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Société
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Elizabeth II, l’impopularité et la reconquête (partie 2)

[1997-2000] Après le décès brutal de la princesse Diana, le Royaume-Uni et le monde sont sous le choc. Mais Elizabeth II tarde à réagir… Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'Histoire", Jean des Cars revient sur ce moment de très grande tension entre la reine et ses sujets, et vous raconte comment elle est finalement parvenue à reconquérir son peuple. Après la nuit tragique du 30 août 1997, Elizabeth II et le duc d'Edimbourg se confinent à Balmoral durant six longs jours avec les princes William et Harry. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire" , Jean des Cars revient sur ce silence pudique, devenu une véritable faute politique, et décrit la prise de conscience progressive de la reine que cette épreuve a finalement rapprochée de son peuple. Du déni à la prise de conscienceAlors que le monde entier, stupéfait et bouleversé par la mort brutale de la princesse de Galles suit, à la télévision, des reportages en boucle sur la vie de Diana, la reine Elizabeth II fait disparaître tous les téléviseurs du château de Balmoral, sauf un dans sa propre chambre mais il restera éteint. Par cette réaction, elle veut protéger ses deux petits-fils. Elle ne veut pas qu’ils voient les horribles images de la tragédie du Pont de l’Alma ni celles de leur mère rayonnante et pleine de vie. Elle a raison. William et Harry sont déjà assez bouleversés pour ne pas ajouter de l’horreur au chagrin. Mais en prenant cette décision, Elizabeth II et Philip vont se couper du monde et de l’émotion ressentie au niveau planétaire, et plus encore par leurs propres sujets. Bien sûr, eux aussi ont été touchés par la mort de Diana à seulement 36 ans.Mais pour Elizabeth II, il ne s’agit "que" d’un deuil familial. Diana n’était "que" son ex-belle-fille. Elle n’était plus Altesse Royale, il n’y a donc aucune raison de mettre les drapeaux en berne. La souveraine envisage un enterrement en petit comité, et l’inhumation de Diana, dans le carré royal de Frogmore, non loin des tombes du duc et de la duchesse de Windsor.Avant de partir pour Paris, Charles demande à la gouvernante Tiggy Legge-Bourke de se rendre d’urgence à Balmoral, pour tenter de gérer la douleur des enfants. De même, la princesse Anne arrive à Balmoral avec son fils Peter, 20 ans, et sa fille Zara qui en a 16. Elle pense qu’ils seront un secours pour leurs cousins. Il faut rappeler que William et Harry ont respectivement 15 et 13 ans.Ce cocon familial, si nécessaire soit-il, empêche la souveraine de mesurer l’ampleur de l’émotion mondiale et de la réponse attendue. Le comportement de la famille royale, accusée de se confiner à Balmoral, déchaîne les foudres de la presse et d’une grande partie de la population. Un grand quotidien titre : "Où est notre reine ?". Il faudra toute l’énergie et l’obstination du Premier ministre Tony Blair et du prince Charles pour convaincre Elizabeth de rentrer d’urgence à Londres afin de manifester sa compassion, faire mettre les drapeaux en berne et prévoir des obsèques solennelles. Là-bas, une foule immense vient déposer des montagnes de fleurs sur les grilles de Buckingham Palace. Du jamais vu ! Il y en a aussi devant les grilles de Balmoral. La reine consent enfin à ce que le drapeau au-dessus de Buckingham Palace, qui n’était pas hissé puisqu’elle était absente, soit enfin visible et mis en berne. Ce n’est que le 5 septembre, après six jours d’un silence devenu une faute politique, que le couple royal revient à Londres. Et il était temps, car entre-temps, le chagrin s’est transformé en colère… La foule commence à brandir des pancartes sur lesquelles on peut lire "Windsor assassins". Les excès de la colère… A peine arrivés à Buckingham Palace, la reine et son mari se livrent à un exercice périlleux et inédit : ils sortent à pied du palais et franchissent les grilles qui disparaissent sous les fleurs. La foule, silencieuse, est hostile. Néanmoins, Elizabeth et Philip font preuve de courage. Ils restent là un moment, lisant les cartons et messages qui accompagnent les fleurs. Ils tentent même un dialogue avec la foule désemparée. A la demande du Premier ministre, le prince Charles a insisté auprès de sa mère pour qu’elle se livre à un deuxième exercice, tout aussi périlleux : une déclaration télévisée depuis le palais en hommage à son ex-belle-fille.Vêtue de noir, lunettes sur le nez (ce qui est très rare) avec, à l’arrière plan, la foule qui se presse encore devant les grilles du palais, la reine déclare : "La princesse de Galles était un être exceptionnel et doué… Je l’admirais et la respectais pour son énergie et son engagement envers les autres… Quiconque a connu Diana ne l’oubliera jamais. En ce qui me concerne, je crois qu’il y a des leçons à tirer de sa vie, et de l’extraordinaire et émouvante réaction à sa mort."Elizabeth II veut montrer qu’elle reconnaît son erreur. Ce faisant, elle tente de sauver l’image royale, gravement atteinte par cet épisode.Les obsèques de DianaSur le plan logistique, les obsèques solennelles de Diana ne posent pas un grand problème. Les funérailles de la Reine mère Elizabeth sont prévues depuis longtemps. C’est ce cérémonial que l’on appliquera pour celles de Diana. Sur la composition du cortège, ce sont les communicants du Premier ministre qui prennent le relais. Ils veulent en faire un spectacle bouleversant et imposer aux deux enfants de suivre à pieds le cercueil de leur mère. Le prince Philip s’oppose à ce supplice infligé à des enfants déjà très traumatisés. Il n’obtiendra pas gain de cause mais William, lui aussi, refuse. Il finit par accepter, à condition que son grand-père soit à ses côtés. On verra donc, derrière le cercueil de Diana, le duc