La Cour des comptes avait épinglé EDF dès le mois de septembre en critiquant l'organisation du temps de travail dans l’entreprise. Elle reprochait à une faible durée annuelle de travail, un régime des heures supplémentaires très généreux et une absence de contrôle interne. Les ressources humaines de l’entreprise ont décidé de se pencher sur cet épineux dossier.
Il faut "adapter le temps de travail aux enjeux industriels et d'efficacité de l'entreprise", expliquait Marianne Laigneau, la DRH du groupe lors d’une rencontre organisée par l’Association des Journalistes de l’Information sociale (Ajis) mardi 3 décembre. Les mots d’ordre sont "dialogue" et "négociations" avec comme objectif une semaine de 35 heures pour les employés et un forfait jour pour les cadres.
Un régime avantageux. En 1999, EDF a signé un accord qui accordait aux salariés de profiter d’un régime particulier : une semaine de 32 heures. La DRH d’EDF précise que ce temps de travail réduit concerne 17% des salariés de l’entreprise, qui en compte 160.000 dans le monde. Les cadres, qui représentent 30% de la masse salariale, ont réussi à conserver la référence horaire et sont donc soumis aux 35 heures et les heures supplémentaires sont intégralement comptabilisées. Selon les syndicats, les cadres font en moyenne 44,1 heures hebdomadaire, ce qui pose problème, notamment dans le nucléaire. La Cour des comptes dénonçait qu’en moyenne, les 62.150 salariés de groupe français d'électricité (EDF SA) ont travaillé 1.548 heures en 2011, soit moins que le chiffre moyen du secteur (1.570 heures) ou dans le droit du travail (1.607 heures).
Forfait jour pour les cadres. Ce type de contrat est réservé aux cadres autonomes dans leur emploi du temps et dont la durée du travail ne peut être prédéterminée car ils adaptent leur temps de travail à l’activité. Ce changement permettrait de ne plus limiter les cadres à 35 heures par semaine ou à des journées de 10 heures. En contrepartie, la durée annuelle du travail est limitée à 285 jours. L’entreprise doit faire signer une convention individuelle de forfait au salarié, faute de quoi, il peut réclamer le règlement des heures supplémentaires. Selon une note de la CGT, le temps de travail des cadres était de 1.867 heures en 2011. Pour les seuls salariés en forfait jours, l’horaire annuel serait de 1.939 heures.
Trop d’heures sup’. La Cour des comptes expliquait que les heures supplémentaires étaient décomptées "au delà de l'horaire programmé sur la journée" et parfois majorées. Leur rémunération se ferait dans "des conditions plus favorables que le droit commun" et souvent dans le cadre des astreintes. L’adoption d’un nouveau forfait jour permettrait à l’entreprise de diminuer le nombre d’heures supplémentaires. En moyenne, les agents EDF SA se sont vus payer 72 heures supplémentaires en 2010. Et le temps de travail serait en augmentation selon la CGT.
Une question de cohérence. La Cour des comptes a relevé des milliers d’accords locaux qui devraient compliquer les négociations. Du côté de la DRH, on souhaite toutefois "assurer la cohérence du groupe, en laissant une certaine marge de manœuvre aux filiales et établissements pour tenir compte de leurs spécificités". La direction devra en effet jouer sur plusieurs tableaux : EDF SA et ses deux filiales, ERDF et RTE, qui n’ont pas les mêmes accords sur le temps de travail. Ainsi, les employés d’ERDF sont déjà tous aux 35 heures.