Budget européen : le difficile compromis

Les chefs d'Etat doivent s'accorder sur l'enveloppe de l'Union européenne pour les sept prochaines années.
Les chefs d'Etat doivent s'accorder sur l'enveloppe de l'Union européenne pour les sept prochaines années. © Maxppp
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Thomas Morel avec AFP , modifié à
3'CHRONO - Les chefs d'Etat de l'UE vont tenter jeudi et vendredi de définir le montant du budget jusqu'en 2020.

"Attention, sommet à haut risque." Une phrase déjà entendue maintes et maintes fois, mais qui pourrait encore s'appliquer au sommet européen de jeudi et vendredi. Les chefs d'Etat européens se réunissent en effet à Bruxelles pour essayer de trouver un accord sur le budget de l'Union pour les années 2014-2020. Un exercice de haute voltige, tant les désaccords sont nombreux entre les leaders du Vieux Continent. Beaucoup ont d'ailleurs d'ores et déjà averti qu'ils n'hésiteraient pas à bloquer un accord qui leur serait défavorable.

>> Le problème de l'Union européenne, c'est que chaque pays membre ne regarde que son propre intérêt, constate Axel de Tarlé dans son édito. Il prévient des conséquences désastreuses d'une sortie de la Grande-Bretagne :

Deux lignes irréconciliables

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© Reuters

Le problème, c'est que chacun a une vision différente de ce que devrait être un bon accord. Les Britanniques, par exemple, tenants de la ligne "dure", demandent une réduction drastique des crédits européens. Sur 1.047 milliards d'euros de budget aujourd'hui, David Cameron, le Premier ministre du Royaume-Uni, souhaiterait en amputer 150 à 200, en taillant dans tous les budgets : politique agricole commune (PAC), politique pour la croissance et l'emploi, etc. Cette position est partagée également par la Suède, la Finlande et les Pays-Bas.

A l'opposé, beaucoup de pays préfèreraient une stratégie plus douce. En limitant la baisse du budget, chacun espère pouvoir épargner les programmes dont il profite. C'est par exemple le cas de la France, premier bénéficiaire de la PAC, qui ne veut pas la voir diminuer. C'est aussi le cas des pays d'Europe de l'Est, qui profitent largement des fonds pour la cohésion européenne, qui servent à financer le développement d'infrastructures.

Les partisans de cette ligne suggèrent au contraire de supprimer le rabais historique de 3,5 milliards d'euros dont bénéficie le Royaume-Uni sur sa cotisation à l'Europe. Instauré en 1985 après les réclamations de Margaret Thatcher, il se justifiait à l'époque par l'importance de la PAC dans le budget européen. Un poids qui a depuis diminué, et qui par conséquent semble moins justifié aujourd'hui.

"Tout le monde est mécontent"

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© REUTERS

Entre les deux, c'est Herman van Rompuy, le président de l'Union, qui a la lourde tâche de ménager la chèvre et le chou. Il a fait parvenir aux négociateurs une suggestion de budget, qui repose sur 75 milliards de coupes réparties sur tous les postes de dépenses. Pour l'instant, cette proposition a seulement réussi à susciter le désaccord de tout le monde : les "durs" estiment qu'il ne va pas assez loin, les "doux" estiment eux que les coupes sont faites au mauvais endroit. "Tout le monde est mécontent, cela veut dire que nous ne sommes pas loin d'un compromis", s'amusent, en désespoir de cause, les collaborateurs d'Herman van Rompuy

Si aucun accord n'est signé, les dirigeants européens pourront bien sûr se retrouver à nouveau en 2013 pour trouver une solution. "Mais quel élément nouveau permettrait de faciliter un accord ?", s'interroge un responsable européen…