Budget : vers une grande réforme des agences publiques pour alléger le budget de l’État
Pour dégager 40 milliards d’économies, le gouvernement envisage de réorganiser ou supprimer des agences publiques. L’IFRAP pousse plus loin en proposant privatisations et suppressions ciblées, estimant que l’État peut économiser jusqu’à 7 milliards d’euros d’ici 2029.
François Bayrou doit présenter dans les prochains jours les arbitrages permettant de réaliser 40 milliards d’euros d’économies dans le budget de l’État. Le gouvernement promet des annonces d'ici à la mi-juillet. Parmi les pistes sérieusement étudiées figure une réforme en profondeur des agences publiques, ces centaines de structures aux missions parfois floues, qui mobilisent près de 80 milliards d’euros d’argent public chaque année.
L’objectif initial du gouvernement est de récupérer 2 milliards d’euros grâce à des suppressions et des fusions. Mais certains, comme la fondation IFRAP, estiment que l’effort peut être bien plus conséquent.
Des fusions, des suppressions… et des privatisations
Ce cercle de réflexion d’inspiration libérale propose des mesures plus radicales : supprimer certains opérateurs publics comme l’ADEME, dont les missions pourraient être confiées aux directions régionales de l’environnement ou fusionner des structures proches, à l’image de l’Office national de recherche aérospatiale avec l’Institut supérieur de l’aéronautique.
L’IFRAP suggère aussi de rapatrier certaines taxes affectées directement dans le budget de l’État. Selon ses calculs, ces mesures permettraient d’économiser un peu plus de 7 milliards d’euros d'ici à 2029, dont 3 milliards dès 2027.
Mais la fondation va encore plus loin et appelle à la privatisation d’une vingtaine d’opérateurs, parmi lesquels Météo France ou Voies Navigables de France, ce qui représenterait 4 milliards d’euros supplémentaires d’économies.
Un appel à repenser en profondeur l’organisation de l’État
Pour Agnès Verdier-Molinier, directrice de l’IFRAP, il est temps pour l’État de s’interroger sur l’utilité réelle de ces structures. "L'État doit prendre le réflexe d'évaluer l'utilité de ses opérateurs. Est-ce qu'on a besoin d'opérateurs sur la santé, plus du ministère de la Santé, des agences régionales de santé et des caisses primaires d'assurance maladie ? Le sujet, c'est de se poser la question du nombre d'opérateurs et d'agences, mais aussi du nombre de ministères, du nombre de collectivités locales", détaille-t-elle.
La réflexion dépasse le simple cadre des agences : elle pose aussi la question du nombre de ministères, de collectivités locales, et plus largement de l’organisation administrative du pays.
À ce jour, les agences et les opérateurs de l’État représentent 500 000 emplois et 38 milliards d’euros de masse salariale. Un chantier d’ampleur que le gouvernement s’apprête à ouvrir, sous forte pression budgétaire.