La France malade de son TGV

9 voyageurs de la SNCF sur 10 prennent un train autre que le TGV.
9 voyageurs de la SNCF sur 10 prennent un train autre que le TGV. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul et Mélanie Taravant , modifié à
Le réseau ferroviaire pâtit de la politique du tout TGV. Plus de 15.000 km de voies sont vétustes.

Le TGV est la fierté nationale depuis 30 ans. Et cela ne devrait pas s'arrêter puisque 2.000 kilomètres de nouvelles lignes à grande vitesse doivent être construits d'ici 2020. Mais la belle vitrine se fissure petit à petit car la dette du système ferroviaire se creuse et dépasse les 30 milliards d'euros. Ainsi, un tiers des liaisons TGV perdent aujourd'hui de l'argent. Ces forces et faiblesses du TGV seront évoquées lors des premières assises du ferroviaires qui débutent jeudi en présence de Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Ecologie et des Transports.

"Le tout TGV risque de ruiner le système"

Car la politique du tout TGV a ses détracteurs. Pour Marc Fressoz, auteur de l'ouvrage FGV, faillite à grande vitesse, "les élus sont accros aux TGV et ils en veulent toujours plus". "Malheureusement, tout ça a un coût", explique-t-il. "Le grand paradoxe, c'est que les grands acteurs du ferroviaire disent : ‘arrêtons de faire du TGV à tout bout de champ parce que le tout TGV risque de ruiner le système ferroviaire’ ", précise Marc Fressoz.

"Les élus sont accros aux TGV", selon Marc Fressoz :

A l'heure actuelle, 9 voyageurs de la SNCF sur 10 prennent un train autre que le TGV. Ce sont ces voyageurs qui font les frais de ce culte du TGV, car le reste du réseau, utilisé au quotidien par des millions de voyageurs, n'a pas eu droit aux mêmes égards.

La moitié du réseau en péril

Cet état de fait suscite l'inquiétude d'Hubert Dumesnil président de RFF (Réseau Ferré de France), qui est le gestionnaire des rails. La France, tout en s'honorant et se glorifiant d'un beau succès qui s'appelle TGV, n'a pas vu le risque qu'il y avait à laisser le réseau existant dépérir", déplore-t-il. La crainte d'Hubert Dumesnil, c'est qu'on laisse le réseau vieillir. Si rien n'est fait, "au bout de 15 ou 20 ans, c'est pratiquement la moitié du réseau qu'il faudrait fermer parce qu'il serait devenu dangereux", s'alarme-t-il.

Les craintes du président de RFF sont corroborées par les chiffres. Plus de 15.000 kilomètres de voies sont aujourd'hui vétustes, ce qui correspond à la moitié du réseau ferroviaire français.