Travaux coûteux dans son bureau : Thierry Lepaon s'explique

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INTERVIEW E1 - Le secrétaire général de la CGT s'est expliqué mercredi sur la polémique sur la rénovation de son bureau et de son logement.

Invité d'Europe 1 mercredi soir, Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, s'est expliqué à propos des révélations sur les coûteuses rénovations de son logement de fonction et de son bureau. Et à ses yeux, il n'y a rien d'anormal. "J’ai dû recevoir environ 60 journalistes depuis que je suis élu secrétaire général de la CGT, aucun d’entre eux ne m’a fait une réflexion sur le bureau", a-t-il déclaré, avant d'ajouter que ces travaux s'inscrivaient dans un vaste plan de rénovation du siège de la CGT.

Une polémique à base de devis. Thierry Lepaon est au cœur d’une polémique depuis quelques semaines, après les révélations du Canard Enchaîné sur la très coûteuse rénovation de son logement de fonction, pour une facture de 105.000 euros alors qu'il venait d'être refait. Et le secrétaire général de la CGT a de nouveau été pointé du doigt après de nouvelles révélations sur la rénovation de son bureau au siège de la CGT, des travaux qui ont coûté 62.000 euros à la centrale syndicale. 

CGT syndicat

"Cela faisait 15 années que le bureau n’avait pas été refait". "Notre bâtiment a été construit il y a 30 ans, et donc pensé de manière pratique il y a presque 40 ans. Tous les ans, il y a des travaux réalisés pour entretenir ce patrimoine que nous ont laissé les générations précédentes. Le bureau que j’occupe aujourd’hui, c’est le bureau de mon prédécesseur, cela faisait 15 années qu’il n’avait pas été refait. Et donc au bout de 15 ans, on a estimé qu’il était bon de refaire le bureau du secrétaire général de la CGT. Mais cela s’inscrit vraiment dans un programme de travaux de l’ensemble de la maison confédérale, et plus généralement du siège de la CGT", a souligné Thierry Lepaon.

Mais à quoi ressemble donc ce bureau ? "Il y a une table qui permet de travailler à huit, c’est là qu’on fait les réunions préparatoires au bureau confédérale. C’est là aussi que je reçois les invités. Il y a un bureau, en bois et en verre, il y a trois fauteuils et un meuble de rangement dont la particularité, c’est qu’il a une forme un peu atypique puisque le toit du meuble ressemble à un toit d’usine. Je pense que l’architecte qui a pensé cela l’a pensé en fonction de qui j’étais et donc cela m’a fait plaisir", a-t-il précisé.

"Je pense que tout le monde dans cette affaire a voulu bien faire"

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La CGT devait-elle dépenser autant d'argent ? "La réponse naturelle, c’est non". Thiery Leapon l'assure, il a "découvert le montant total dans la presse. J’ai compris aussi qu’à Paris, quand on fait des travaux, c’est pas comme en province. La facture s’allonge assez facilement". "La question qui se pose et qui était légitime, c’est : 'est-ce que la CGT devait mettre une telle somme dans un appartement qui est loué ? La réponse naturelle, c’est non'", a-t-il ajouté.

"Ce qui m’a conduit d’ailleurs à ce qu’on réfléchisse à ‘comment est-ce qu’on prend collectivement ce type de décision’. Je pense que tout le monde dans cette affaire a voulu bien faire  et que le résultat, c’est que même quand on veut bien faire, on peut faire des choses qui ne sont pas normales", a-t-il poursuivi. Avant de revenir sur la génèse du choix de son appartement de fonction : "c’était la première fois que la CGT avait à loger son secrétaire général. Quels ont été les critères ? Il ne faut pas le mettre loin de la confédération, il faut le mettre dans un coin à peu près tranquille où il peut avoir une vie personnelle, privée -je vous assure qu’aujourd’hui c’est fini-, un endroit qui soit sécurisé, et il faut qu’il y ait deux chambres, un salon, une cuisine. C’est les critères qui ont été donnés."  Et, à ses yeux, "les gens qui se sont occupés dans les services de cette question-là ont tous voulu bien faire".

"Pas un climat confortable" au sein de la CGT. Au-delà du fond de l'affaire, ces révélations, qui proviennent probablement de fuites internes, posent la question d'une guerre intestine au sein du syndicat. Une hypothèse que Thierry Lepaon n'écarte pas : "des documents qui sortent de l’internet et qui sont envoyés à une partie de la presse, c’est troublant. Moi, il y a une chose qui me peine profondément, c’est cela : des gens utilisent des factures, des devis pour essayer de faire en sorte qu’il puisse peser une espèce de calomnie sur la CGT, sur moi", a-t-il réagi.

Avant de poursuivre : "je ne veux pas rentrer dans une chasse aux sorcières. Il y a une enquête interne qui vise à travailler la question des procédures. Le personnel fédéral y compris est malheureux : quand on croise des gens et qu’on se dit ‘peut-être qu’il y en a un ici qui a pris des documents et qui les a remis à la presse pour faire du mal à l’organisation syndicale CGT et au secrétaire général'; cela ne crée pas un climat confortable". Une hypothèse d'autant plus probable que l'élection de Thierry Lepaon s'est faite dans la douleur, son prédécesseur Bernard Thibault ayant désigné un autre dauphin, Nadine Prigent. Et Thierry Leapon d'ajouter : "il peut y avoir de cela. Je ne veux pas jeter la suspicion ni sur le personnel de la maison confédérale ni sur les dirigeants. J’appelle chacun à la responsabilité."

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