Le PC est-il mort ?

Les écrans se multiplient mais les ventes de PC chutent.
Les écrans se multiplient mais les ventes de PC chutent. © Reuters
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Jean-Louis Dell'oro , modifié à
Les ventes de PC s’écroulent et les habitudes des consommateurs changent.

Les ventes d’ordinateurs continuent de dégringoler en Europe. Au troisième trimestre, 14,8 millions d’ordinateurs de bureau ou portables ont trouvé preneurs en Europe de l’ouest, soit une baisse de 11,4% des ventes par rapport à la même période en 2010 d’après le dernier rapport Gartner. Comment expliquer cette érosion ? La fin des ordinateurs est-elle programmée dans un avenir proche ? Europe1.fr mène l'enquête.  

La crise est passée par là

Depuis plusieurs mois, les signes inquiétants se multiplient en effet pour le secteur. En août dernier, par exemple, Hewlett-Packard, le numéro un mondial du marché, avait même envisagé de céder sa division d’ordinateurs personnels. Finalement, face à la brutale réaction des investisseurs, HP fera machine arrière.

Les tergiversations de HP démontrent cependant que les constructeurs s'interrogent, doutent. Serait-ce à cause de la crise ? Alors que le marché est déjà saturé, les particuliers renouvellent moins leur matériel. Avec moins d'argent en poche, ils ont tendance à prolonger la durée de vie de leur machine. Les ventes aux particuliers ont d'ailleurs chuté de 18% d’une année sur l’autre.

Et ce n'est pas le marché à destination des entreprises qui redonnera le sourire aux constructeurs. Même s'il tient à peu près (-2,1%), il profite surtout de l’arrivée de Windows 7 et de la mise à niveau du parc des entreprises.

La concurrence des tablettes et des smartphones

La conjoncture n’explique pas à elle seule ce déclin des ordinateurs. Les autres coupables sont tous désignés : les tablettes et les smartphones.

Car tandis que le marché des PC traîne la patte, celui des smartphones et des tablettes s'envole. D’après les données de la société IDC, 21,8 millions de smartphones se sont vendus au deuxième trimestre en Europe de l’ouest. Soit une progression de 48% sur un an, alors que le marché des téléphones mobiles reculait de 3% sur la même période.

L’appétit des acheteurs pour les tablettes ne se dément pas non plus. Au deuxième trimestre, 13,6 millions de tablettes ont été achetées dans le monde, soit près du double par rapport au premier trimestre. Première victime de ce succès, les netbooks, ces petits ordinateurs portables bon marché.

Autre signe de ce nouveau rapport de force : les tablettes tactiles de type iPad sont devenues la troisième source de revenus des grossistes en nouvelle technologie en Europe selon le cabinet Context. "Les tablettes ne représentent cependant pas encore un marché de masse. Pour beaucoup de monde, elles sont trop chères", nuance Meike Escherich, analyste spécialisée dans les nouvelles technologies chez Gartner.

Une société dans les nuages

Derrière ces données brutes, un changement profond dans les habitudes de consommation se dessine. Avec le développement et l’amélioration des réseaux Wi-Fi et mobile, les technologies nomades s’imposent. Chacun est désormais libre de consulter ses mails, regarder une vidéo ou encore lire son média préféré depuis un autre écran que celui de son ordinateur : téléphone, tablette mais également télévision.

Le "cloud computing" , ou informatique dans les nuages, a par ailleurs rendu possible un accès aux données stockées en ligne un peu partout. Par exemple, il n’est plus nécessaire de conserver ses morceaux de musique sur son ordinateur depuis l’émergence de services comme deezer ou spotify. La multiplication des écrans s’accélère et la suprématie des ordinateurs personnels est ébranlée.

Convergence des OS

Alors, les derniers jours des PC sont-ils arrivés ? Si, en 2011, les ventes de tablettes, de smartphones et de netbooks devraient représenter plus de la moitié des ventes de matériel informatique, les ordinateurs de bureau n’ont pas encore rendu l’âme. Aucun autre outil n’est pour l’instant capable de les remplacer définitivement pour certaines tâches (montage vidéo, retouche photo, etc.) ni au travail.

Meike Escherich souligne également les problèmes de sécurité des smartphones et des tablettes, qu'elle voit plus effectivement comme des "appareils compagnons" des ordinateurs. "Ce phénomène est surtout vrai pour l'Europe de l'Ouest. Dans les pays émergents, la demande est très forte pour les ordinateurs qui restent l'outil de base pour l'informatique et l'accès à Internet", assure l'analyste.

Vraisemblablement, les ordinateurs ne vont pas disparaître, en tout cas pas encore. Ils resteront la colonne vertébrale d’un réseau informatique composé de tablette, de smartphones et d'autres écrans. D'ailleurs, la grande tendance semble être aux systèmes d'exploitation (les OS) communs à tous les supports (ordinateurs, mobiles, tablettes, etc.), comme le montre la sortie programmée de Windows 8.