d’Edimbourg, William, le comte Spencer, frère de Diana, Harry et le prince Charles. Tout au long de ce pénible trajet d’environ un kilomètre et demi entre le palais de Saint-James où le cercueil avait été déposé et l’abbaye de Westminster, Philip ne cesse de parler à voix basse à William pour le soutenir.Ce samedi 6 septembre 1997, une foule immense est massée le long du trajet, et deux milliards de téléspectateurs suivent la cérémonie. Dans l’abbaye, l’assemblée est à l’image de la princesse défunte. Il y a des stars, de Tom Cruise à Steven Spielberg, de Karl Lagerfeld à John Galliano. Pas de chefs d’Etat, mais certaines épouses de dirigeants se sont déplacées, comme Hillary Clinton, Bernadette Chirac et Suzanne Moubarak. Elton John, grand ami de la princesse, chante pour elle "Candle in the wind".Mais le moment fort de cette cérémonie est le terrible discours prononcé par le frère de Diana, le comte Charles Spencer. Il ne rend pas un hommage à sa sœur "sensible, belle, pleine d’humour et de joie de vivre". Il se livre à un véritable réquisitoire et s’en prend, successivement, à la presse et aux Windsor, déclarant vouloir préserver ses neveux de l’absence d’humanité dont il vient d’être témoin.L’émotion est si forte qu’il est applaudi à l’intérieur de la cathédrale, tout comme à l’extérieur où des haut-parleurs retransmettent l’office. Un camouflet terrible pour la famille royale ! Les funérailles de Diana se sont transformées en règlements de comptes et en procès. Charles Spencer a oublié que les torts étaient largement partagés… Après la cérémonie, Diana n’est pas inhumée à Windsor mais à Althorp House, le fief des Spencer, au nord de Londres. Elle repose dans un caveau aménagé sur un île, au milieu d’un étang.Elizabeth II tente de reprendre la main Pour la reine et la famille royale, les obsèques de Diana ont certainement été un calvaire. Elizabeth II va néanmoins tenter de renouer avec la confiance et l’estime populaires. Et le calendrier va l’y aider… Le 20 novembre 1997, dans cette même abbaye de Westminster, la souveraine et le duc d’Edimbourg célèbrent leurs noces d’or, cinquante ans de mariage. C’est un événement heureux pour tenter de faire oublier la gifle subie, deux mois et demi plus tôt, au même endroit. L’Europe couronnée s’est déplacée pour assister au service d’action de grâces du couple. Les souverains belges, Albert II et Paola, accompagnés de la reine Fabiola, la reine Margrethe II de Danemark, son époux et leur fils aîné, le grand-duc de Luxembourg et sa famille, les dynasties régnantes de Suède et de Norvège. Même l’ex-roi Michel de Roumanie, qui était le seul ayant assisté au mariage d’Elizabeth et Philip en 1947 où il avait rencontré sa future épouse, Anne de Bourbon Parme, est venu. La solidarité monarchique européenne s’est manifestée. Elizabeth II apparaît épanouie. Tous ses enfants et petits-enfants sont là, y compris William et Harry.Après la cérémonie, la reine et Philip se rendent à pied au 10, Downing Street, chez le Premier ministre, Tony Blair. C’est une démarche exceptionnelle. Il les attend pour les féliciter. Elizabeth II s’arrête souvent et sourit. La foule l’applaudit ! Une belle revanche. Après un "drink" chez le chef du gouvernement, un dîner est donné à Guild Hall, dans la salle des banquets, pour plus de trois cents invités, dont le couple Blair. Elizabeth y prononce un discours dans lequel elle rend hommage à son époux : "Il a simplement été ma force pendant toutes ces années et il le demeure. Et moi et sa famille entière et ce pays et beaucoup d’autres, nous lui devons plus qu’il ne le dira jamais. Beaucoup trop fréquemment, je le crains, le prince Philip a dû m’écouter parler. Nous avons souvent discuté ensemble de mes discours. Comme vous l’imaginez, ses opinions ont toujours été exprimées avec la plus grande franchise."L’humour est toujours à l’honneur chez les Windsor.Un autre événement, plus surprenant, contribue au retour en grâce de la reine. Un mois après la célébration des noces d’or, la famille royale assiste, à Portsmouth, au désarmement du Britannia qui coûtait trop cher au contribuable britannique (la bagatelle de 60 millions de livres par an). Elizabeth et Philip sont particulièrement touchés. Ce bateau, c’est la seule demeure qu’ils ont jamais construite. Peut-être leur vrai "chez eux". Il a accompagné toute leur vie, depuis les voyages au bout du monde jusqu’aux croisières familiales d’été pour se rendre en Ecosse. Ces images se bousculent certainement dans la tête de la souveraine au moment de faire ses adieux à ce yacht qu’elle avait elle-même inauguré 44 ans auparavant. Et à ce moment-là, l’impensable va se produire. L’espace d’un instant, on la voit, ensemble rouge vif, le regard dans le vague, essuyer, sous ses lunettes, une larme de sa main gauche, couverte d’un gant noir. Est-ce la fameuse leçon de la mort de Diana ? Le poids des souvenirs et des sentiments ? Celui des années, des échecs et des tragédies qui se sont enchaînés depuis l’Annus Horribilis ? On ne saurait le dire avec certitude. Mais ce 11 décembre 1997, pour la première fois de son existence, Elizabeth II, reine du Royaume-Uni, manifeste son émotion publiquement.  Ressources bibliographiques : Sarah Bradford, Elizabeth II (Penguin Books, nouvelle édition 2002)William Shawcross, Queen Elizabeth the Queen Mother (Pan Books, 2009)Sarah Bradford, George VI (Penguin Books, 1989)Jean des Cars, Elizabeth II, la Reine (Perrin, 2018)  Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , Google podcasts, Deezer, Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute.>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1    "Au cœur de l’Histoire" est un podcast Europe 1 Studio Auteur et présentation : Jean des Cars Production, diffusion et édition : Timothée Magot Réalisation : Jean-François BussièreGraphisme : Karelle Villais    

