Le Brexit, ce n'est pas une si mauvaise nouvelle pour l'économie française

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Le quartier des affaires de la Défense, à Paris. © THOMAS COEX / AFP
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et Anne-Laure Jumet , modifié à
La France étant l'un des principaux partenaires commerciaux du Royaume-Uni, le Brexit fait craindre une baisse de l'activité. Mais il pourrait aussi être favorable à l'économie hexagonale.

Les Britanniques ont choisi vendredi de quitter l'Union européenne, mais ils ne seront pas les seuls à en subir les conséquences économiques : la France va également être affectée, Paris entretenant d'étroites relations commerciales avec Londres.

Tour d'horizon des possibles répercussions du Brexit :

  • Un coup dur pour les entreprises exportatrices

La livre sterling a déjà commencé à perdre de sa valeur et la plupart des institutions internationales prévoient que un ralentissement de la croissance britannique. Résultat, le Royaume-Uni va réduire ses importations et donc ses commandes auprès des entreprises françaises tournées vers l'export. Les secteurs les plus touchés : la chimie, l'agroalimentaire et les machines-équipements. 34 grands patrons français avaient d'ailleurs fait paraître mardi dans la presse britannique une lettre commune mettant en garde contre les conséquences d'un Brexit. 

Au total, les pertes pour nos industries exportatrices s'élèveraient à plus de 3,2 milliards d'euros d'ici 2019 si des tarifs douaniers sont instaurés entre la France et la Grande-Bretagne. Selon une étude de l'assureur crédit Euler Hermes, cela représente 0,5 % du total des exportations tricolores.

 C'est également un coup dur pour l'un des fleurons de l'industrie européenne, Airbus. L'avionneur fabrique ses ailes au Royaume-Uni, au pays de Galles plus précisément. Si des barrières douanières sont rétablies, Airbus va perdre en compétitivité.

  • Mais une source d'espoir pour la place financière de Paris

Le Brexit pourrait en revanche être une bonne nouvelle pour le secteur financier français. "L'essentiel des entreprises et des clients sont sur le continent, mais les banquiers étaient à Londres; l'essentiel de l'épargne est sur le continent, mais une grande partie des gestionnaires d'actifs sont à Londres; la monnaie unique est sur le continent, mais une grande partie des opérations sur l'euro sont à Londres : tout cela va devenir une anomalie, il est normal qu'un certain nombre de ces activités basées à Londres finissent par évoluer vers le continent et la zone euro", a déclaré le patron d'Euronext, vendredi sur Europe 1

HSBC, première banque européenne, avait d'ailleurs annoncé avant le scrutin qu'elle relocaliserait à Paris 1.000 salariés en cas de Brexit. La banque américaine JPMorgan a également fait part vendredi matin d'un possible changement de la "localisation de certains emplois" : entre 1.000 et 4.000 emplois seraient concernés. 

Pour ne pas rater le coche, une quinzaine de personnes ont travaillé sur le scénario d’un Brexit sous l’égide de Christian Noyer, ancien gouverneur de la Banque de France. Ils ont listé les atouts de la place financière de Paris pour attirer les banques et les fonds d’investissement, auprès desquels ils ont mené un intense lobbying en amont du vote. Vendredi matin, la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a d'ailleurs souligné qu'elle était "prête à accueillir tous ceux qui veulent revenir en Europe, dans la zone euro, et on leur dit 'welcome to Paris region'". 

  • Une bonne nouvelle pour l'immobilier de luxe français ? 

Le possible déménagement en Europe continentale d'une partie des employés du secteur financier, mais aussi de certaines grandes fortunes, devrait également faire les affaires de l'immobilier de luxe. Depuis quelques mois, les demandes de renseignements avaient d'ailleurs déjà afflué : une agence qui a pignon sur rue à Paris a par exemple vingt projets d'achat qui vont se concrétiser dans les jours qui viennent. Les acheteurs, en majorité des Français expatriés, attendaient de connaître le résultat du référendum.