Finances publiques : la Cour des comptes étrille Emmanuel Macron et le gouvernement

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Europe 1 avec AFP , modifié à
Dans un rapport publié mardi, la Cour des comptes a pointé du doigt l'ambition "limitée de l'exécutif pour redresser les Finances publiques et s'inquiète d'une dette "préoccupante". "Le redressement des finances publiques est aujourd'hui quasiment à l'arrêt", déplore les Sages.

La Cour des comptes a reproché mardi au gouvernement français son ambition "limitée" pour redresser les finances publiques, dont l'évolution, avec une dette qui ne reflue pas, est "préoccupante", notamment depuis les mesures décidées face au mouvement des "gilets jaunes". "Le redressement des finances publiques, déjà très graduel au cours des dernières années, est aujourd'hui quasiment à l'arrêt", note dans son rapport annuel l'institution financière, qui appelle l'exécutif à prévoir "une réduction du déficit structurel ambitieuse, cohérente avec les règles européennes, et ne repoussant pas (...) l'essentiel des efforts à accomplir".

Le gouvernement a prévu pour 2020 de ramener le déficit public à 2,2% du produit intérieur brut (PIB) contre 3,1% l'an dernier, puis d'atteindre 1,5% en 2022. Mais, pointe la Cour, la baisse prévue entre 2019 et 2020 reflète "essentiellement le contrecoup technique de la transformation du CICE" (le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi remplacé par des baisses de charges pérennes) et non des efforts supplémentaires d'économies ou de maîtrise des dépenses. Et si la réduction du déficit reprend "à un rythme modéré à partir de 2021", cela se fait "sans incorporer de rattrapage des écarts" accumulés auparavant. "Cette trajectoire ne fait donc que décaler le redressement à accomplir."

La progression des dépenses publiques pourrait être supérieure aux prévisions en 2020

Par ailleurs, la Cour s'interroge sur la "crédibilité" de la trajectoire annoncée par l'exécutif alors qu'il a déjà prévu de poursuivre les baisses d'impôts, que ce soit l'impôt sur les sociétés ou la taxe d'habitation, sans "aucune mesure (...) identifiée" de maîtrise des dépenses, comme l'abandon des objectifs de réduction d'effectifs dans la fonction publique. "En 2020, des risques existent sur la tenue des objectifs", prévient encore la Cour. La progression des dépenses publiques pourrait être supérieure aux prévisions, car sujette à des éléments "échappant au contrôle direct du gouvernement", comme l'évolution des taux d'intérêt. Et le gouvernement pourrait avoir surestimé les économies générées par la réforme de l'assurance-chômage.

Outre le déficit, la dette publique est en hausse en 2019 à 98,8% du PIB, avant une relative stabilisation attendue cette année à 98,7%.  "Le contraste est saisissant avec la situation moyenne de nos partenaires", fustige l'institution financière, qui souligne que la dette publique a reculé de plus de 9 points dans la zone euro, hors France et Allemagne. Conséquence: la France dispose de "moins de marges de manœuvre pour la politique qu'elle entend mener, notamment en cas de récession ou d'autre choc majeur", prévient la Cour, toujours dans l'attente de la nomination du successeur de Didier Migaud comme premier président.