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[1/2] Le canular Léo Taxil : la Franc-Maçonnerie et le culte de Lucifer

[1/2] Le canular Léo Taxil : la Franc-Maçonnerie et le culte de Lucifer

Virginie Girod raconte l'affaire Léo Taxil, un canular d'ampleur digne des fake news d'aujourd'hui, monté par un journaliste antimaçon à la fin du XIXe siècle.<br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Léo Taxil (1854-1907), journaliste anticlérical adepte des coups d'éclats, intègre la Franc-Maçonnerie, organisation fondée au XVIIIe siècle, en Angleterre. Mais il est rapidement exclu de cette société discrète pour avoir produit des faux. Dès lors, Léo Taxil annonce son retour dans le giron de l'Eglise et devient un antimaçon fervent, fomentant bientôt un canular d'ampleur dans le but de se venger.

17 février 2025 - 15 min

[2/2] Le canular Léo Taxil : la Franc-Maçonnerie et le culte de Lucifer

[2/2] Le canular Léo Taxil : la Franc-Maçonnerie et le culte de Lucifer

Virginie Girod raconte l'affaire Léo Taxil, un canular d'ampleur digne des fake news d'aujourd'hui, monté par un journaliste antimaçon à la fin du XIXe siècle.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Léo Taxil part en croisade contre la Franc-Maçonnerie, dont il a été exclu. À travers une série de publications, le journaliste prétend révéler les secrets de cette organisation discrète. Il accuse notamment ses membres de vouer un culte à Lucifer et devient un grand nom de l'antimaçonnisme. Mais en 1897, Léo Taxil passe aux aveux : tout n'était que supercherie.

