Raymond Soubie est l'ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy. 2:46
  • Copié
Antoine Terrel
Invité mardi d'Europe 1, l'ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy estime que l'annonce d'Emmanuel Macron, qui a annoncé sa préférence pour un calcul des droits à la retraite lié à la durée de cotisation plutôt qu'à l'âge de départ, "va conduire un certain nombre de personnes a travailler au-delà de 62 ans". 
INTERVIEW

Emmanuel Macron a surpris son monde, lundi, en abordant la question de la future réforme des retraites. Le président de la République a en effet annoncé sa préférence, dans le projet de refonte du système des retraites, pour un calcul des droits à la retraite lié à la durée de cotisation plutôt qu'à l'âge de départ. Au micro d'Europe 1, l'ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, estime que cette annonce est "une sage décision, mais pas une décision majeure". 

"C'est une sage décision, mais pas une décision majeure dans le processus sur les retraites, car il s'agit d'aboutir à ce que l'âge moyen de la retraite soit retardé pour des raisons d'équilibre financier", juge-t-il. Pour la réforme des retraites, "il y avait trois voies", estime Raymond Soubie. "Celle prise en 2010, qui consiste à mettre l'âge de la retraite de 62 à 64 ans, celle de mettre une décote ou une surcote de manière à inciter les gens à travailler au-delà de 62 ans, ce qui était le projet de Jean-Paul Delevoye, et enfin la troisième voie, que préconise Emmanuel Macron." Concernant cette dernière, Raymond Soubie rappelle que cette méthode avait déjà été utilisée par François Fillon en 2003 lors de sa réforme des retraites et par Marisol Touraine en 2014.

"La méthode d'Emmanuel Macron est sans doute plus juste"

Cette annonce d'Emmanuel Macron "va conduire un certain nombre de personnes a travailler au-delà de 62 ans", reconnaît l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, "mais c'est l'objectif recherché". "Quand Emmanuel Macron a annoncé sa réforme pendant sa campagne présidentielle, les comptes étaient supposés être équilibrés. Or, les derniers chiffrages montrent le contraire, avec un déficit de 8 à 10 milliards par an en 2020 et un déficit qui dure jusqu'en 2040-2050." "Donc de toute manière, on ne peut pas y échapper", estime-t-il encore. Mais, reconnaît-il, "la méthode d'Emmanuel Macron est sans doute plus juste, parce que moins dure pour les gens qui ont eu une carrière longue."

Alors que, selon le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, ne pas relever l'âge du départ à la retraite revient à "mentir par omission aux Français", Raymond Soubie partage cette analyse. "Aujourd'hui, pour partir à la retraite, il faut 62 ans et 41 années et demi de cotisation, il faut les deux conditions en même temps. Si vous augmentez les 41 et demi pour les porter à 43 ans, il faudra travailler plus longtemps et ça retardera l'âge du départ", prédit-il.