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Mathilde Durand , modifié à
La crise sanitaire du coronavirus s'est transformée en crise économique aux conséquences redoutées. Éric Heyer, économiste et directeur du département analyse et prévision à l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), rappelle sur Europe 1 la nécessité de sélectionner les "bons secteurs" pour l'économie de demain.
INTERVIEW

La crise sanitaire du coronavirus s'est progressivement transformée en crise économique. Le maintien de l'emploi, la santé des entreprises s'annoncent comme les enjeux majeurs de ces prochaines années. Fraîchement nommé Premier ministre, Jean Castex a visité samedi le site de recherche et de production de semi-conducteurs du groupe X-Fab France, dans l'Essonne. Une entreprise "à forte valeur ajoutée, à forte technologie, avec des collaborations européennes", précise Éric Heyer, économiste et directeur du département analyse et prévision à l'OFCE (observatoire français des conjonctures économiques), sur Europe 1. Un symbole, selon lui, des secteurs clés de l'économie de demain. 

Les secteurs du "monde d'après"

Pour se sortir de cette crise économique qui devrait lui coûter 11% de son PIB en 2020, la France est limitée par des contraintes budgétaires, car la dette publique explose. L'économiste rappelle cependant l'importance d'un futur accord européen, le 17 juillet prochain, pour déterminer la part d'aides financières que recevra l'Hexagone de la part de l'Union européenne.

"On peut considérer qu'on est dans un temps un peu incroyable où les taux d’intérêts sur la dette sont extrêmement faibles, et il va également y avoir des aides au niveau de l’Europe. La question n’est pas réellement est ce que l’on a des marges de manœuvre, mais où est-ce que l'on doit mettre de l’argent public ?", souligne Éric Heyer. "Il va falloir sélectionner les bons secteurs, parce qu'on n’a pas le choix et qu'on a un peu de marge budgétaire."

"Est-ce que l'on veut remettre en place l’économie qui préexistait avant cette crise sanitaire et donc revenir à la normale. Ou est-ce que, puisqu'on est à l'arrêt, ce n’est pas le moment de choisir un certains nombres de secteurs ?", s'interroge l'économiste. Il différencie les secteurs de "l'ancien monde" à ceux du "monde d'après", symbolisés par l'entreprise visitée par Jean Castex. 

"Dimension européenne" et "transition écologique"

Cependant, de nombreuses entreprises considérées comme des fleurons de l'industrie française sont lourdement touchées par les difficultés économiques. Airbus, par exemple, a annoncé un plan de licenciements qui menace 5.000 emplois en France et près de 15.000 dans le monde. "Il me semble qu’Airbus n’est pas dans l’ancien monde. Aujourd'hui il va falloir éviter coûte que coûte les licenciements économiques. Rappelons le, avant cette crise il y avait plutôt des difficultés à recruter, et donc c’est extrêmement important aujourd'hui de garder les compétences", assure Éric Heyer. "En revanche, dans des compagnies aériennes, il est possible qu’il y ait des transformations. Il va falloir réfléchir au monde d’après."

"Ce ne sont pas forcément les licenciements économiques en tant que tels qu’il faut éviter, mais des licenciements économiques qui mettraient à mal un rebond pour demain", précise-t-il. "Il va falloir aujourd'hui intégrer la transition écologique dans toute réflexion de la part du gouvernement et également une dimension européenne qui est extrêmement importante."