17 février 2025 - 12 min

[1/2] Le canular Léo Taxil : la Franc-Maçonnerie et le culte de Lucifer

TEASER - Au cœur de la Franc-Maçonnerie

Que vous évoquent la loge, le tablier, le compas ou l'obédience ? Ce sont autant de symboles d’une institution qui suscite de nombreux fantasmes depuis sa fondation, au XVIIIe siècle : vous avez peut-être reconnu la Franc-Maçonnerie ! <br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, Virginie Girod vous emmène en immersion au siège du Grand Orient de France, la plus grande obédience de la Franc-Maçonnerie de l’hexagone. Au programme, découverte du musée de la Franc-Maçonnerie et visites exclusives des temples francs-maçons où les loges se réunissent pour leurs fameuses tenues, leurs réunions secrètes.

16 février 2025 - 01 min

ENTRETIEN - Qu'est-ce que l'amour courtois au Moyen-Âge ?

ENTRETIEN - Qu'est-ce que l'amour courtois au Moyen-Âge ?

Au Moyen-Âge, la production littéraire regorge de récits faisant la part belle à l’amour. Poèmes, romans et troubadours forgent un idéal : celui de l’amour courtois.<br /> <br /> Dans ces récits, l’on croise des chevaliers, comme Lancelot ou Tristan, éperdument épris d’une dame. Leur amour est transgressif, adultère, forgé à l'extérieur du cadre marital. Mais l’idéal amoureux survit-il, une fois les manuscrits refermés ? Qu’avons nous à apprendre de cet amour idéalisé du Moyen-Âge ? <br /> <br /> Pour en parler, Virginie Girod reçoit l’historien Emanuele Arioli. Médiéviste, il est archiviste paléographe et directeur de recherches à l'Université autonome de Barcelone.

15 février 2025 - 17 min

Jane Austen, le choix du célibat

Jane Austen, le choix du célibat

Pour la Saint-Valentin, Virginie Girod raconte le destin de Jane Austen, écrivaine de l'amour et du mariage, dont les livres figurent toujours, deux siècles après sa mort, en bonne place dans nos bibliothèques. <br /> <br /> Issue de gentry, la petite noblesse anglaise, Jane Austen (1775-1817) se distingue des femmes de son milieu et de son temps par son refus de contracter un mariage sans amour. L'écrivaine retranscrit sa vision du mariage dans les nombreux romans qu'elle rédige. Elizabeth Bennet, l'héroïne d'Orgueil et préjugés, ne privilégie-t-elle pas, tout comme sa créatrice, les sentiments à la raison ? Mais dans la réalité, Jane Austen ne rencontre pas l'équivalent du fameux Darcy, l'époux fictif d'Elizabeth Bennet, et fera le choix du célibat.

14 février 2025 - 15 min

Henri III, le dernier des Valois

Henri III, le dernier des Valois

Virginie Girod raconte le règne d'Henri III, dernier souverain issu de la dynastie des Valois. <br /> <br /> En 1574, à la mort de Charles IX, son frère cadet hérite de la couronne de France. Troisième fils de Catherine de Médicis montant sur le trône, Henri III (1551-1589) est sacré le 13 février 1575, en la cathédrale de Reims. Héritant d'un royaume déchiré par les guerres de religion, il ne parvient pas à installer la paix entre catholiques et protestants. Son règne est notamment marqué par la "guerre des trois Henri", qui voit s'opposer le roi, Henri de Navarre - futur Henri IV - et Henri de Guise, chef de la Ligue. En 1589, Henri III est assassiné par un moine fanatique.

13 février 2025 - 13 min

ENTRETIEN - Crimes et psychose à la Belle Époque

ENTRETIEN - Crimes et psychose à la Belle Époque

À partir de 1871, après la fin de la guerre franco-prussienne, la France connaît période de paix longue de quatre décennies. Durant cette période que l'on surnommera plus tard la "Belle Époque", le pays est marqué par l’essor industriel et les progrès techniques. <br /> <br /> Pourtant, cette prospérité est entachée par une peur, celle du crime. Dans des villes en pleine croissance, la violence s’intensifie et se transforme en crimes organisés. Une angoisse nourrie par la presse populaire, qui reprend les méfaits sans ménagement pour en faire leurs choux gras…<br /> <br /> Pour tout comprendre de cette psychose criminelle à la Belle Époque, Virginie Girod reçoit Bruno Fuligni, historien et auteur d’une trentaine de livres sur l’histoire politique et les secrets d’État.

