Uber : beaucoup de perdants pour peu de gagnants

© LIONEL BONAVENTURE / AFP
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Aurélien Fleurot, édité par A.H.
L'arrivée d'Uber dans le paysage économique français n'a pas fait que baisser le chiffre d'affaires des chauffeurs de taxis. Les chauffeurs VTC eux-mêmes en payent le prix.
L'ENQUÊTE DU 8H

Le conflit entre les chauffeurs et les plateformes VTC s'enlise. Lundi, une réunion de crise doit avoir lieu au ministère des Transports. Les chauffeurs d'Uber, qui ont un statut d'indépendant, dénoncent le fait de subir les politiques tarifaires de l'entreprise sans être consultés. 

Des commissions en hausse. Il y a tout juste un an, Uber décidait de baisser drastiquement ses tarifs (des courses à 4 ou 5 euros, ndlr) dans le but d'attirer de plus en plus d'utilisateurs. Pari gagnant pour la plateforme américaine qui compte aujourd'hui 1 million et demi de Français inscrits. Un an plus tard, Uber fait machine arrière en remontant les prix. Mais la plateforme VTC en a profité pour augmenter, dans le même temps, le pourcentage de commission pris sur chaque course, passé de 20 à 25%. Résultat, certains chauffeurs ne gagnent plus que 4 euros de l'heure. Alors que Uber leur promettait quatre à cinq fois plus.

Quelle entente avec les taxis ? Ce conflit entre les chauffeurs VTC et la plateforme Uber ne vient pas occulter celui entre les VTC et les taxis. Et s'il n'y a plus de manifestations, le conflit n'est pas réglé pour autant. Les chauffeurs de taxis ont obtenu des avancées grâce au travail de médiation du député socialiste, Laurent Grandguillaume : la maraude électronique reste interdite aux VTC, les conditions pour devenir chauffeur VTC deviennent beaucoup plus strictes… Et pour la première fois, l'idée d'un fonds d'indemnisation pour les taxis en difficulté est sur la table. Un observatoire indépendant du secteur du transport de particuliers doit voir le jour dans les semaines à venir. Les arguments des uns et des autres pourront ainsi s'appuyer sur des statistiques.

Malgré tout, la cohabitation reste compliquée. "Le gouvernement actuel n'a pas pu ou voulu trancher sur le fond du sujet. En réalité, quand sur le même métier, vous avez deux catégories de véhicules qui font la même chose avec des règles différentes, ça ne marche pas", dénonce Alain Griset, président de l'Union Nationale des Taxis.

Quelques gagnants pour beaucoup de perdants. Finalement, l'arrivée d'Uber a surtout profité aux consommateurs. Sur un trajet court de moins de 15 minutes, le VTC reste plus avantageux que le taxi, avec des courses à 6 ou 8 euros. En revanche, sur les trajets un peu plus longs, et notamment quand il y a beaucoup de demandes sur les plateformes VTC, mieux vaut privilégier le taxi. Globalement, la concurrence a tiré les prix vers le bas. C'est notamment le cas pour les forfaits aéroports. En revanche, du côté de la rémunération des taxis et des chauffeurs Uber, tout le monde y a perdu. Le chiffre d'affaires des chauffeurs de taxis, surtout en région parisienne, a baissé d'environ 20%.

Côté VTC, l'époque où un chauffeur gagnait très bien sa vie en ne travaillant que quelques heures par jour est bien révolue. Ils sont aujourd'hui plus de 20.000 en France et leur rémunération moyenne oscille entre 1.200 et 1.800 euros pour pas moins de 70 heures de travail par semaine.