Le plan de l’exécutif pour réduire le "trou" de la Sécu en 2018

Gérald Darmanin et Agnès Buzyn
Gérald Darmanin et Agnès Buzyn © Lionel BONAVENTURE / AFP
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G.S. avec agences , modifié à
Le gouvernement a présenté jeudi un objectif ambitieux : réduire de trois milliards d’euros le déficit de la Sécurité sociale, en un an.

Si l’objectif était atteint, le "trou" de la Sécu serait ramené à son plus bas niveau depuis 2001. Le gouvernement ambitionne en effet de réduire le déficit de la Sécurité sociale de 5,2 milliards en 2017 à 2,2 milliards en 2018, soit une économie de trois milliards d’euros en un an. Si tout se déroule selon les plans de la ministre de la Santé Agnès Buzyn et du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, qui présentaient jeudi le Budget de la Sécurité sociale pour l’an prochain, le régime général (celui des salariés du privé) sera même en léger excédent, de 1,2 milliard d'euros en 2018. Ce qui constituerait une première depuis 17 ans.

Le Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui finance différentes allocations destinées aux personnes âgées, verrait quant à lui son déficit se stabiliser, à 3,4 milliards d'euros après 3,6 milliards cette année. La branche famille devant à son tour repasser dans le vert cette année, après la branche vieillesse en 2016. Et c'est sur l'assurance maladie que se concentrera l'essentiel des économies, avec un effort de 4,2 milliards d’euros de prévu. "Nous sommes clairement sur une trajectoire du retour à l'équilibre en 2020", a déclaré Agnès Buzyn lors de la présentation du budget aux médias.

>> Où l’exécutif compte-t-il trouver des économies ? Europe 1 vous résume les principales mesures.

SUR LA BRANCHE MALADIE

Le forfait hospitalier va augmenter. Le forfait hospitalier, destiné à financer les frais d'hébergement des patients, passera de 18 à 20 euros en 2018, selon le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) présenté jeudi par le gouvernement. L'augmentation du forfait est "équivalente" à l'inflation constatée depuis 2010, date de sa dernière revalorisation, précise le gouvernement. Elle doit permettre un gain pour les hôpitaux de 200 millions d'euros. La Mutualité française, qui représente les mutuelles, a déjà prévenu qu'une telle hausse pourrait entraîner une augmentation des cotisations pour leurs assurés (d’environ trois euros par an et par cotisants).

Des efforts seront demandés aux hôpitaux. Près d'un milliard d'euros d’économie portera sur le médicament (baisse de prix, recours accru aux génériques et aux biosimilaires) et un peu moins de 1,5 milliard d'euros doit découler de l'amélioration des parcours de soins et de la performance des établissements, avec par exemple une optimisation de leurs achats mais aussi des économies réalisées dans les services. Au total, l'effort sur le médicament et celui sur les établissements de santé (hors médicament) seront du même ordre que ceux réalisés en 2017, précise-t-on au ministère de la Santé.

500 millions d’euros en taxant le tabac. Côté recettes, la hausse annoncée du prix du tabac devrait rapporter 500 millions d'euros, mais le gouvernement mise davantage sur les effets sanitaires de cette mesure que sur ses retombées budgétaires.

Un article du PLFSS ouvrira par ailleurs la possibilité pour les hôpitaux d'expérimenter de nouvelles modalités de financement, avec pour objectif de poursuivre l'inflexion de la tarification à l'activité actuellement en vigueur et de favoriser des prises en charge coordonnées des patients.

SUR LES DÉPENSES SOCIALES 

Plusieurs aides seront revalorisées. Avec presque la moitié de son budget lié à des dépenses sociales, le ministère de la Santé et des Solidarités, dont l'enveloppe a été augmentée de 11%, devra aussi financer les revalorisations progressives des minima sociaux ciblées vers les familles les plus défavorisées (aide à la garde d'enfants, allocation adulte handicapé ou encore minimum vieillesse) et de la prime d'activité pour les travailleurs à revenus modestes.

Pour aider à les financer, des efforts seront demandés aux administrations de la Sécurité sociale, qui devront diminuer de 15% leurs frais de fonctionnement sur quatre ans.

Hausse de la CSG et report de la revalorisation des pensions. La hausse de 1,7 point de la CSG (contribution sociale généralisée) est bien à l'ordre du jour au 1er janvier. Les 20 milliards de recettes attendues serviront majoritairement à compenser la suppression des cotisations d'assurances chômage et maladie des salariés du privé.

Enfin, le projet de loi acte la disparition progressive du RSI. Le régime social des indépendants sera confié au régime général à partir du 1er janvier 2018, "avec une phase transitoire de l'ordre de deux ans". Le gouvernement prévoit en outre de reporter d'octobre 2018 à janvier 2019 la revalorisation des pensions. Montant estimé des économies liées à ce report : 400 millions d'euros.