12 février 2025 - 19 min

HOMMAGE - Entretien avec Martin Aurell, grand historien du Moyen-Âge

HOMMAGE - Entretien avec Martin Aurell, grand historien du Moyen-Âge

L'équipe d'Au cœur de l'Histoire a appris avec tristesse la disparition de l'historien Martin Aurell. Grand spécialiste du Moyen-Âge, Martin Aurell était un savant d'une humilité rare, marquant ses interlocuteurs par sa gentillesse et son souci de transmettre. <br /> <br /> En novembre dernier, il était intervenu au micro de Virginie Girod afin de déconstruire les idées reçues sur sa période de prédilection. Nous rediffusons cet épisode pour lui rendre hommage.

11 février 2025 - 20 min

[2/2] Landru : enquête de police et féminicides

[2/2] Landru : enquête de police et féminicides

Virginie Girod raconte les crimes du tueur en série Henri Désiré Landru (1869-1922), ayant défrayé la chronique au début du XXe siècle. <br /> <br /> Dans le deuxième épisode de ce double récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Henri Désiré Landru (1869-1922) est arrêté en avril 1919, suspecté d'avoir assassiné plusieurs femmes. Dans sa maison de Gambais, dans les Yvelines, les enquêteurs s'intéressent à une cuisinière, dans laquelle sont retrouvés des dizaines de morceaux d'os humains. Quelques mois plus tard, le procès du "Barbe-Bleue de Gambais" fait les choux gras des journaux. En février 1922, Landru est exécuté à la prison de Versailles. Il aura fait 11 victimes.

10 février 2025 - 11 min

[1/2] Landru : enquête de police et féminicides

[1/2] Landru : enquête de police et féminicides

Virginie Girod raconte les crimes d'Henri Désiré Landru (1869-1922), célèbre tueur en série du XXe siècle.<br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Landru, établi à Gambais, dans l'Ouest parisien, multiplie les petites escroqueries et effectue quelques séjours en prison. Parallèlement, à Paris, l'inspecteur Jules Belin traite plusieurs affaires de disparitions suspectes : deux veuves se sont volatilisées. Son enquête le met sur les traces de Landru. En avril 1919, ce dernier est arrêté pour assassinats.<br />

10 février 2025 - 15 min

À propos

[1997-2000] Après le décès brutal de la princesse Diana, le Royaume-Uni et le monde sont sous le choc. Mais Elizabeth II tarde à réagir… Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'Histoire", Jean des Cars revient sur ce moment de très grande tension entre la reine et ses sujets, et vous raconte comment elle est finalement parvenue à reconquérir son peuple. 


Après la nuit tragique du 30 août 1997, Elizabeth II et le duc d'Edimbourg se confinent à Balmoral durant six longs jours avec les princes William et Harry. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire" , Jean des Cars revient sur ce silence pudique, devenu une véritable faute politique, et décrit la prise de conscience progressive de la reine que cette épreuve a finalement rapprochée de son peuple. 

Du déni à la prise de conscience

Alors que le monde entier, stupéfait et bouleversé par la mort brutale de la princesse de Galles suit, à la télévision, des reportages en boucle sur la vie de Diana, la reine Elizabeth II fait disparaître tous les téléviseurs du château de Balmoral, sauf un dans sa propre chambre mais il restera éteint. 

Par cette réaction, elle veut protéger ses deux petits-fils. Elle ne veut pas qu’ils voient les horribles images de la tragédie du Pont de l’Alma ni celles de leur mère rayonnante et pleine de vie. Elle a raison. William et Harry sont déjà assez bouleversés pour ne pas ajouter de l’horreur au chagrin. Mais en prenant cette décision, Elizabeth II et Philip vont se couper du monde et de l’émotion ressentie au niveau planétaire, et plus encore par leurs propres sujets. Bien sûr, eux aussi ont été touchés par la mort de Diana à seulement 36 ans.

Mais pour Elizabeth II, il ne s’agit "que" d’un deuil familial. Diana n’était "que" son ex-belle-fille. Elle n’était plus Altesse Royale, il n’y a donc aucune raison de mettre les drapeaux en berne. La souveraine envisage un enterrement en petit comité, et l’inhumation de Diana, dans le carré royal de Frogmore, non loin des tombes du duc et de la duchesse de Windsor.

Avant de partir pour Paris, Charles demande à la gouvernante Tiggy Legge-Bourke de se rendre d’urgence à Balmoral, pour tenter de gérer la douleur des enfants. De même, la princesse Anne arrive à Balmoral avec son fils Peter, 20 ans, et sa fille Zara qui en a 16. Elle pense qu’ils seront un secours pour leurs cousins. Il faut rappeler que William et Harry ont respectivement 15 et 13 ans.

