Grande distribution 2:07
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Vitres en plexiglas, files d'attente métrées… La grande distribution s'est adaptée dans l'urgence à l'épidémie de coronavirus. Dans un contexte de confinement, les salariés, très sollicités, demandent plus de garanties pour leur sécurité, estime sur Europe 1, Brahim Messaouden, caissier chez Carrefour et représentant syndical Force ouvrière.

Depuis le début de l'épidémie de coronavirus, les établissements ont fermé les uns après les autres. En revanche, les petites, moyennes et grandes surfaces restent ouvertes, pour permettre à la population confinée de faire ses courses. Mais cette configuration inédite place les salariés de la grande distribution sous une grande pression. Sont-ils suffisamment protégés de l'épidémie ? Sur Europe 1, Jacques Creyssel, le président de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) et Brahim Messaouden, caissier chez Carrefour et représentant syndical Force ouvrière, en ont débattu dimanche soir.

 

Car dans le monde de la grande distribution, tout s'est très vite compliqué. La mise en place du confinement, mardi midi, a précipité les Français dans les supermarchés pour faire leurs courses. "Depuis jeudi soir, on est full (complet), avec des contraintes supplémentaires de sécurité", assure Brahim Messaouden. "Dans beaucoup de magasins, c'est très compliqué. On est en première ligne."

Une "vraie crainte" des salariés

Sur le terrain, la population a pu observer que les magasins s'adaptaient pour faire face à l'épidémie. "Nous avons pris l'engagement de faire un guide de bonnes pratiques : mettre des vitres en plexiglas, encourager les gestes barrières, utiliser du gel toutes les demi-heures, nettoyer les caddies et les paniers", détaille Jacques Creyssel.

Pour Brahim Messaouden, tout n'est pourtant pas parfait : "On se rend compte que la grande difficulté, c'est la mise en oeuvre effective sur le terrain. Le responsable du magasin va-t-il mettre l'accent sur la protection des salariés ou sur le service aux clients ?" Le responsable syndical déplore le fait que les salariés soient "exposés" au virus : "On a une vraie crainte pour savoir si on a déjà été touchés par la maladie ou pas."

Une prime pour tout le secteur ?

Surtout, selon le représentant FO, l'ensemble des dispositions ne sont pas prises pour protéger salariés et clients : "On regrette qu'il y ait peu d'annonces vocales en magasin, lors de l'ouverture pour rappeler les règles du jeu pour les salariés et les clients", critique-t-il. "C'est quelque chose qui n'a pas été mis en place de manière systématique." "On sensibilise nos adhérents", réplique le président de la Fédération du Commerce et de la Distribution. "Il y a des annonces très régulières sur les mètres de distance. Je vais relancer l'ensemble des enseignes pour faire en sorte que ça soit complètement appliqué", promet-il.

Contexte difficile, conditions extrêmement particulières… Toutes les entreprises de la grande distribution doivent-elles accorder une prime de 1.000 euros aux salariés, comme l'ont fait Auchan, Intermarché et Carrefour ? "Ceci relève de chaque entreprise et je pense que chacun est conscient du sujet", estime Jacques Creyssel. "700.000 personnes sont maintenant au feu et ça serait un geste extrêmement fort, qui marque l'attention qu'on apporte à notre profession", répond Brahim Messaouden. "Rien n'empêche que la branche se positionne pour qu'il y ait un effort de tout le monde."

Des produits qui manquent, "mais pas de pénurie"

Sur Europe 1, le président de la Fédération du Commerce et de la Distribution se veut rassurant. "Il n'y aura pas de pénurie", assure Jacques Creyssel. "Il peut y avoir naturellement des produits qui manquent, mais ça ne sert strictement à rien de faire des provisions." Alors que la semaine qui démarre s'annonce difficile, avec un confinement qui pourrait s'intensifier, "tous les magasins resteront ouverts", garantit-il, avec "un système de suivi de mobilisation absolument incroyable".