Les fruits et légumes d’hiver victimes des températures douces

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AGRICULTURE - Après France Agrimer, c’est au tour de l’organisation France Légumes de tirer la sonnette d’alarme : la météo détraque la production mais aussi la consommation de fruits et légumes.

Il n’y a plus de saison, y compris dans nos assiettes et cela ne fait pas les affaires des agriculteurs. Les températures particulièrement clémentes des dernières semaines bouleversent en effet le cycle de croissance des fruits et légumes d’hiver, qui arrivent sur les étals plus tôt et en plus grand nombre que d’habitude. Sauf que les consommateurs les boudent, provoquant une chute des prix.

Une météo hors norme. Ce dérèglement du cycle de production des légumes d’hiver s’expliquent avant tout par la météo particulièrement clémente. "La crise actuelle n’est pas liée à une surplantation mais à un effet climatique. On peut connaître de tels épisodes mais ils durent 10 à 15 jours maximum et sont localisés. Là, ça fait depuis novembre", précise pour Europe 1 Jacques Rouchaussé, président de la fédération de producteurs Légumes de France.

Les chiffres de Météo France sont en effet éloquents : après un mois de novembre déjà très clément, le mois de décembre a été le plus doux dans l'Hexagone depuis 1900, avec des températures moyennes supérieures à la normale de 3,9 degrés. Et Météo France de préciser que le mois de décembre, avec ses "températures printanières", est plus chaud qu’un mois… de mars.

Des légumes d’hiver déjà mûrs. Conséquence de cet automne hors norme, les fruits et légumes d’hiver ont poussé plus vite que prévu. "Le cycle de vie de la plante est accéléré. Si dix semaines sont nécessaires pour qu’une plante arrive à maturité en hiver, six semaines suffisent avec un temps doux", détaille le président de Légumes France. Et ce dernier d’expliquer que le décalage peut aller jusqu’à huit semaines pour certains produits. Autre exemple repéré par le syndicat Coordination rurale : le cas d’un producteur de chou-fleur installé dans les Côtes-d’Armor qui a récolté 60% de la production en trois mois alors que la campagne de ramassage est censée s’étaler sur sept mois.

Entendu sur europe1 :
Si dix semaines sont nécessaires pour qu’une plante arrive à maturité en hiver, six semaines suffisent avec un temps doux

Une clientèle pas encore prête et des prix qui s’effondrent. Résultat, des légumes d’hiver qui arrivent sur les étals plus tôt que d’habitude mais qui ne trouvent pas preneurs, les consommateurs ayant encore tendance à préférer des produits de mi-saison à cause des températures clémentes. "Quand la température dépasse les dix degrés, vous n’allez pas faire un pot-au-feu", résume Jacques Rouchaussé. Sauf que les agriculteurs ne peuvent pas se rattraper avec ces produits d’été et d’automne, qui ne poussent plus qu’en Espagne et au Maroc.

Une production en hausse et une consommation en baisse : tous les ingrédients d’une surproduction sont réunis et provoquent une baisse des prix. "La demande ne parvient pas à absorber les fortes disponibilités, et les volumes d’invendus augmentent malgré les prélèvements pour la surgélation et les dons aux associations", résume France Agrimer dans une note de conjoncture de décembre 2015.

Si bien que l’établissement national des produits de l’agriculture et de la mer a placé les filières endives et salades en crise conjoncturelle depuis le 18 novembre, puis la filière chou-fleur, le 20 novembre. L’exemple de cette filière est éloqnt : la Coordination rurale souligne que "les prix (payés au producteur) s’effondrent autour de 0,10 à 0,15 € par tête de chou-fleur - pour un coût de production actuel d’environ 0,45 € par tête".

Quelles solutions pour éviter une aggravation ? "On peut parler d’une crise. Quand on voit la production aujourd’hui vis-à-vis de la consommation, on est en totale inadéquation", résume Jacques Rouchaussé, qui fait pousser dans la Marne des salades, tomates et concombres en été et des poireaux, navets et céleri en hiver.

En attendant une chute des températures, le président de France Légumes avance plusieurs solutions pour éviter que de tels épisodes se répètent. Il y a d’abord l’octroi par l’Etat d’une année blanche, qui consiste à repousser d’un an le remboursement des dettes bancaires. "Le gouvernement a pris de telles mesures en faveur de l’élevage (en septembre 2015, ndlr), pourquoi pas nous aussi ?", déclare-t-il.

"Mais cela, c’est le court terme", poursuit-il, avant d’ajouter : "il faut se pencher sur la sécurisation des revenus des agriculteurs pour éviter de tels épisodes". En clair, les services fiscaux et les organismes sociaux sont invités à ne plus prendre en compte les revenus d’une exploitation sur une seule année mais sur cinq ou dix ans pour équilibrer les bonnes et les mauvaises années. Un point de vue également défendu par la Coordination rurale, qui y ajoute deux autres pistes : instaurer une TVA sociale pour lutter contre le dumping social pratiqué par certains pays et renforcer les normes sur les produits importés pour éviter un dumping environnemental.

MANGER DE SAISON

Pour le consommateur qui ne se rend que dans les grandes surfaces pour faire ses courses, la saisonnalité peut être un concept devenu abstrait. Voici donc un rappel des légumes de saison qu’il est conseillé de privilégier actuellement pour vivre avec son temps.  

FRUITS

LEGUMES

Ananas

Carotte

Avocat

Céleri

Banane

Chou (blanc, de Bruxelles, frisé, rouge, chinois)

Citron

Citrouille

Clémentine

Endive

Datte

Mâche

Fruit de la passion

Oignon

Grenade

Poireau

Kaki

Pomme de terre

Litchi

Salsifis

Mandarine

Topinambour

Mangue

 

Orange

 

Pamplemousse

 

Papaye

 

Poire

 

Pomme