Ce cocon familial, si nécessaire soit-il, empêche la souveraine de mesurer l’ampleur de l’émotion mondiale et de la réponse attendue. Le comportement de la famille royale, accusée de se confiner à Balmoral, déchaîne les foudres de la presse et d’une grande partie de la population. Un grand quotidien titre : "Où est notre reine ?". Il faudra toute l’énergie et l’obstination du Premier ministre Tony Blair et du prince Charles pour convaincre Elizabeth de rentrer d’urgence à Londres afin de manifester sa compassion, faire mettre les drapeaux en berne et prévoir des obsèques solennelles. 

Là-bas, une foule immense vient déposer des montagnes de fleurs sur les grilles de Buckingham Palace. Du jamais vu ! Il y en a aussi devant les grilles de Balmoral. La reine consent enfin à ce que le drapeau au-dessus de Buckingham Palace, qui n’était pas hissé puisqu’elle était absente, soit enfin visible et mis en berne. Ce n’est que le 5 septembre, après six jours d’un silence devenu une faute politique, que le couple royal revient à Londres. Et il était temps, car entre-temps, le chagrin s’est transformé en colère… La foule commence à brandir des pancartes sur lesquelles on peut lire "Windsor assassins". Les excès de la colère… 

A peine arrivés à Buckingham Palace, la reine et son mari se livrent à un exercice périlleux et inédit : ils sortent à pied du palais et franchissent les grilles qui disparaissent sous les fleurs. La foule, silencieuse, est hostile. Néanmoins, Elizabeth et Philip font preuve de courage. Ils restent là un moment, lisant les cartons et messages qui accompagnent les fleurs. Ils tentent même un dialogue avec la foule désemparée. A la demande du Premier ministre, le prince Charles a insisté auprès de sa mère pour qu’elle se livre à un deuxième exercice, tout aussi périlleux : une déclaration télévisée depuis le palais en hommage à son ex-belle-fille.

Vêtue de noir, lunettes sur le nez (ce qui est très rare) avec, à l’arrière plan, la foule qui se presse encore devant les grilles du palais, la reine déclare : "La princesse de Galles était un être exceptionnel et doué… Je l’admirais et la respectais pour son énergie et son engagement envers les autres… Quiconque a connu Diana ne l’oubliera jamais. En ce qui me concerne, je crois qu’il y a des leçons à tirer de sa vie, et de l’extraordinaire et émouvante réaction à sa mort."

Elizabeth II veut montrer qu’elle reconnaît son erreur. Ce faisant, elle tente de sauver l’image royale, gravement atteinte par cet épisode.

Les obsèques de Diana

Sur le plan logistique, les obsèques solennelles de Diana ne posent pas un grand problème. Les funérailles de la Reine mère Elizabeth sont prévues depuis longtemps. C’est ce cérémonial que l’on appliquera pour celles de Diana. Sur la composition du cortège, ce sont les communicants du Premier ministre qui prennent le relais. Ils veulent en faire un spectacle bouleversant et imposer aux deux enfants de suivre à pieds le cercueil de leur mère. 

Le prince Philip s’oppose à ce supplice infligé à des enfants déjà très traumatisés. Il n’obtiendra pas gain de cause mais William, lui aussi, refuse. Il finit par accepter, à condition que son grand-père soit à ses côtés. On verra donc, derrière le cercueil de Diana, le duc d’Edimbourg, William, le comte Spencer, frère de Diana, Harry et le prince Charles. Tout au long de ce pénible trajet d’environ un kilomètre et demi entre le palais de Saint-James où le cercueil avait été déposé et l’abbaye de Westminster, Philip ne cesse de parler à voix basse à William pour le soutenir.

Ce samedi 6 septembre 1997, une foule immense est massée le long du trajet, et deux milliards de téléspectateurs suivent la cérémonie. Dans l’abbaye, l’assemblée est à l’image de la princesse défunte. Il y a des stars, de Tom Cruise à Steven Spielberg, de Karl Lagerfeld à John Galliano. Pas de chefs d’Etat, mais certaines épouses de dirigeants se sont déplacées, comme Hillary Clinton, Bernadette Chirac et Suzanne Moubarak. Elton John, grand ami de la princesse, chante pour elle "Candle in the wind".

Mais le moment fort de cette cérémonie est le terrible discours prononcé par le frère de Diana, le comte Charles Spencer. Il ne rend pas un hommage à sa sœur "sensible, belle, pleine d’humour et de joie de vivre". Il se livre à un véritable réquisitoire et s’en prend, successivement, à la presse et aux Windsor, déclarant vouloir préserver ses neveux de l’absence d’humanité dont il vient d’être témoin.

