Chypre : pourquoi c'est un "bon" accord

la semaine dernière, les chypriotes sont descendus en nombre dans la rue pour protester contre la taxe sur les dépôts bancaires.
la semaine dernière, les chypriotes sont descendus en nombre dans la rue pour protester contre la taxe sur les dépôts bancaires. © MAXPPP
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Thomas Morel et Axel de Tarlé , modifié à
EDITO - Le nouveau plan de sauvetage européen permettra de protéger les habitants de l'île.

Les citoyens chypriotes peuvent respirer. Dans la nuit de dimanche à lundi, les dirigeants européens se sont accordés avec Nicosie sur un second plan de sauvetage des banques de l'île. Et cette fois, pas question de taxe globale sur les comptes bancaires. A la place, la deuxième banque du pays, Laïki Bank, devrait être liquidée. Les dépôts inférieurs à 100.000 euros seront épargnés et seuls ceux au-dessus de ce montant seront mis à contribution.

>> Ce texte est-il une bonne alternative ? Oui, dit Axel de Tarlé  :

Les chypriotes protégés.  En choisissant de ponctionner uniquement les gros comptes en banque, le nouveau plan permettra d'épargner les citoyens de l'île, dont les comptes en banque dépassent rarement le seuil de 100.000 euros. En revanche, ce sont les Russes, principaux investisseurs de capitaux à Chypre, qui vont payer le plus lourd tribut : leurs pertes pourraient atteindre 40 % des sommes déposées sur leurs comptes en banque.

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Le choix de l'Europe. L'accord est également bon parce qu'il préserve l'unité de l'Europe. Depuis des années, Chypre tente de ménager la chèvre et le chou, jouant la carte de la monnaie unique tout en se voulant partenaire privilégié de Moscou. Cette fois, c'est fini. Avec le plan voté dans la nuit de dimanche à lundi, l'île a clairement fait le choix de l'Europe. Les Russes en seront en effet les premières victimes, et devraient à l'avenir se trouver un autre endroit au soleil où dépenser leur argent.

C'est aussi une bonne nouvelle pour l'Europe, puisque la question d'une éventuelle sortie de la zone euro était sur la table la semaine dernière. Or l'abandon de la monnaie unique aurait eu des retentissements sur tout le continent, les investisseurs se demandant qui serait le prochain sur la liste.

Vers une union bancaire ? Toute cette affaire montre la nécessité d'aller plus loin dans l'intégration européenne et d'aller vers l'union bancaire. A Chypre, en Irlande, en Espagne, à chaque fois se retrouve un dénominateur commun : la folie des banques. Pour éviter de nouveaux débordements de ce type, la meilleure solution serait de mettre toutes les banques de la zone euro sous un contrôle européen, pour éviter que, quand une banque part en vrille, le contribuable paye les pots cassés.