24.000 milliards de dollars, c'est le prix des océans !

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Noémi Marois , modifié à
OR BLEU - WWF a estimé la valeur monétaire des océans mais les richesses qu'ils produisent sont de plus en plus en danger.

Donner de la valeur à ce qui paraît gratuit et inépuisable, voilà ce que la WWF a tenté de faire en calculant combien valent les cinq océans sur Terre. Le Pacifique, l'Atlantique, l'océan Indien, l'océan glacial arctique et l'océan Austral équivaudraient, selon les calculs de leur étude publiée jeudi, à la somme de 24.000 milliards de dollars (22.320 milliards d'euros). Mais cette fortune est particulièrement fragile au vu du réchauffement climatique et de la surexploitation des stocks de poissons, estime l'organisme de défense de l'environnement.

Faune et flore marine, un poids de 6.900 milliards de dollars. WWF détaille la répartition de ces 24.000 milliards de dollars en précisant que les richesses des océans sont très diverses. La plus grande partie de cette somme est composée par l'ensemble des productions des littoraux (activité de tourisme, industrie, port de commerce…) avec 7.800 milliards de dollars (6.474 milliards d'euros). Arrive ensuite l'ensemble de la faune et de la flore : les poissons, les mangroves et coraux ainsi que les algues pèsent 6.900 milliards de dollars (6.417 milliards d'euros). 

Enfin, ce que rapportent les voies de navigation vaut 5.200 milliards de dollars (4.836 milliards d'euros) et l'absorption du carbone équivaut à 4.300 milliards dollars (4.000 milliards d'euros). Les océans sont en effet ce qu'on appelle des "puits de carbone" puisqu'ils ont la capacité de piéger le CO2 sous forme de matière organique dissoute. Pour arriver à cette conclusion, WWF s'est basé sur les données de l'Agence américaine pour la protection environnementale qui évalue à 39 dollars la tonne de dioxyde de carbone (32 euros). 

Le septième "PMB" du monde en 2014. En plus de peser 24.000 milliards de dollars, les océans réalisent une performance de 2.500 milliards de dollars par an (soit 2.075 milliards d'euros). Ce "produit marin brut", calculé sur les mêmes modalités que le PIB des pays, place les océans à la septième place du monde, derrière les États-Unis, la Chine, le Japon, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. 

Le WWF se veut cependant prudent dans ses calculs, qui ont été réalisés à partir du rapport "Reviving the ocean economy". Ses auteurs, des chercheurs de l'université du Queensland et le cabinet conseil Boston Consulting Group avancent que la création de richesses par les océans dépend aux deux tiers de leur santé économique. 

Or, "pour préserver cette manne, il faut protéger les océans contre la surexploitation et les répercussions négatives du réchauffement climatique", a expliqué Alice Eymard-Duvernay, spécialiste des mers et océans au WWF Suisse.

61% des stocks de poissons déjà épuisés. Concernant la faune des océans, l'"indice planète vivante marin", qui suit 900 espèces marines (poissons mais aussi oiseaux et reptiles), est en chute de 39% depuis 1970. Concernant les poissons, l'organisme de défense de l'environnement estime que 61% des stocks de poisson sont déjà épuisés et 29% d'entre eux font l'objet actuellement d'une surpêche. Le thon rouge est particulièrement touché, selon WWF, puisque ses effectifs ont chuté de 96% depuis que cet espèce est pêchée.

Mangroves et coraux menacés. La flore ne se porte pas mieux selon le rapport puisque les mangroves, ces écosystèmes de marais maritimes, que l'on trouve dans les régions tropicales, font l'objet d'une destruction de 3 à 5 fois supérieure à celle des autres forêts. Concernant les coraux, la moitié d'entre eux ont déjà disparu et selon le WWF, les récifs existants auront disparu en 2050.

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