L’émotion est si forte qu’il est applaudi à l’intérieur de la cathédrale, tout comme à l’extérieur où des haut-parleurs retransmettent l’office. Un camouflet terrible pour la famille royale ! Les funérailles de Diana se sont transformées en règlements de comptes et en procès. Charles Spencer a oublié que les torts étaient largement partagés… 

Après la cérémonie, Diana n’est pas inhumée à Windsor mais à Althorp House, le fief des Spencer, au nord de Londres. Elle repose dans un caveau aménagé sur un île, au milieu d’un étang.

Elizabeth II tente de reprendre la main 

Pour la reine et la famille royale, les obsèques de Diana ont certainement été un calvaire. Elizabeth II va néanmoins tenter de renouer avec la confiance et l’estime populaires. Et le calendrier va l’y aider… Le 20 novembre 1997, dans cette même abbaye de Westminster, la souveraine et le duc d’Edimbourg célèbrent leurs noces d’or, cinquante ans de mariage. C’est un événement heureux pour tenter de faire oublier la gifle subie, deux mois et demi plus tôt, au même endroit. 

L’Europe couronnée s’est déplacée pour assister au service d’action de grâces du couple. Les souverains belges, Albert II et Paola, accompagnés de la reine Fabiola, la reine Margrethe II de Danemark, son époux et leur fils aîné, le grand-duc de Luxembourg et sa famille, les dynasties régnantes de Suède et de Norvège. Même l’ex-roi Michel de Roumanie, qui était le seul ayant assisté au mariage d’Elizabeth et Philip en 1947 où il avait rencontré sa future épouse, Anne de Bourbon Parme, est venu. La solidarité monarchique européenne s’est manifestée. Elizabeth II apparaît épanouie. Tous ses enfants et petits-enfants sont là, y compris William et Harry.

Après la cérémonie, la reine et Philip se rendent à pied au 10, Downing Street, chez le Premier ministre, Tony Blair. C’est une démarche exceptionnelle. Il les attend pour les féliciter. Elizabeth II s’arrête souvent et sourit. La foule l’applaudit ! Une belle revanche. Après un "drink" chez le chef du gouvernement, un dîner est donné à Guild Hall, dans la salle des banquets, pour plus de trois cents invités, dont le couple Blair. Elizabeth y prononce un discours dans lequel elle rend hommage à son époux : "Il a simplement été ma force pendant toutes ces années et il le demeure. Et moi et sa famille entière et ce pays et beaucoup d’autres, nous lui devons plus qu’il ne le dira jamais. Beaucoup trop fréquemment, je le crains, le prince Philip a dû m’écouter parler. Nous avons souvent discuté ensemble de mes discours. Comme vous l’imaginez, ses opinions ont toujours été exprimées avec la plus grande franchise."

L’humour est toujours à l’honneur chez les Windsor.

Un autre événement, plus surprenant, contribue au retour en grâce de la reine. Un mois après la célébration des noces d’or, la famille royale assiste, à Portsmouth, au désarmement du Britannia qui coûtait trop cher au contribuable britannique (la bagatelle de 60 millions de livres par an). 

Elizabeth et Philip sont particulièrement touchés. Ce bateau, c’est la seule demeure qu’ils ont jamais construite. Peut-être leur vrai "chez eux". Il a accompagné toute leur vie, depuis les voyages au bout du monde jusqu’aux croisières familiales d’été pour se rendre en Ecosse. Ces images se bousculent certainement dans la tête de la souveraine au moment de faire ses adieux à ce yacht qu’elle avait elle-même inauguré 44 ans auparavant. 

Et à ce moment-là, l’impensable va se produire. L’espace d’un instant, on la voit, ensemble rouge vif, le regard dans le vague, essuyer, sous ses lunettes, une larme de sa main gauche, couverte d’un gant noir. Est-ce la fameuse leçon de la mort de Diana ? Le poids des souvenirs et des sentiments ? Celui des années, des échecs et des tragédies qui se sont enchaînés depuis l’Annus Horribilis ? On ne saurait le dire avec certitude. Mais ce 11 décembre 1997, pour la première fois de son existence, Elizabeth II, reine du Royaume-Uni, manifeste son émotion publiquement. 

