A Aulnay, la rentrée "c’est l’angoisse"

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Martin Feneau avec , modifié à
Le retour à l’usine s’annonce difficile pour les employés de PSA, avec la fermeture en 2014.

Tout comme les écoliers reprennent mardi le chemin de l’école, les salariés du groupe Peugeot-Citroën retrouvent demain leur usine d’Aulnay-sous-Bois. Mais après être partis en congés en apprenant la fermeture de leur site, programmée pour 2014, ces employés retrouvent leur chaîne de montage avec un arrière-goût très amer.

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Pas de voyages pour des salariés en sursis

Malgré un mois de vacances et une semaine de chômage partiel, Sophie et Sébastien ne sont pas partis. Habitant un pavillon à Aulnay-sous-Bois, ce couple travaillant chez PSA a passé quasiment tous ses congés à domicile pour éviter les dépenses excessives. Et pour cause : il ne sait pas de quoi son avenir sera fait.

Pour oublier cette peur du lendemain, le couple a passé son été à faire de la maçonnerie et installé une bétonneuse au fond du jardin. "Madame a la bétonnière et moi je fais les parpaings. Cela nous a occupé l’esprit", témoigne pour Europe 1 Sébastien.

"On ne voulait pas y croire"

"C’est l’angoisse. On a vraiment réalisé qu’il y avait quelque chose qui allait se passer, qu’on n'avait plus d’avenir ici", renchérit sa compagne, Sophie. "On ne voulait pas y croire, parce que cela fait longtemps qu’on est là, on a fait plein de voitures. L’usine tournait à plein pot pendant des  années", rappelle-t-elle.

"On dort mal la nuit", ajoute son compagnon, "on a les boules quand même". Surtout lorsque les enfants demandent ce qu’il se passe. "On leur dit ‘papa et maman vont devoir changer de travail’", témoigne Sophie, avant d’ajouter : "ma fille m’a demandé ‘tu vas faire maîtresse ?’"

Une rentrée qui s’annonce électrique

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Sophie et Sébastien ne vont donc pas reprendre le travail l’esprit tranquille, d'autant qu’ils ont l’impression d’avoir été trompés par leur direction. "Il faut attendre la rentrée, voir comment cela se passe. Parce que là, ils n’ont que des belles paroles, ils nous disent qu’on va faire des formations. Pour moi, ce n’est que du vent. A mon avis, ça va mal tourner", prévient l’ouvrier.

Sébastien garde en effet à l’esprit que les délégués syndicaux de son usine ont haussé le ton juste avant de le départ en vacances. "Il faut entrer dans l'action dès le retour de vacances le 4 septembre. Il n'est pas exclu de bloquer la production ou encore les sorties des véhicules pour les ventes. On est prêts à tout, il ne faut rien lâcher", a ainsi prévenu fin juillet Mohammed Khenniche, délégué du syndicat SUD.

Le dilemme qui anime le couple est donc le suivant : reprendre le travail ou participer à un blocage de l’usine ? La question sera tranchée mardi, jour de rentrée, avec tous leurs collègues. Mais Sophie et Sébastien, assommés par cette fermeture programmée, avouent croire secrètement à un autre scénario : le maintien de leurs emplois sur le site.