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Arthur Pereira , modifié à
Les vignerons font face à une crise du verre sans précédent, mais aussi d'étiquettes, de cartons ou encore de capsules. Jusqu'à deux mois de retard dans les livraisons de bouteilles en verre. Une nouvelle conséquence de la guerre en Ukraine. De nombreux viticulteurs se retrouvent avec des cuves pleines sans pouvoir les vider.

La saison du rosé est officiellement ouverte avec l'arrivée des températures printanières. Cependant, de nombreux vignerons ne peuvent assurer leur livraison auprès de leur clientèle. Produit majoritairement en Ukraine, les flacons tardent à être acheminés dans l'Hexagone. Un retard qui a déjà de lourdes conséquences.

"On aurait dû mettre 30 à 40 % de nos vins en bouteille, le problème c'est qu'on en a plus une seule"

Dans sa cave humide, face à ses 54 cuves en inox, Thierry Mothe, producteur de Chablis, est désemparé. En 35 ans de métier, c'est la première fois qu'il se retrouve dans cette situation. "Habituellement, il y a 150.000 bouteilles ici. Là, j'en ai à peine 30.000", souffle le viticulteur face à ses étagères quasiment vides.

Le vigneron a donc retardé avec un mois de décalage sa mise en bouteille. Ce dernier a même reporté certaines de ses livraisons quand il le pouvait, mais parfois, il a été obligé de les annuler. Depuis quelques semaines, son téléphone sonne régulièrement plusieurs fois par jour. À l'autre bout du fil, des clients de plus en plus inquiets. "Je peux te livrer au maximum 60 bouteilles, pas une de plus. Pour le grand cru, c'est pareil", explique-t-il à son prestataire espagnol, avant d'ajouter qu'il aurait espéré mettre entre 30 et 40% de son vin en bouteille".

Les futures récoltes en péril ?

Une pénurie de verre qui s'ajoute à celle des étiquettes, des cartons ou encore des capsules. Contraint de mettre ses exportations sur pause, Thierry Mothe n'enregistre par ailleurs aucune rentrée d'argent. "Je vais avoir un mois et demi de trésorerie en retard. Cela correspond à 300.000 euros", confie-t-il au micro Europe 1.

Des retards en cascades qui auront un impact direct pour le consommateur. "Une bouteille qui coûte 15 euros actuellement pourra passer à 16 euros au minimum dans quelques mois", assure le viticulteur. Pour le moment, ce n'est pas la principale interrogation.

Thierry Mothe, lui, a le regard tourné vers les vendanges qui arrivent dans quelques mois. Sans la livraison de ses 70.000 bouteilles prévues début juin, le vigneron pourrait mettre sa prochaine récolte en péril. "Je ne sais pas si j'aurai les bouteilles à temps pour ma vinification de 2022", conclut le viticulteur.