La France de plus en plus inégalitaire

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ARGENT - L’Insee constate que l’écart entre les plus riches et les plus démunis ne cessent de se creuser. Et la pauvreté continue de progresser.

Qui gagne combien en France ? Comme chaque année, l’Insee s’est penchée sur la question et a fait tourner ses calculettes. Résultat de cette étude baptisée "Les revenues et patrimoines des ménages" : si le niveau de vie médian des Français est resté stable en 2011, il y a néanmoins eu des gagnants et des perdants. Alors que les plus aisés ont vu leurs revenus augmenter, les plus démunis ont connu une tendance inverse. Bref, les inégalités se creusent et, pire, il est de plus en plus difficile de sortir de la pauvreté.

Le constat : les pauvres plus pauvres, les riches plus riches. L’Insee a travaillé à partir des derniers chiffres disponibles, qui portent sur l’année 2011. Sa conclusion est limpide : les plus pauvres ont vu leur situation se détériorer tandis que les plus fortunés ont vu leurs revenus augmenter.

Dans le détail, les 40% les plus modestes ont vu leur niveau de vie diminuer entre -0,2% et -0,8%, alors qu'à l'inverse, les 40% des plus riches ont vu le leur augmenter entre +0,1% et +0,8%.

La pauvreté progresse. Non seulement les pauvres sont de plus en plus pauvre mais ils sont aussi de plus en plus nombreux. Pour rappel, une personne est dite pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur à 60% du niveau de vue médian de l'ensemble de la population, soit 978 euros par mois en 2011.

Or la proportion des personnes pauvres a "continué de s'accroître" en 2011, en hausse de 0,3 point en un an. Résultat, le taux de pauvreté en France s'est établi à 14,3% de la population totale. Si la France reste en dessous de la moyenne européenne des pauvres (17%), elle fait partie des pays où elle a le plus progressé.

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Y compris chez les travailleurs. Qui sont ces personnes qui passent sous la barre symbolique de 978 euros de revenus par mois ? La moitié des neo-pauvres sont des chômeurs. Plus inquiétant, l’autre catégorie, "très touchée" dixit l’Insee, a été celle des salariés, dont le taux de pauvreté a augmenté de 0,6 point, passant de 6,3% à 6,9%.

"Une telle hausse du taux de personnes pauvres parmi les salariés n'avait pas été enregistrée depuis 2007", s’inquiète l'Insee, qui l'explique par "une quasi-stabilité des bas salaires en euros constants et même une baisse de 0,3% du Smic horaire brut en moyenne annuelle". 

En sortir est de plus en plus dur. "Depuis la crise, il est plus difficile qu'avant de sortir de la pauvreté", a précisé Simon Beck, chargé d'études à la division revenus et patrimoine des ménages. En effet, selon l'Insee, si entre 2004 et 2005, 42% des personnes pauvres s'en étaient extirpées, la proportion est tombée à 35% entre 2009 et 2010. Et plus longtemps dure cet état de pauvreté, plus il est difficile d'en voir la fin, toutes catégories socioprofessionnelles confondues.

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