Taxe à 75% : quelle facture pour le foot ?

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avec Xavier Yvon , modifié à
Matignon a confirmé que la taxe n'épargnera pas le football. Avec quelles conséquences ?

L’INFO. Ils croyaient y échapper et s’en félicitaient déjà mais les professionnels du football ont été rattrapés par la réalité : sauf nouveau rebondissement, joueurs et entraîneurs de Ligue 1 seront bien concernés par la taxe exceptionnelle et temporaire de 75% sur les salaires dépassant un million d’euros. Depuis, les protestations fusent, mais que changerait vraiment une telle taxe ?
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Gomis face à Clément (930x620)

• Qui est concerné ? Si les footballeurs professionnels gagnent confortablement leur vie, en moyenne 46.000 euros brut par mois, ils ne sont qu’une grosse centaine à gagner plus d’un million d’euros par an. Un chiffre confirmé par René Charrier, vice-président de l’UNFP, mardi sur Europe 1 : "entre 100 et 120 joueurs" dépasseraient la barre bientôt fatidique des 83.333 euros bruts mensuels.

Combien cela va-t-il coûter aux footballeurs ? Que les footballeurs concernés ne s’affolent pas trop vite : dans la grande majorité des cas, le contrat d’un joueur indique un salaire net, parfois même après impôt. Si la fiscalité change, ce ne sont donc pas les joueurs mais les clubs qui paieront l'addition.

Martine Aubry fête la coupe de France, 930

© REUTERS

Quel surcoût pour les clubs ? Pour ces derniers, le surcoût pourrait s’élever à "82 millions d'euros, soit une hausse de 30 % de leurs charges ", dixit Les Echos. Voire entre 130 et 150, comme l’affirme l’Union des clubs professionnels de football (UCPF) ? De quoi inquiéter René Charrier, vice-président de l’UNFP, principal syndicat des joueurs : "si c’est confirmé, cela va avoir des conséquences à court terme sur les finances des clubs. Et ce qu’il faut retenir, c’est que dans les années à venir, très rapidement, il va y avoir une difficulté à conserver nos meilleurs joueurs et à faire venir de bons joueurs". ".

Quels clubs seraient concernés ? Évidemment le Paris-SG et ses pétrodollars, mais aussi les clubs du haut de tableau : l’Olympique de Marseille, l’Olympique lyonnais, Lille, ou encore Bordeaux. Saint-Etienne y échapperait… à condition que les primes ne soient pas prises en compte dans le calcul de la taxe. Si c'était le cas, le club stéphanois devrait payer entre 7 et 8 millions d'euros, ce qui inquiète son président, Bernard Caïazzo : "Saint-Etiene est un club qui ne perd pas d'argent mais n'en gagne pas non plus. C'est donc meurtrier, nous serions obligés de vendre des joueurs,  on appauvrirait notre équipe".

La situation est plus compliqué à Lyon, Marseille et Lille, où un tiers de la masse salariale est concerné par la taxe. A titre d’exemple, la taxe coûterait selon nos premiers calculs 5.75 millions au PSG pour le seul Zlatan Ibrahimiovic. A Marseille, le salaire de Valbuena ne coûterait lui "que" 950.000 euros.

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Vraiment un drame pour le football français ? Si le monde du football s’inquiète de cette mesure, Lionel Maltese, professeur en marketing sportif à Aix-Marseille à la Kedge Business School, se montre beaucoup plus rassurant : "cette taxe n'impactera que les énormes clubs, comme le Paris SG, et pour eux ça ne changera rien, ils vont juste dépenser un peu plus". A ses yeux, le paysage sportif européen est déjà divisé entre "une dizaine de clubs extra normaux (dont le PSG) et les clubs normaux", comme l'OM ou l'OL, qui de toutes façons ne peuvent déjà plus s'aligner au niveau salaires pour recruter des grands noms. Un "salary cap" (une barrière salariale) qui n’a pas grand-chose à voir avec la fiscalité.