Autriche. Sa maladie vénérienne le ronge, il se soigne mais est fatigué et découragé. De plus, il s’inquiète : ses amis hongrois l’ont prévenu qu’un projet de loi doit être voté au début de l’année suivante, qui fera de l’allemand la langue obligatoire pour l’armée hongroise. Rodolphe considère que c’est une brimade inutile contre la Hongrie et soutient les opposants à cette loi. 

Au même moment, sa cousine Marie Larisch, nièce de Sissi, arrive à Vienne et s’installe au Grand Hôtel pour quelques semaines. Elle a brièvement été sa maîtresse. Un peu à l’écart de la Cour car son père a fait un mariage inégal, elle cherche à regagner les faveurs de l’archiduc héritier. Elle se rend souvent déjeuner chez son amie la baronne Vetsera, d’une très riche famille levantine d’origine grecque. 

Hélène Vetsera a pignon sur rue à Vienne mais n’a pas de titre suffisant pour être reçue à la Cour. Ambitieuse, elle intrigue beaucoup pour y  parvenir. A ce déjeuner, est présente sa plus jeune fille, Marie. Cette très jolie brune de 17 ans révèle alors sa passion pour le prince héritier qu’elle a aperçu aux courses et au théâtre. Marie Larisch saisit l’occasion : elle va présenter Marie à Rodolphe ! Elle est sûre que l’archiduc lui en sera reconnaissant…  

Une rencontre est organisée au Prater. Marie, déjà follement amoureuse, ne rêve plus que de revoir le prince héritier. Les rendez-vous sont organisés par Larisch. Le fiacre banalisé du fidèle cocher Bratfisch emmène Marie jusqu’à la Hofburg. Elle y entre par une porte dérobée et le non moins fidèle valet Loschek conduit la jeune fille aux appartements de célibataire  du prince qu’il a gardés depuis son mariage… Il y aura peu de rendez-vous. 

Marie dévoile sa passion à toutes ses amies dans des lettres. On ne sait rien des sentiments de Rodolphe. Il est sans doute amoureux d’elle mais rien ne le prouve vraiment. Pleine de charme et de tendresse, il a sans doute besoin d’elle. La liaison reste discrète jusqu’au fameux bal donné par le prince Reuss à l’Ambassade d’Allemagne, en l’honneur de l’anniversaire de Guillaume II. François-Joseph y assiste ainsi que Rodolphe et son épouse. La comtesse Larisch a fait inviter la famille Vetsera. C’est ce soir-là que Marie refusera de faire une révérence au passage de Stéphanie, l’épouse de Rodolphe. 

Cet incident a fait couler beaucoup d’encre. C’est la comtesse Larisch elle-même qui l’a raconté mais comme elle ment souvent, on n’est pas du tout certain qu’il ait eu lieu. Ce qui est établi en revanche, c’est que le 28 janvier 1889, Marie Vetsera  quitte l’appartement familial, monte dans le fiacre de Bratfisch et va rejoindre Rodolphe dans son pavillon à Mayerling.

Le prince héritier donne le lendemain une chasse à laquelle assistent son ami le comte Hoyos et son beau-frère Philippe de Cobourg. Mary n’apparaît pas, elle reste enfermée dans sa chambre. Le 29 janvier, Rodolphe, enrhumé, reste dans le pavillon pendant que ses invités chassent. Quand Philippe de Cobourg revient, l’archiduc annonce à son beau-frère qu’il ne rentrera pas à Vienne le soir pour assister au dîner familial donné pour les fiançailles de sa sœur, Marie-Valérie, avec l’archiduc François-Salvator. Il demande à Philippe de Cobourg de remettre une lettre à son épouse Stéphanie. Dans cette lettre, il s’excuse de ne pouvoir être présent en raison d’un refroidissement. 

Philippe regagne Vienne, Hoyos reste à Mayerling. C’est le lendemain matin que le valet de chambre Loschek découvre la tragédie que je vous ai racontée au début de ce récit. Que s’est-il passé à l’aube de ce 30 janvier 1889 ? 

L’impératrice Zita a affirmé que Rodolphe avait été assassiné pour des raisons politiques, sans doute pas à cause de la Hongrie, elle y voit davantage la main de l’Allemagne. Il dérangeait, son père vieillissait. Si l’archiduc arrivait au pouvoir, c'eût été une catastrophe pour l’Allemagne. On peut aussi rappeler qu’en Autriche un parti catholique, très pro allemand, était opposé aux idées de l’archiduc.

Pour confirmer la thèse de l’assassinat, il y a deux preuves apparentes. Lorsque le corps de l’archiduc est présenté à la famille et à la foule qui va défiler à la Hofburg, on remarque que le haut de sa tête est couvert de bandages et non la tempe où aurait dû se trouver la blessure. D’autre part, ses mains jointes sont gantées, ce qui est contraire au protocole. Sa sœur Marie-Valérie les a touchées : elle a constaté qu’il y avait du coton à la place des doigts. Elle y voit la preuve que son frère aurait été agressé et se serait battu contre ses assassins. Marie Vetsera, témoin gênant, se serait réfugiée dans un grand panier à linge et aurait été frappée au sommet du crâne. 

On n’a aucune preuve matérielle de cette tuerie. La seule manière d’obtenir la vérité serait d’ouvrir le cercueil dans lequel repose Rodolphe dans la Crypte des Capucins et d’observer l’état de son crâne et de ses mains. Evidemment, cela n’arrivera jamais. Marie Vetsera a-t-elle péri parce qu’elle était un témoin gênant ? Rodolphe avait-il des secrets que l’on ignore toujours ? La tragédie de Mayerling restera sans doute définitivement une énigme… 

"Au cœur de l’Histoire" est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars
Production : Timothée Magot
Réalisation : Jean-François Bussière  
Diffusion et édition : Clémence Olivier et Salomé Journo 
Graphisme : Karelle Villais

Ressources bibliographiques :

Jean des Cars, Rodolphe et les secrets de Mayerling (Perrin, 2004, nombreuses rééditions)