L’Etat français est désormais payé pour emprunter, bonne ou mauvaise nouvelle ?

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Nicolas Barré et Emmanuel Duteil, édité par Romain David , modifié à
Depuis mardi, l'Etat français emprunte à moins de 0%, ce qui veut dire que des investisseurs acceptent de perdre de l'argent pour prêter à la France.
ON DÉCRYPTE

Pour la première fois dans l’histoire, le taux de la dette de la France à dix ans est négatif. La France emprunte depuis mardi à -0,001%, ce qui veut dire très concrètement que tous ceux qui prêtent de l’argent à l’Etat français sont prêts à lui faire un crédit gratuit. Et même plus que gratuit, ils préfèrent perdent un peu d’argent en prêtant à la France plutôt que d’investir leurs liquidités dans des placements plus risqués.

Depuis la crise financière de 2008, les banques centrales ont fait chuter les taux d’intérêt pour soutenir l’activité. Et elles ont acheté des quantités énormes de dette des États pour éviter une catastrophe, ce qui a contribué à faire chuter les taux d'emprunt. Mais cette politique, qui peut constituer une bonne nouvelle pour l'État et les emprunteurs particuliers, a aussi ses effets pervers. Décryptage. 

Bonne nouvelle : la dette s’allège d’elle-même

L’Etat français est lourdement endetté. La dette frise les 100% du PIB. Et cette dette ne baisse pas puisque que nous sommes toujours en déficit. Chaque année, l’Etat continue à emprunter pour finir ses fins de mois.

Dans ce cadre, la chute des taux est une bonne affaire puisqu’elle a fait passer la charge de la dette de 42 à 37 milliards en moins d’un an selon Bercy, soit cinq milliards d’économies qui tombent du ciel. Et cela pourrait encore doubler, à en croire les projections de la Banque de France.

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Mauvaise nouvelle : la chute des taux n’incite pas l’Etat à se réformer

La chute des taux permet donc de faire des économies sans aucun effort. Sous François Hollande, 40% de la baisse du déficit est venue de la baisse des taux d’intérêt. Toutefois, cela n’incite pas l’Etat à se réformer et à réduire son train de dépenses puisque ces dernières baissent désormais automatiquement. Ce système ne pourra donc pas durer éternellement.

Mauvaise nouvelle : l’argent mis de côté ne rapporte plus autant

Cette politique de taux très bas fragilise également le système bancaire qu’elle visait initialement à sauver ; quand les taux d’intérêt sont à zéro, les banques font moins de marges. Ensuite, elle pénalise tous ceux qui ont de l’argent de côté : l’épargne ne rapporte plus grand-chose.

Bonne nouvelle : l’accession à la propriété devient plus simple

La baisse des taux reste néanmoins une excellente nouvelle pour tous ceux qui veulent acheter un bien immobilier. "Si la France emprunte à des taux plus bas, les banques empruntent aussi à des taux plus bas. Elles vont donc prêter au plus bas", relève auprès d’Europe 1 Maëlle Bernier, porte-parole de meilleurtaux.com. "Les taux des crédits immobiliers aux particuliers ne sont pas encore au plus bas et les taux sous les 1% pourraient se généraliser dans les semaines qui viennent", ajoute-t-elle.

La baisse des taux augmente ainsi la capacité d’emprunt et permet à des gens qui ne pouvaient pas emprunter jusqu’à présent de le faire, le tout en gagnant quelques milliers d’euros sur le coût du crédit. Attention toutefois, cette baisse pourrait aussi inciter les ménages à trop s’endetter.