 

Ressources bibliographiques : 

Sarah Bradford, Elizabeth II (Penguin Books, nouvelle édition 2002)

William Shawcross, Queen Elizabeth the Queen Mother (Pan Books, 2009)

Sarah Bradford, George VI (Penguin Books, 1989)

Jean des Cars, Elizabeth II, la Reine (Perrin, 2018)

 

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Europe 1 Matin

Dimitri Pavlenko

Deux heures de direct à l'écoute de celles et ceux qui font le monde : le raconter, le décrypter et l'analyser pour donner des clés de lecture et de compréhension aux auditeurs.

Pascal Praud et vous
Société

Pascal Praud et vous

Pascal Praud

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Une émission durant laquelle VOUS avez la parole. Vous pouvez réagir en appelant le 01.80.20.39.21 (appel non surtaxé) ou sur les réseaux sociaux d'Europe 1 (Facebook , X et Instagram).

Ça fait débat
Société

Europe 1 soir week-end

Pascale de La Tour du Pin

Entourée des journalistes de la rédaction d'Europe 1 et de ses invités, Pascale de La Tour du Pin analyse, mène les débats et remet en perspective les dernières actualités.

 Destins Extraordinaires - Dalida
Société

Les plus grandes vedettes françaises et internationales sont à l’honneur dans cette série de podcasts. A travers des récits inédits, des interviews exclusives et les archives exceptionnelles d’Europe 1, replongez dans les « destins extraordinaires » parfois semés d’obstacles mais toujours couronnés de succès de ces icônes légendaires qui ont marqué des générations entières.

Europe 1 Nuit
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Europe 1 Nuit

Maël Hassani

Tous les soirs, Maël Hassani vous livre le concentré de l'actualité du jour, tout en gardant un œil sur les événements à venir avec les Unes de la presse du lendemain.

Au coeur du crime
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"Au Cœur du Crime" vous propose de (re)découvrir en podcast des anciennes séries policières. Chaque mardi et chaque vendredi, écoutez un nouvel épisode intense et immersif ”Crime Story”, inspiré des grands romans policiers anglo-saxons et incarné par la célèbre voix de Serge Sauvion, doubleur de l’acteur Peter Falk. Chaque dimanche, vous retrouverez désormais “le siffleur”. Cette série policière diffusée sur Europe 1 dans les années 60, met en scène des personnages pris dans un engrenage infernal ou dont le destin est proche de basculer… <br /> <br /> “Au Coeur du Crime” est disponible sur le site et l’application Europe 1 ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.<br />

Société

Découvrez l’Histoire de France et du monde avec l’historienne Virginie Girod dans cette nouvelle saison du podcast "Au Cœur de l’Histoire" ! Embarquez pour un voyage dans le temps inédit sur fond de musiques originales, pour une immersion totale à la manière de la fiction audio. Virginie Girod met en lumière des personnages historiques inspirants et lève le voile sur des époques essentielles de l’Histoire.  Origines des guerres, complots, vies d’artistes, politiciens, pionniers, retrouvez de nouveaux épisodes tous les jours sur une variété de sujets allant de l’Antiquité à nos jours.  Les lundis, mardis, jeudis et vendredis, plongez dans des récits 100% immersifs, puis chaque mercredi et samedi Virginie Girod vous propose une interview inédite avec un invité historien, chercheur, journaliste, pour en apprendre encore plus.  "Au Cœur de l’Histoire" est une production Europe 1 Studio.  

Au Coeur de l'Actu
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Au Coeur de l'Actu

Julien Pichené

 "Au Coeur de l'Actu", c'est le podcast de la rédaction d'Europe 1 qui vous éclaire sur les sujets qui font l'actualité. Découvrez nos formats courts "10 minutes pour tout savoir" et nos séries documentaires, enrichis avec les archives de la radio.

Réécoute Olivier Delacroix
Société

Libre antenne

Olivier Delacroix

Au cœur de la nuit, les auditeurs se livrent en toute liberté aux oreilles attentives et bienveillantes d'Olivier Delacroix, du lundi au jeudi, et de Valérie Darmon, du vendredi au dimanche. Pas de jugements ni de tabous, une conversation franche mais aussi des réponses aux questions que les auditeurs se posent. Un moment d'échange et de partage propice à la confidence pour repartir le cœur plus léger. Si vous aussi vous souhaitez témoigner, laissez vos coordonnées en appelant Europe 1 au : 01 80 20 39 21 (numéro non surtaxé).

Société

Les années Top 50

Ombline Roche

Tous les soirs du lundi au vendredi entre 22h15 et 22h30 Ombline Roche vous plonge dans les musiques des années Top 50 sur Europe 1. Et si vous en voulez plus, rendez-vous les samedis et dimanches entre 21h et 22h !