Cotiser plus longtemps ou travailler plus tard, les pistes du gouvernement pour faire des économies sur les retraites

  • Copié
Daniel Fortin , modifié à
Pour financer les baisses d'impôts annoncées par le président Macron jeudi dernier, le gouvernement aurait deux pistes concernant les retraites : allonger le nombre d'années nécessaires pour une retraite à taux plein ou inciter les Français à travailler jusqu'à 64 ans.

Économiser sur les retraites pour financer les baisses d’impôts, telle était l’une des annonces d'Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse de jeudi dernier. Selon les informations des Échos jeudi, le gouvernement a deux pistes pour parvenir à cet objectif : allonger le nombre d'années nécessaires pour bénéficier d'une retraite à taux plein ou inciter les Français à travailler jusqu'à 64 ans.

Allonger la durée de cotisation...

Deux scénarios sont à l’étude. Le premier est d'allonger de 41 ans et demi à 43 ans la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein. C'était déjà une réforme sur les rails, elle devait entrer en vigueur en 2035, mais là, elle serait effective dès 2025. Cela signifierait que la durée de cotisation serait rallongée d'un trimestre par an au lieu d'un trimestre tous les trois ans comme le prévoyait le projet initial.

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

... ou inciter les Français à travailler plus tard

Un autre scénario consisterait non plus à obliger mais à inciter fortement les Français à partir plus tard à la retraite. Le président l'a encore promis la semaine dernière, on ne touchera pas à l'âge légal de départ à la retraite qui est de 62 ans. Mais en réalité, tout serait fait pour que les Français ne puissent plus partir à cet âge, mais bien plus tard. C'est pourquoi le deuxième scénario consisterait à créer un âge pivot à 64 ans.

Selon cette piste, les salariés qui choisiraient d'attendre cet âge pour prendre leur retraite alors même qu'ils ont déjà obtenu le nombre de points nécessaires se verraient appliquée une surcote, c’est-à-dire un supplément de pension qui, selon les travaux actuels du gouvernement pourrait représenter 4%. Pour l’instant, il ne s’agit que de pistes de travail. Mais il n'est pas du tout exclu que ces deux mesures soient prises de front, assure Daniel Fortin, rédacteur en chef Idées et Enquêtes des Échos et chroniqueur sur Europe 1.

Un risque d'attiser les mécontentements

Le sujet reste explosif, mais c’est un risque qu’assume l'Élysée. D'abord parce que le gisement d’économies est énorme. La France dépensant plus de 315 milliards d’euros par an pour les retraites, le moindre allongement de la durée de cotisation permet d’économiser très vite des milliards pour l’État.

Ensuite, l'exécutif parie sur la sagesse des Français. Car s'il y a bien sûr des petites pensions et des retraités qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, ce n’est pas la majorité, loin de là. En France, un retraité de 65 ans gagne en moyenne plus que le revenu moyen des Français, c’est un cas quasiment unique dans les pays de l’OCDE. Nous sommes donc un pays particulièrement généreux avec les retraités et c’est ce qui explique qu’il existe des marges pour faire des économies.