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Anne-Laure Jumet et M.S. , modifié à
Trois jours de négociations ardues entre le gouvernement et les partenaires sociaux s'achèvent, mais rien n'est encore gravé dans le marbre.
ENQUÊTE EUROPE 1

Manuel Valls a terminé mercredi ses consultations avec les partenaires sociaux sur le projet de loi Travail. Europe 1 vous dévoile les coulisses de ces discussions épineuses sur une réforme qui divise.
 
Appel aux petites entreprises. Manuel Valls a d’abord reconnu devant plusieurs participants une mauvaise communication sur la loi El Khomri. Il lui faut maintenant gagner la bataille de l'opinion et il l'a dit il aux représentants des petites entreprises : "Aidez-nous ! Qu'on entende dans les médias des patrons de PME qui expliquent pourquoi cette loi est nécessaire". Car quand c'est le Medef qui le dit, ces propos sont inaudibles, ajoute le Premier ministre.
 
Macron mis en cause. Il y a une scène qui résume les rancœurs et les rapports de forces. Un représentant syndical démontre à Manuel Valls et à Myriam El Khomri qu'il peut déjà, sans cette loi, calculer leurs indemnités de licenciement. Mais il n'a pas fait les calculs pour Emmanuel Macron. A ce moment-là, un conseiller intervient : Macron ? Il serait de toute façon viré pour faute lourde… Et il n’aurait donc aucune indemnité. Au gouvernement, certains pensent en effet que c'est à cause de lui que la loi est en difficulté. Le plafonnement des indemnités prud’homales et le volet sur les licenciements économiques, c’est-à-dire les points qui posent le plus problème, portent sa marque. Alors quand le ministre de l'Economie reprend une idée développée par un syndicaliste sur les prud’hommes, il se fait rabrouer par le Premier ministre : "Attendez, c'est moi qui décide !".
 
Le ton monte entre syndicats et organisations patronales. Le débat est aussi vif parfois entre les partenaires sociaux. Le leader d'un syndicat réformiste confie avoir reçu mercredi des SMS très virulents du président d'une organisation patronale. Des messages dont la teneur est : "Tu es irresponsable et si tu fais échouer la loi, ce sont tes adhérents qui paieront les pots cassés". Au terme de ces trois jours, les aménagements du texte ne sont pas encore tous arbitrés. En témoigne le sentiment de l'un des participants côté gouvernemental : "On avance, mais ce n'est pas encore clair."