Sur les traces de son frère déporté, "Colette" est l'héroïne d'un documentaire nommé aux Oscars
Le documentaire "Colette", qui raconte l'histoire de Colette Marin-Catherine, 93 ans, qui retourne sur les lieux de la mort de son frère déporté en 1943 par la Gestapo, est nommé aux Oscars dimanche, dans la catégorie "meilleur court métrage documentaire". A Caen, la nonagénaire a reçu Europe 1 pour raconter son histoire.
De Caen à Los Angeles. Colette Marin-Catherine a 93 ans. Ancienne résistante pendant la Seconde guerre mondiale, elle a perdu à cette époque son frère Jean-Pierre, arrêté par la Gestapo puis déporté en 1943. Il succombera deux ans plus tard dans un camp de concentration allemand. Pour la première fois, 74 ans après le drame, Colette s'est rendue en Allemagne, sur les lieux de sa mort. Un pèlerinage douloureux, raconté dans un documentaire Colette, réalisé par Anthony Giachhino et Alice Doyard. Le film est nommé aux Oscars, dont la cérémonie a lieu dimanche, dans la catégorie "meilleur court métrage documentaire".
"Quand il avait décidé de traverser un mur, tant pis pour le mur"
Pour Europe 1, Colette Marin-Catherine a accepté de raconter son histoire. Une photo de Jean-Pierre entre les mains, elle témoigne de ce frère disparu dans le camp de Dora, deux ans après sa déportation. "Regardez ce beau gars, là il avait 14 ans. Il était vraiment brillant, très volontaire. Quand il avait décidé de traverser un mur, tant pis pour le mur", se souvient-elle.
"J'ai mis trente ans ou quarante ans à oublier. Tout ce qui a éveillé les souvenirs en moi, c'est le documentaire. Je savais très bien que je ne serais pas moi-même dès que j'aurai passé la frontière allemande. Et c'est vrai", confie-t-elle.
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"Quand on raconte la déportation, les paroles s'envolent. Mais quand vous avez touché du doigt la porte du crématorium, vous ne l'oubliez pas. J'ai posé des fleurs juste à l'endroit où il est mort."
"Je n'ai pas l'habitude de venter plus haut que mon moulin"
Le documentaire raconte l'itinéraire de Colette Marin-Catherine, accompagnée par Lucie Fouble, 17 ans, aspirante historienne. Ensemble, elles visitent l'enfer du camp de Dora, où les détenus devaient assembler des fusées V2 dans une usine souterraine. Dimanche, le film affrontera quatre autres films lors de la prestigieuse cérémonie de récompense.
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"Je suis vraiment étonnée de l'importance qu'a prise le film. Je n'ai pas l'habitude de venter plus haut que mon moulin", plaisante la retraité. " Je suis à Caen dans mon HLM depuis 31 ans. Oscar ou pas, ça ne changera rien à mon existence. Je suis surtout vraiment heureuse qu'on ait réveillé la mémoire de Jean-Pierre."