Céline Lazorthes, fondatrice de Leetchi : "Les jeunes ne rêvent plus d’aller travailler dans les grands groupes"

© ERIC PIERMONT / AFP
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A.D
La fondatrice de la cagnotte en ligne Leetchi milite pour l'entrepreneuriat, la formation professionnelle et l’égalité hommes-femmes.
INTERVIEW

Il y a huit ans, Céline Lazorthes, 35 ans sous peu, lançait Leetchi, une cagnotte en ligne. Son entreprise a été revendue il y a deux ans au Crédit Mutuel, qui en est le principal actionnaire, mais elle en reste la salariée et la dirigeante. Invitée dans l'émission EcoSystème, l'entrepreneuse a expliqué sa vision de l'entreprise.

L'adieu au système de la petite enveloppe. L’histoire de Leetchi est proche de sa créatrice. Étudiante en école de commerce, elle décide d’organiser le week-end d’intégration de sa promo et part collecter de l’argent avec une petite enveloppe. "Tout le monde connaît cette expérience. J’ai dû avancer avec ma trésorerie d’étudiante de quoi financer ce week-end." Elle se dit alors qu’il doit exister un service pour collecter et gérer de l’argent à plusieurs. Erreur. Pourtant, les occasions de faire des cagnottes partagées étaient légions : "le week-end entre copains, un événement de solidarité, le traditionnel cadeau commun… L’aventure est née comme ça."

"L'entreprise du numérique est plus juste". La cagnotte moyenne sur Leetchi est d’environ 380 euros aujourd'hui. L'entreprise fonctionne par prélèvement d’une commission soit auprès des utilisateurs, soit auprès de ses partenaires, et doit faire face à de plus en plus de concurrents, qui ne sont qu'à un clic. Facebook via Messenger vient d’ailleurs d’annoncer un système de paiement entre utilisateurs de la messagerie. "L’usage est assez différent, nuance Céline Lazorthes. "Sur Messenger, on parle de se transmettre de l’argent. Ce n’est pas le métier de Leetchi qui est d’avoir une cagnotte en ligne, avec une histoire. "Avec une centaine de collaborateurs, l'entreprise cherche toujours à se développer. "On est encore petit. Mais notre ambition de leader européen et mondial est présente. Le rôle du gouvernement est de nous aider à faire d’une entreprise franco-française, une entreprise a minima européenne", indique la fondatrice, pas uniquement pour son entreprise.

Entendu sur europe1 :
Entre le plus bas salaire et le plus haut salaire, il n’y a qu’un différentiel de x4 chez nous.

"Les jeunes ne rêvent plus d’aller travailler dans les grands groupes mais d'être acteur de leur destin. Il y a une énorme accélération de la création d’entreprise. L’entreprise est le lieu où on peut le plus rapidement changer la société. L’entreprise du numérique est plus juste, par exemple parce qu'entre le plus bas salaire et le plus haut salaire, il n’y a qu’un différentiel de x4 chez nous", comme dans la majorité des entreprises numériques explique Céline Lazorthes, qui n’est d’ailleurs pas le plus gros salaire de Leetchi.

L'attention au social. Elle dit aussi accorder une importance particulière à un travail en harmonie. "Je me considère comme la chef d’orchestre, je ne suis pas la soliste." La jeune entrepreneuse est également une farouche défenseuse de la formation professionnelle. "On a notre gardien qui fait une formation de développeur. Je crois au fait qu’on peut changer de destin." Autre axe important pour elle : l’égalité hommes-femmes. "45% de femmes" sont des salariés de Leetchi précise-t-elle. "J’ai un fort besoin de justice. Plus jeune, je ne me croyais pas féministe. Mais je le suis profondément (...) Chaque année, on fait l’exercice de vérifier que chaque homme et chaque femme est payé de façon égale. On a mis en place – et j’encourage toutes les entreprises à le faire – une grille d’évaluation qui fait que ce n’est pas le salarié qui demande une augmentation parce que c’est vrai que parfois les femmes peuvent être un peu plus timorées sur le sujet."