EADS ne se mariera pas avec BAE

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Le géant européen ne fusionnera pas avec son homologue anglais en raison d’un veto allemand.

L’objectif annoncé était ambitieux : devenir le leader mondial de l’aéronautique et de l’industrie de l’armement. Mais en raison de divergences politiques sur ce dossier, l'avionneur européen EADS et le fabricant d'armes britannique BAE Systems ont annoncé mercredi qu’ils renonçaient à leur projet de fusion.

• Tout d’abord, c’est quoi EADS ? Un géant de l’aéronautique civile et militaire. Ce groupe européen est lui-même né de la fusion de trois entreprises française, allemande et espagnole. Plus concrètement, EADS, ce sont les avions Airbus, les hélicoptères Eurocopter, les satellites Astrium ou encore une bonne partie des composants de la fusée Ariane.

Quel était le projet initial ? EADS (dont le groupe Lagardère, par ailleurs propriétaire d’Europe 1, est actionnaire, ndlr) souhaitait fusionner avec le britannique BAE Systems, qui fabrique des missiles, des véhicules blindés ou encore des avions de combat.

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Quel était l’objectif recherché ? Devenir le numéro un mondial et ainsi réaliser des économies d’échelle ou de recherche et développement. Une telle fusion aurait aussi permis de rééquilibrer vers le militaire le groupe EADS, très tourné vers l’aéronautique civil et donc dépendant des cycles économiques. Le concurrent d'EADS, Boeing, a d'ailleurs fait de même en rachetant McDonnel Douglas en 1997.

Au-delà de cet aspect industriel, EADS et BAE Systems souhaitaient créer une nouvelle structure moins dépendante des Etats européens, surtout l’Allemagne et la France, qui ont un droit de regard sur ses activités. Si cette influence étatique leur assure un soutien non négligeable, elle est un frein aux Etats-Unis, premier marché mondial de défense, où on se méfie des entreprises publiques… même si le secteur militaro-industriel américain est lui-même très lié à l’Etat fédéral et à sa classe politique.

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Qui a bloqué cette fusion ? "C'est une décision du gouvernement allemand (…) qui est fort dommage", a commenté une source gouvernementale française. "Il semblerait que la chancelière (Angela Merkel) ne souhaite pas que les discussions se poursuivent. C'est une décision prise par un Etat qui, de facto, bloque l'avancée du dossier", a-t-elle ajouté. Mais l’Allemagne n’est pas la seule en cause, Français et Britanniques ayant aussi posé leurs conditions.

Hollande, Merkel

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• Pourquoi cette fusion ne s’est-elle pas faite ? La gestion d’EADS repose sur un accord originel : pour éviter toute brouille, la France et l’Allemagne se sont engagées dès la création d’EADS à toujours posséder, directement et indirectement, la même part de l’entreprise. La fusion aurait pû bouleverser cet équilibre et, pire, les Anglais de BAE System auraient proposé que le couple franco-allemand se désengage du futur groupe. Un scenario difficilement acceptable quand on sait qu’EADS est le descendant d’entreprises et d’investissements publics.

L’autre aspect concerne l’emploi : une telle fusion se serait traduit par des doublons et donc des suppressions de postes, surtout dans la branche militaire. Or les activités militaires d’EADS sont principalement en Allemagne, où des élections législatives se profilent déjà. Berlin est donc sur la défensive, d’autant que le nouveau patron d’EADS, Tom Enders, a déjà annoncé le transfert de plusieurs structures de direction de l’Allemagne vers… Toulouse.