Avec la multiplication des catastrophes naturelles, les assureurs pourraient repenser leur système d'indemnisation

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Aurélien Fleurot, édité par Anaïs Huet
Chaque année depuis dix ans, les assurances déboursent des fortunes pour indemniser les particuliers touchés par des catastrophes naturelles. Et selon eux, le système atteint ses limites.

L'état de catastrophe naturelle a été reconnu dans 126 communes de l'Aude touchées par les inondations en début de semaine. Depuis plusieurs années, les événements climatiques de cette ampleur se sont multipliés en France, ce qui pose la question de la pérennité du système actuel d'assurances. 

Aucune année de répit. On le sait, et c'est inévitable : nos primes d'assurance vont augmenter en 2019. L'explication est simple : depuis bientôt dix ans, il y a chaque année plusieurs catastrophes d'ampleur. Et il n'y a eu aucune année de répit pour équilibrer les comptes, pour "mutualiser les risques", selon les termes employés par les assureurs. De fait, la Caisse centrale de ré-assurance - l'assurance des assureurs - doit piocher dans ses réserves : plus d'un milliard d'euros en 2017. Et ce sera certainement pire en 2018.

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La solidarité a ses limites. Dès lors, le régime des catastrophes naturelles basé sur la solidarité, et qui est une particularité française, va forcément évoluer. Avec le système actuel, les assurances ne pourront plus couvrir les dégâts. Interrogés par Europe 1, Generali et Allianz expliquent qu'il ne faut pas pénaliser les plus exposés. Mais ils considèrent dans le même temps que la solidarité a ses limites. Ils demandent aux pouvoirs publics de s'engager davantage auprès des assurés, et rappellent aussi aux communes leurs obligations. Et pour cause, toutes n'ont pas de solides plans de prévention.

Prévenir plutôt que guérir. "La mutualisation économique consiste à ce que les bonnes années viennent compenser les mauvaises. Or, il y a de plus en plus de mauvaises années. Sur le long terme, oui, les coûts peuvent augmenter. Mais le seul moyen de les limiter, c'est de réduire les dommages. C'est pour cela que la politique de prévention doit être développée, tout comme les plans communaux de sauvegarde et plus généralement, la culture du risque", explique Bernard Spitz, le président de la Fédération française de l'assurance, au micro d'Europe 1.

Selon une étude de la Fédération française de l'assurance datant de 2015, si rien n'est fait, les assureurs devront payer d'ici 2040 44 milliards d'euros supplémentaires. Elle alerte sur deux menaces principales : les submersions marines, comme on en a connu avec la tempête Xynthia, et la sécheresse.