Non, les patrons ne sont pas tous contre les 35h

Europe 1 a enquêté et, aussi surprenant que cela puisse paraître, beaucoup de dirigeants ne sont pas prêts du tout à renégocier cette durée légale du temps de travail.
Europe 1 a enquêté et, aussi surprenant que cela puisse paraître, beaucoup de dirigeants ne sont pas prêts du tout à renégocier cette durée légale du temps de travail. © MAXPPP
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Elisabeth Assayag avec , modifié à
IDÉES REÇUES - Un rapport franco-allemand présenté jeudi repose la question de la durée légale du temps de travail.

Le débat sur les 35h ressurgit une nouvelle fois. Emmanuel Macron a récemment expliqué aux députés qu'il ne fallait pas les mettre sur un piédestal. Et un rapport commandé conjointement par les gouvernements français et allemand, qui doit être remis jeudi, se penche aussi sur la réforme du temps de travail. Et selon le magazine allemand Der Spiegel, le rapport prévoit "entre autres une flexibilisation du marché du travail en France, ainsi qu'un assouplissement des 35 heures dans de nombreux secteurs". 

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Mais les patrons sont-ils vraiment contre ces 35h, accusées par les libéraux et le Medef de plomber la compétitivité ? Europe 1 a enquêté et, aussi surprenant que cela puisse paraître, beaucoup de dirigeants ne sont pas prêts du tout à renégocier cette durée légale du temps de travail instaurée il y a 15 ans par la socialiste Martine Aubry, alors ministre du Travail.

Une "perte de pouvoir d'achat". Pour de nombreux chefs d'entreprises, notamment de PME, réformer les 35h aussi longtemps après leur installation, c'est trop tard. Car pour beaucoup, renoncer aux 35h, c'est aussi baisser le pouvoir d'achat des salariés.

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"Impensable" juge aussi Maxime Cabon, patron d'une PME à Quimper.  "Le temps de travail par semaine, dans ma société, est déjà de 40h. Les salariés, de toute manière, sont en heures supplémentaires. Si le seuil légal remonte à 39 heures, on ne leur paie plus d'heures supplémentaires. C'est une perte de pouvoir d'achat pour eux. Et pour moi, cela signifie qu'il faut renégocier l'ensemble de mes contrats de travail", explique ce dirigeant.

"De la paperasse". Et ce sentiment peut être autant partagé au sein d'une petite que d'une grosse entreprise."Rouvrir le dossier, relancer des discussions sans fin alors que notre problème, actuellement, c'est de remplir le carnet de commande, c'est de la paperasse supplémentaire…", prévient  Philippe Peyrard, le directeur général d'Atoll. "Si vous saviez le temps que l'on perd, et que l'on n'investit pas pour innover. Ce dont nous avons besoin, c'est d'apaisement et de consensus", renchérit-il.  

Pour ces patrons, c'est une certitude, il ne faut pas tout remettre à plat. Mais ils ne sont pas, non plus, fermer à l'idée d'envisager assouplir le temps de travail, au cas par cas, dans l'entreprise en fonction des commandes.