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Pierre Herbulot, édité par Antoine Terrel
Les investisseurs ciblent de plus en plus les locaux commerciaux, qui présentent notamment l'avantage de n'être pas limités à 120 nuits de location. Face à ce phénomène, la mairie de Paris veut modifier son plan d'urbanisme pour mieux encadrer la transformation des locaux commerciaux en meublés touristiques. 
ENQUÊTE

Ce pourrait être un des principaux sujets des élections municipales à Paris. Alors qu'il est toujours aussi dur de se loger dans la capitale, la mairie continue de faire la guerre à la plateforme Airbnb et aux investisseurs qui achètent à tour de bras pour transformer des logements en meublés touristiques. Mais ces derniers ciblent désormais les locaux commerciaux.

Bureaux, fleuristes, magasins, tout ce qui est au rez-de-chaussée intéresse ces investisseurs, qui viennent sonner directement, même sans panneau "à vendre". Magali, podologue dans le quatrième arrondissement, les voit défiler devant son cabinet depuis des mois. "On m'a demandé si j'étais propriétaire, si peut-être j'allais un jour le revendre, si ça ne serait pas plus malin pour moi de déménager mon cabinet, de garder ce local et de le mettre en Airbnb", explique-t-elle au micro d'Europe 1. "C'est un tout petit local de 17 m2, mais ils me disent 'c'est vachement bien, ça serait hyper rentable, on gagnerait six fois plus en moyenne'", témoigne-t-elle encore. "Il y a même des agents immobiliers qui m'ont fait des calculs. C'est phénoménal".

Pour ces investisseurs, un local commercial transformé en meublé touristique peut vite représenter une véritable machine à cash. Car contrairement à un appartement, un local commercial n'est pas limité à 120 nuits de location, et il suffit d'un papier à signer en mairie pour le transformer en meublé touristique. L'atelier d’art à côté de chez Magali est ainsi devenu un dortoir à touristes, tous les jours, toute l'année. Et pour son cabinet, dans ce quartier très touristique, on tournerait autour de 100 euros la nuit, ce qui représenterait à peu près 30.000 euros de revenus en un an, soit 3 fois plus rentable qu'une location mensuelle classique.

La mairie de Paris veut contre-attaquer"

Cette intérêt financier, les investisseurs l'ont bien compris, confirme à Europe 1 Jacques Lavie, le directeur commerciale de Guest Ready, qui gère la conciergerie de milliers de Airbnb en France. "On gère beaucoup de résidences principales, mais on a de plus en plus de locaux commerciaux. Aujourd'hui, on a un client sur deux en commercial. Si on prend les sites des annonces immobilières, on voit de plus en plus sur les annonces 'compatible Airbnb', 'compatible localisation saisonnière'". 

Cette nouvelle stratégie d'Airbnb est permise par un vide juridique. Interrogé à ce sujet, le maire adjoint en charge du logement Ian Brossat reconnait avoir été surpris par cette nouvelle tendance, mais compte bien contre-attaquer. La mairie de Paris veut modifier son plan d'urbanisme pour qu'à l'avenir, la transformation des locaux commerciaux en meublés touristiques soit mieux encadrée.