Légion d'honneur : le "médiocre" refus de Piketty

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INTERVIEW E1 - L'économiste a refusé  la Légion d'honneur. Une décision qui ne fait pas l'unanimité. 

L'INFO. L'économiste Thomas Piketty, auteur notamment du Capital au XXIe siècle, a annoncé jeudi refuser la Légion d'honneur qu'il devait recevoir ce 1er janvier. "Je refuse cette nomination car je ne pense pas que ce soit le rôle d'un gouvernement de décider qui est honorable", a-t-il déclaré, lui qui a pourtant été un proche du parti socialiste. Une décision qui a heurté nombre de ses collègues économistes.

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"Il a fait briller les couleurs françaises aux quatre coins du monde". Invité jeudi soir du Club de la presse d’Europe 1, Elie Cohen a d’abord estimé que son collègue "a mérité cette Légion d’honneur : contribution exceptionnelle au travail académique et notoriété mondiale donc il a fait briller les couleurs françaises aux quatre coins du monde. Cela lui crée des responsabilités particulières. Il aurait pu la refuser par principe, mais la refuser en faisant une critique de l’action du gouvernement, j’ai trouvé cela médiocre".

Elie Cohen dans "Le club de la presse" – PARTIE 4par Europe1fr

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"Le sentiment qu'il est un peu fâché". Geneviève Fioraso, secrétaire d'Etat chargée de l'Enseignement supérieur et de la recherche, qui a proposé le nom de Thomas Piketty pour la Légion d'honneur, a "pris acte" de son refus et salué malgré tout "l'excellence" de son travail. "Ce travail qui bénéficie d'une renommée internationale méritait d'être distingué par la République française", a-t-elle regretté. Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du Numérique, a regretté vendredi sur France Inter "la manière" dont l'économiste Thomas Piketty a refusé la Légion d'honneur, ajoutant avoir "le sentiment qu'il est un peu fâché". Le secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat et à la simplification Thierry Mandon a quant à lui estimé sur BFMTV qu' "il y a deux motifs deux refus généralement : par humilité, parce qu'on considère que d'autres l'ont plus mérité" ou "par raison politique". "Thomas Piketty, je ne pense pas que ce soit la première raison", a-t-il glissé.

Certains ont toutefois apprécié le geste de l'économiste. C'est notamment le cas de Florian Philippot, le vice-président du Front national :

Le député socialiste Christian Paul, classé parmi les frondeurs, a lui aussi apporté son soutien à Thomas Piketty :

"Pour lui, c’est une question de cohérence". Joseph Spiegel est le maire PS de Kingersheim, dans le Haut-Rhin. Il s‘est lui aussi fait remarquer en refusant la légion d'honneur en 2014, donnant pour raison de son refus "la critique sans concession d’une démocratie en panne et d’un système à bout de souffle". Vendredi matin, il a commenté la décision de Thomas Piketty sur Europe 1 : "pour lui, c’est une question de cohérence. Lui se dit ‘c’est bien de remettre une médaille, ce serait mieux de m’entendre’. Il est lu et relu aux Etats-Unis et il n’est pas entendu en France. Et c’est un acte de liberté de pouvoir refuser."

Est-ce, aussi, un coup de communication de Piketty ? "C’est un acte de résistance. Il y a certainement ou coup de com’, oui, mais heureusement qu’il y a un coup de projecteur de ce type là !"

Spiegel : "Un acte de liberté de pouvoir...par Europe1fr

Invitée vendredi matin d'Europe 1, Chantal Jouanno a jugé que la décision de Piketty est "un acte politique, il est fidèle à ses idées. Il les avait vendues, notamment la fusion de la CSG et du revenu, le gouvernement s’y étaiit engagé et n’en a finalement retenu aucune. C’est donc un acte politique et cela n’a rien à voir avec la Légion d’honneur."