Baisse des APL : les offices HLM entrent en guerre contre le gouvernement

© PASCAL GUYOT / AFP
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François Geffrier, édité par R.Da.
Les tensions autour de la baisse des APL entre le secteur des HLM et le gouvernement montent d'un cran. Certaines communes ont décidé de geler tout travaux.

La fronde des organismes HLM est en marche ! Emmanuel Macron veut faire baisser les APL de 50 à 60 euros pour les locataires de logements sociaux, et diminuer dans le même temps les loyers APL de 60 euros. Au total, le gouvernement vise une économie d’1,7 milliard d’euros de dépense publique dans le logement social en 2018. Alors, face à la baisse annoncée de leurs revenus, des dizaines d’offices et d’entreprises d’habitat social se mobilisent, dont une quarantaine rien qu’en Île-de-France. Des projets de rénovations d’immeubles ou de constructions de nouveaux logements sont arrêtés. C’est le cas notamment à Alfortville.

De nombreux chantiers en suspens. Dans le Quartier de l’îlot Saint-Pierre, le patron de l’office HLM Logial Julien Boudin est censée commencer en juin prochain la rénovation d’une série de petits immeubles de briques rouges au bord d’une voie ferrée. "Ces immeubles datent de 1957 et 1962, il s’agit d’une rénovation thermique. On rajoute de l’isolant, des plaques. C’est un projet à 4 millions d’euros. La baisse des APL c’est 1,9 millions d’euros pour notre office. Comment fait-on pour stabiliser notre opération ? On ne peut pas ! Qu’est-ce que l’on va dire aux locataires ?", pointe-t-il auprès d’Europe 1.

Le besoin de rénovation est réel, confirme encore Pascal Danneels, l’un des gardiens d’immeuble : "C’est mal isolé, les murs sont froids, les gens ont froid. Ils utilisent des chauffages d’appoint. Avec les charges, ça coûte cher". À cinq minutes à pied, dans le quartier Chantereine, on trouve encore un autre projet arrêté par l’office Logial : détruire du vieux et reconstruire. "À cet endroit, il y a avait trois tours, il en reste encore trois à détruire", explique Julien Boudin. "On passe d’immeuble de dix-huit étages à des immeubles de trois à quatre étages, à taille humaine. Mais tout ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que cette opération ne pourra pas être concrétisée", déplore le responsable.

La majorité prête à étaler la baisse des APL. Autre problème : les appels d’offres sont bouclés, et donc les entreprises du bâtiment déjà désignées. Ainsi, l’arrêt des chantiers fait craindre du chômage technique. Pour tenter de débloquer la situation, la majorité se dit prête à faire glisser la baisse des APL sur deux ou trois ans. "Nous sommes prêts à discuter de l’étalement dans le temps de la baisse des APL, que nous pourrions faire passer dans un amendement au projet de loi de finances pour 2018", explique auprès du Parisien Aurélien Taché, député LREM du Val-d’Oise et président du Conseil national de l’habitat. En contrepartie, les députés réclament une modernisation des différents organismes de bailleurs sociaux, dont ils estiment le fonctionnement archaïque, avec trop peu de réinvestissement.

Mais du côté des intéressés, le dialogue semble fermé. "Nous proposer un délai de deux à trois ans, ce n’est pas croquignolesque mais tout bonnement du travail de gribouille", gronde auprès du quotidien francilien Marianne Louis, secrétaire générale de l’Union syndicale pour l’habitant qui rassemble les principales fédérations d’organismes HLM. Alors que le vote du budget prévu en décembre, les deux partis n’ont plus que quelques semaines pour céder du terrain et tenter de trouver un accord.