Trente ans après sa sortie, Frédéric Beigbeder raconte sa passion pour "American Psycho"

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Pauline Rouquette , modifié à
"American Psycho", le roman de Bret Easton Ellis, fête ses 30 ans. Après avoir été adapté au cinéma, une série devrait voir le jour. Passionné par cette œuvre culte, l'écrivain Frédéric Beigbeder a raconté, mercredi sur Europe 1, comment celle-ci a marqué les romans des décennies suivantes, à commencer par les siens.
INTERVIEW

C'est un livre devenu culte qui a marqué toute une génération. American Psycho, le roman de Bret Easton Ellis, fête cette année ses trente ans. Le roman avait été adapté au cinéma en 2000, avec un inoubliable Christian Bale dans la peau du golden boy et psychopathe Jason Bateman, et la société de production Lionsgate vient d'annoncer une adaptation en série.

Passionné par ce roman, qu'il qualifie de "lecture dont on ne sort pas indemne", l'écrivain Frédéric Beigbeder était l'invité d'Europe 1, mercredi.

"Cynisme et nihilisme"

"J'aime les antihéros, j'aime les livres qui choquent", affirme Frédéric Beigbeder, qui résume American Psycho a "une réflexion sur le capitalisme, sur la société des apparences, sur nos désirs artificiels et sur la folie de ce monde". L'œuvre de Bret Easton Ellis a aussi contribué, en 1991, à faire naître "une écriture, une forme nouvelle", un style qui, selon lui, a influencé les décennies qui ont suivi.

Dans American Psycho, Patrick Bateman, un jeune golden boy de Wall Street complètement autocentré, narcissique, obsédé par son corps, ses costumes et son statut social, se transforme en tueur psychopathe complètement sadique.

"C'est un obsessionnel troublé et je pense que c'est un personnage qui est resté et dont le cynisme et le nihilisme ont influencé vraiment beaucoup de séries, de films et de romans", poursuit Frédéric Beigbeder. "Moi même, comme d'autres, j'ai évidemment été très, très traumatisé stylistiquement par la froideur de Bret Easton Ellis."

"La beauté n'est pas forcément quelque chose de bienveillant"

Quant à l'adaptation cinématographique, Frédéric Beigbeder considère American Psycho, de Mary Harron, comme "un film qui se regarde avec délectation, à condition de bien savoir que c'est une caricature, une satire dont le but est de secouer le spectateur". Citant Baudelaire, l'écrivain rappelle que "le beau est toujours bizarre".

Aussi, Frédéric Beigbeder souligne la beauté du film tout en regrettant que l'on ne comprenne plus, aujourd'hui, que la beauté "n'est pas quelque chose de forcément bienveillant".

Une série devrait voir le jour 

Alors qu'une série American Psycho devrait voir le jour, comme l'a annoncé la société de production Lionsgate, Frédéric Beigbeder s'en réjouit, estimant que le personnage de Patrick Bateman peut être décliné dans des scènes différentes. "Je suppose que ça aura lieu dans les années 1980", poursuit-il, "pour s'imaginer qu'aujourd'hui, le monde n'est plus comme ça".

Opérant un parallèle entre Patrick Bateman et le personnage de Jordan Belfort, dans Le Loup de Wall Street, Frédéric Beigbeder imagine qu'un Leonardo DiCaprio, un Bradley Cooper ou un Ryan Gosling pourraient parfaitement correspondre pour incarner le rôle titre dans la série. "Des mecs très beaux et en même temps capables d'ironie et d'autodérision".