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INTERVIEW E1 - Le président de la République a souligné son attachement à ce projet de centrale nucléaire qui reste contesté, y compris au sein d’EDF.
INTERVIEW

EDF doit-il se lancer dans la construction de deux centrales nucléaires de nouvelle génération, baptisées EPR, au Royaume-Uni ? Pour certains, qu’il s’agisse des écologistes mais aussi de certains employés d’EDF, ce projet est trop risqué et pourrait mettre en péril l’entreprise. Mais pour d’autres, ces deux EPR pourrait devenir la nouvelle vitrine du nucléaire français. Un avis que partage le président de la République : "je suis favorable à ce que ce chantier puisse se faire", a déclaré François Hollande, mardi lors de la matinale spéciale qu’Europe 1 lui a consacré.

Hollande reste confiant dans l’EPR. "Je suis favorable à ce que ce chantier puisse se faire, le président d'EDF a demandé aux salariés d'être consultés et il y aura donc une enquête qui sera menée, une expertise qui sera faite et qui, dans les prochaines semaines, donnera sa vérité", a déclaré François Hollande. "Il est très important de faire comprendre que nous avons besoin d'avoir une industrie nucléaire qui soit de haute performance, de haute sûreté en France, et que nous ne pouvons pas laisser non plus à l'exportation d'autres venir sur des terrains qui jusqu'à présent pouvaient être français", a ajouté le président de la République.

Pourquoi l’EPR est-il contesté ? Sur le papier, l’EPR représente la nouvelle génération de centrales nucléaires : plus puissantes, plus efficaces mais aussi plus sûres. Sauf que la construction des premières centrales a viré au cauchemar : en Finlande, le chantier a pris dix ans de retard et la facture a plus que doublé. Depuis, l’électricien finlandais TVO a engagé plusieurs procédure devant la justice. En France, l’EPR de Flamanville connait des problèmes similaires, avec en plus une série de malfaçons qui n’arrangent pas la situation. Il n’y a qu’en Chine que les chantiers avancent bien, mais les informations disponibles sont sujettes à caution.

Le projet de construire deux EPR sur le site de Hinckley Point, au Royaume-Uni, n’est donc pas anodin, d’autant que son coût est estimé à 23 milliards. Or EDF n’est pas dans sa meilleure forme, notamment sur le plan financier : outre une dette de 66 milliards d’euros, l’entreprise va devoir financer la remise aux normes des vieilles centrales françaises pour un coût estimé à 55 milliards d’euros. EDF va également devoir commencer à démanteler les centrales les plus vieilles, une opération dont le coût est encore très incertain. Et pour ne rien arranger, l'électricien a été sorti du CAC 40 à la fin de l’année 2015.

Hinckley Point, un projet à quitte ou double. Le projet d’EPR britannique est donc un véritable pari sur l’avenir : soit EDF le mène avec succès et peut espérer en vendre d’autres, soit ce chantier dérape et pourrait mettre en péril l’entreprise. Le président de la République privilégie le scénario optimiste : l’EPR pourrait devenir la vitrine d’une filière nucléaire française actuellement mal en point. Premier actionnaire de l’électricien, l’Etat pèse donc pour valider le projet d’Hinckley Point.