Pourquoi EDF est-il évincé du CAC 40 ?

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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DECRYPTAGE - Le géant de l'énergie ne fera plus partie de l’indice phare de la Bourse de Paris. Retour sur les règles du CAC 40 et les raisons de la sortie d’EDF. 

Tout un symbole. Malgré son poids tant économique que symbolique, EDF va quitter le CAC 40, le 21 décembre. L’action du géant de l'électricité ne fera plus partie de l’indice star de la bourse parisienne, remplacé par celle de la société Klépierre, spécialisée dans l’immobilier commercial. L’occasion de se pencher sur la composition du CAC 40, ses entrées et ses sorties.

Dix ans après, EDF poussé vers la sortie. L’action EDF fait partie du paysage boursier français depuis une décennie : elle avait intégré le CAC 40 dès son introduction en Bourse fin 2005 et n’était plus sortie de l’indice parisien. EDF faisait donc partie des 40 entreprises les plus importantes dont on peut acheter des actions.

Sa sortie du CAC 40 constitue donc un évènement pour le monde boursier, d’autant que de tels mouvements sont rares : en 2015, il n’y a eu qu’une sortie qui concernait Gemalto, remplacé par PSA. De même, en 2014, seul Vallourec était sorti du CAC 40, remplacé par Valeo. Les années 2011 et 2012 avaient à peine été plus mouvementées avec les sorties de Natixis, Suez environnement, PSA et Alcatel et les entrées de Safran, Legrand, Solvay et Gemalto. Figurer au sein du CAC 40 n’est donc pas immuable mais les changements sont rares.

Qui décide des entreprises composant le CAC 40 ? C’est Euronext, en charge de la Bourse de Paris et donc son indice phare, qui décide des entrées et des sorties du CAC 40. Son conseil scientifique des indices d'Euronext se réunit quatre fois par an. Pour faire partie du CAC 40, il faut remplir deux conditions, en plus d’avoir évidemment ouvert son capital aux investisseurs : peser lourd financièrement et faire l’objet de nombreuses opérations d’achat-vente.

Dans le détail, Euronext prend en compte la taille du capital flottant, c’est-à-dire la portion du capital de l’entreprise qui est à vendre ou acheter, et le nombre d'échanges enregistrés sur les titres. Ainsi, une entreprise très importante mais dont les actionnaires ne sont pas actifs et conservent longtemps leurs actions peut ne pas figurer au sein du CAC 40.

Un symbole fort mais une sortie logique. C’est d’ailleurs le cas d’EDF : aussi imposante soit-elle, l’entreprise fait l’objet de peu de transactions. L’Etat détient 84,5% de son capital et n’est pas vendeur. Tout comme les salariés, qui possèdent 1,7% du capital, et les investisseurs institutionnels, qui privilégient une vision à long terme et possèdent environ 10% du capital. Résultat, sur les 1,86 milliard d’actions EDF, seules 3% sont potentiellement à vendre à la Bourse. Visiblement insuffisant pour le CAC 40.

EDF a également un souci en termes de valorisation boursière, c’est-à-dire le prix qu’il faudrait payer pour l’acheter à un instant t. Le groupe vaut aujourd'hui 24 milliards d’euros en Bourse alors qu’il en valait plus du double il y a moins d’un an et demi, en juin 2014. Dit autrement, le titre EDF a perdu 42% de sa valeur depuis le début de l’année, alors que le CAC prenait 11% sur la même période.

Les nombreux défis qui attendent le groupe et que ce dernier peine à appréhender expliquent cette perte de valeur : le rachat risqué d’Areva, la construction plus qu’erratique de l’EPR de Flamanville, le vieillissement de ses centrales nucléaires et leur démantèlement au coût incertain. Sans oublier une concurrence accrue incarnée par Engie, Eni ou encore Lampiris - qui tente notamment de lui piquer ses concessions de barrages hydrauliques -, ou encore le renouvellement de son contrat social.