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Axel de Tarlé et Benjamin Peter, édité par Tiffany Fillon , modifié à
Cette année, le mois de janvier a été le plus chaud jamais enregistré sur Terre avec, en Europe, des températures supérieures en moyenne de trois degrés aux normales saisonnières. Conséquence : de plus en plus de stations de ski de moyenne et basse montagne mettent la clé sous la porte. 
ANALYSE

Les vacances de février viennent de débuter pour les élèves d'Île-de-France, de Toulouse et de Montpellier. Pour de nombreux Français, c'est donc le bon moment pour partir au ski. Mais à cause de la hausse des températures, en particulier en ce mois de janvier, environ 170 stations de ski ont fermé, soit un peu plus d’une sur quatre. Un phénomène à l'effet boule de neige, qui se répercute sur une grande partie du marché du ski. 

En trente ans, l’enneigement a diminué de 30 % dans les Alpes. Pour ne rien arranger, la pluie se substitue de plus en plus au manteau blanc en basse et moyenne montagnes. La limite pluie-neige, qui était autrefois à 1.200 mètres, remonte en effet à 1.500 mètres. Dans les Pyrénées aussi, le réchauffement climatique se fait ressentir. À Saint-Lary-Soulan, Pierre Vedere, chef de piste, se plaint de la faible quantité de neige tombée ces derniers jours. "Sur ce flanc, il est tombé deux fois 30 centimètres il y a quinze jours. Depuis, il n'y a plus rien", regrette-il au micro d'Europe 1. 

 

La hausse des températures n'est pas seulement un signe alarmant du réchauffement climatique, elle a également des conséquences économiques sur le marché du ski. Comme nombre de stations manquent de neige de façon chronique, beaucoup de pistes de basse et moyenne montagne ferment, comme celle de Céüze, dans les Hautes-Alpes. La Cour des Comptes estime que, pour être rentable, une station de ski doit être ouverte au minimum 100 jours dans la saison, typiquement du 1er décembre au 15 avril. Pour skier, il faut donc aller toujours plus haut, dans les stations de haute montagne.

Sans neige artificielle, une saison "irrattrapable"

Haute montagne ou non, le secteur du ski fait face à plusieurs défis. Car ce sport devient de plus en plus élitiste. À cause de ces températures élevées, les stations doivent, par exemple, investir dans de la neige artificielle pour garantir un bon domaine skiable. À Saint-Lary-Soulan, Pierre Vedere et ses équipes ont réussi à maintenir 70% du domaine ouvert grâce aux 320 canons à neige installés partout. "On assure aux clients une sous-couche solide pour pouvoir passer les vacances, quelles que soient les conditions météorologiques. C'est indispensable pour nous. Pour ceux qui ne sont pas équipés, la saison est irrattrapable", assure le chef de piste.

Mais toutes ces adaptations se traduisent dans les prix : on estime que 10 à 15 % du forfait d'une station sert maintenant à financer la neige artificielle. Alors les tarifs explosent : il faut désormais compter 200 à 300 euros pour un forfait d’une semaine, en excluant la location du matériel ou d'un logement. 

Les jeunes désertent les pistes 

Et le cercle vicieux ne s'arrête pas là. Car la hausse des prix se répercute sur la fréquentation des stations. Pour des raisons économiques, les familles et les jeunes vont de moins en moins au ski. Aujourd'hui, les 15-25 ans ne représentent plus que 14% des skieurs, alors que cette proportion s'élevait à 20% au milieu des années 90. Les écoliers, eux aussi, sont aussi victimes de cette hausse des prix. Avec une baisse de 20% en dix ans, les classes de neige se font de plus en plus rares. 

Pour continuer à attirer les clients, les loueurs de matériel doivent s'adapter. À Saint-Lary-Soulan, finies les constructions d'igloo ou les sorties en scooters des neiges. En ce moment, les conditions ne le permettent pas. Alors Audrey propose des sorties estivales, comme le "tir à l'arc, le vélo ou le biathlon pédestre". "On réfléchit à des solutions pour pallier ce manque de neige et surtout répondre aux satisfactions des clients en leur proposant des activités qui ne les bloquent au village", explique-t-elle.