Florange : "ça pollue la vie de couple"

Les syndicats du site sidérurgique de Florange se préparent à une rencontre tendue, mercredi, avec le Premier ministre, Jean-Marc-Ayrault, à Matignon.
Les syndicats du site sidérurgique de Florange se préparent à une rencontre tendue, mercredi, avec le Premier ministre, Jean-Marc-Ayrault, à Matignon. © MaxPPP
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avec Fréderic Michel , modifié à
TÉMOIGNAGES - Les salariés suivront de près la réunion à Matignon. Leurs familles aussi.

Les 639 salariés concernés par la fermeture des hauts fourneaux de Florange attendent de pied ferme la réunion prévue mercredi à 18h, à Matignon. Les syndicats y rencontreront le Premier ministre et lui feront part des sérieux doutes qu'ils émettent sur l'accord signé entre le gouvernement et ArcelorMittal. Mais les salariés ne seront pas seuls à suivre cette réunion. Car derrière eux, ce sont des épouses, des familles, des quotidiens qui sont bousculés.

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Faut-il continuer à s'engager autant? À jeter toutes ses forces dans la bataille ? Envisager une reconversion? Reynald, l'un des salariés de Florange interrogés par Europe1, ne compte plus les soirées passées à discuter de l'avenir du site avec son épouse. "On a fait beaucoup de démarches. On a vu le préfet, on est allé à l'Assemblée, à Bercy. Il y a eu beaucoup d'investissement personnel et de fatigue. Pourquoi au final? Du vent…", regrette-t-il. Et de poursuivre, amer : "On avait des projets avec ma femme. On voulait ne serait-ce qu'acheter, enfin, une maison. Tout ça est laissé en suspens…."

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Le regret de la nationalisation

Après des mois de lutte, le gouvernement a laissé tomber l'idée d'une nationalisation, ce que réclamaient beaucoup de salariés. "Il n'y avait pas de repreneur crédible et ferme", justifie Matignon. Pourtant, plusieurs informations de presse semblent remettre en cause cette thèse. Dernière en date: celle du Républicain Lorrain, qui soutient mercredi que deux "poids lourds" de la sidérurgie mondiale, le Belge CMI et le Russe Severstal, s'étaient associés pour reprendre l'usine. Rien n'y a fait, l'usine ne sera pas nationalisée. Seule garantie dans l'accord : il n'y aura pas de licenciement. Mais là encore, les salariés ne sont pas rassurés. Et craignent de devoir faire de dures concessions.

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"La famille va peut-être se séparer"

"Mon épouse pourra-t-elle me suivre et trouver un travail si je suis muté dans le Nord? Mon enfant, qui a 10 ans, aura-t-il un avenir dans la région? Toute la famille est inquiète. On se demande si nous allons être obligés de nous séparer", témoigne Bernard. "On nous a fait croire des choses. Le gouvernement s'est impliqué, puis il recule. À qui faire confiance", se demande ce salarié.

Faut-il soutenir son mari dans la lutte? Combien de temps cela va-t-il durer? Comment assurer ses arrières si la bataille ne paie pas ? Autant de questions qui tourmentent les épouses depuis des mois. "Tout cela est très stressant. Je suis moi-même au chômage et je m'aperçois que là, à l'heure actuelle, il n'est pas sûr que toute cette lutte serve à quelque chose", confie l'une d'elles. Et de conclure : "cela se ressent au quotidien. C'est sûr, ça pollue la vie de couple."