"Gilets jaunes" : la Cour des comptes s'inquiète de la hausse du déficit public

La Cour des comptes a appelé jeudi à ne pas "relâcher les efforts" entrepris pour assainir les finances publiques.
La Cour des comptes a appelé jeudi à ne pas "relâcher les efforts" entrepris pour assainir les finances publiques. © BERTRAND GUAY / AFP
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avec AFP , modifié à
Jeudi, le président de la Cour des comptes a appelé, malgré la crise des "gilets jaunes", à ne pas "relâcher les efforts" entrepris pour assainir les finances publiques.

Le premier président de la Cour des comptes Didier Migaud a appelé jeudi à ne pas "relâcher les efforts" entrepris pour assainir les finances publiques, malgré la crise des "gilets jaunes", qui a conduit l'exécutif à accroître les dépenses pour 2019.

Un équilibre possible, selon Migaud. "Nous sommes conscients que les choix à faire et les arbitrages à rendre sont difficiles", a reconnu Didier Migaud lors de l'audience solennelle de rentrée de la Cour. Mais "il reste possible de répondre aux attentes qui se sont exprimées (…) sans renoncer à l'effort de redressement des comptes publics", a-t-il poursuivi.

Les "efforts de redressement semblent marquer le pas". Selon Didier Migaud, "des efforts ont incontestablement été réalisés ces dernières années" qui ont permis de réduire "de façon ininterrompue" le déficit. Pourtant "ces efforts de redressement semblent marquer le pas", a-t-il regretté. "La conséquence de cette situation, nous la connaissons : notre pays ne parvient pas à stabiliser sa dette publique", proche de "la barre symbolique des 100% de notre produit intérieur brut", a-t-il souligné. Une situation qui expose la France "aux conséquences d'une remontée des taux d'intérêt que nous savons probable, voire certaine" et risque d'entamer "la crédibilité de notre pays" face à nos partenaires européens, selon Didier Migaud.

L'exécutif a décidé de relâcher la contrainte budgétaire. Selon Bercy, le déficit public, qui s'est réduit de façon ininterrompue depuis 2009, devrait s'établir à 2,6% du PIB en 2018, soit un niveau similaire à celui de 2017. Pour 2019, le gouvernement avait à l'origine prévu un léger rebond (2,8%) lié à la transformation du CICE en baisse de charges pérennes, mais inférieur à la limite des 3% fixée par la commission européenne.

En raison de la crise des "gilets jaunes", l'exécutif a toutefois décidé de relâcher la contrainte budgétaire, en annonçant une série de mesures pour le pouvoir d'achat, chiffrées à 10 milliards d'euros. Selon Bercy, le déficit devrait ainsi s'établir à 3,2% du PIB en 2019. Mais selon plusieurs économistes, le dérapage pourrait être plus important, en raison notamment du ralentissement de la croissance. "La fin d'année 2018 a conduit à des attentes très fortes à l'égard de l'Etat", a souligné Didier Migaud. Mais "les circonstances actuelles imposent non pas de freiner mais d'accélérer" la "transformation de l'action publique", a-t-il dit.