Le chanteur Bénabar s'est prêté samedi au questionnaire cinéma de Mathieu Charrier. 9:33
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Mathieu Charrier , modifié à
Dans l'émission cinéma d'Europe 1, "Clap !", un ou une invité(e) se prête chaque semaine à un questionnaire cinéma sur les films de sa vie. Ce samedi, c'est le chanteur Bénabar qui a répondu aux questions de Mathieu Charrier.
INTERVIEW

Tous les samedis pendant une heure dans Clap !, le spécialiste cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier, fait le tour de l'actualité du septième art. Chaque semaine, un ou une invité(e), qu'il ou elle soit ou non du monde du cinéma, se soumet à un questionnaire personnel sur les films de sa vie. Ce samedi, le chanteur Bénabar s'est prêté avec sincérité à ce jeu.

Votre premier souvenir de cinéma ?

"Mes premiers souvenirs de cinéma, vraiment identifiés comme tels, je crois que c'est E.T et Indiana Jones. Un autre aussi : j'étais chez mes grands-parents et mon frère, qui a 5 ans de plus que moi, avait été voir le premier Star Wars. Et moi j'étais trop petit, je n'y avais pas été. Je m'en souviens comme d’une privation, comme d’une punition. Et donc, mon premier souvenir de cinéma est négatif. Je me suis rattrapé : je fais partie de la génération de ceux qui avaient tous les petits jouets, et qui ont activement contribué à l'immense fortune de George Lucas. (rires)

Le film que vous avez le plus vu ?

Je crois que c'est Vincent, François, Paul… et les autres de Claude Sautet. C’est encore une référence majeure qui compte pour moi, y compris dans ma carrière d'auteur de chansons. Claude Sautet et Jean-Loup Dabadie... ce cinéma-là a été une révélation pour moi. C'est un cinéma de scénaristes qui se rapproche du cinéma de Bacri et Jaoui. J'adore ces films-là.

Le film que vous aimez, mais vous avez honte de l'avouer ?

Aucun. […] Je n'ai pas du tout honte à ce niveau-là. Au contraire, j'ai une certaine fascination pour le mauvais goût, pour ce que certains considèrent comme du mauvais goût mais qui ne l'est pas forcément. En revanche, mais c’est une question d'âge, j’ai de plus en plus de mal, voire je n'y arrive plus du tout, à passer un dimanche après-midi vautré devant Transformers. Ça m'emmerde. J’ai réussi à m'endormir avec mon fils devant Transformers en 3D, avec la musique à fond. Donc là, je me suis dit : putain, j’ai vieilli ! 

Le film que vous conseilleriez à votre meilleur ami ?

Un film pour soutenir le cinéma français, un film que j'ai vu par hasard, qui s'appelle Mais vous êtes fous (d’Audrey Diwan avec Pio Marmaï et Céline Sallette, ndlr). Ce film m'a troublé, il m'a bousculé. C’est un film travaillé, en plus le pitch est tellement tordu.

C’est un gars qui prend de la coke, qui a une vie de bobo parisien avec un travail, pas du tout le cliché du drogué. Au contraire, il est très sympathique, tout va bien dans sa vie, il a une femme super qui l’aime et deux gamines. Mais l’une des gamines va avoir un problème de santé parce qu’elle a été en contact avec de la cocaïne. Et là, leur monde s'écroule. J’ai trouvé le ton de ce film, qui n’est jamais dans le pathos, et le jeu des acteurs, très étonnant. Bref, c'est l’un des meilleurs films que j'ai vu dernièrement.

Le film que vous conseilleriez à votre pire ennemi ?

Voir Transformers en 3D un dimanche après-midi, avec le son à fond.

La plus belle scène de cinéma selon vous ?

Il y a une scène que je vénère, dans Abyss de James Cameron. Ils sont deux au fond de la mer, dans un petit module (en train de prendre l’eau, ndlr), et doivent rejoindre le vaisseau principal. La fille et le gars n’ont qu’une bouteille d'oxygène pour deux, et comme il n'y a que lui qui est capable de faire le chemin, il doit la laisser se noyer avant de pouvoir l’emmener (en espérant la réanimer une fois arrivé à destination, ndlr).

Et donc ils se font des adieux. Lui finit par comprendre que c'est la bonne solution, la meilleure solution, sinon ils vont mourir tous les deux. Sauver la femme qu'il aime, c'est d'abord la laisser mourir. C’est une scène magnifique. Je suis ému rien qu'en en parlant. J’ai commencé comme scénariste, c’est ma vocation d'origine, et dans le métier on dit que ce sont des scènes où tous les personnages ont raison : il y a un réel conflit, et là, en plus, il y a de l'amour. C'est une scène bouleversante.

Et pour finir, quelle est la bande originale qui a le plus marqué votre vie ?

Il y a les bandes originales de Philippe Sarde, beaucoup d’Ennio Morricone. Mais si je ne devais en garder qu’une, ce serait celle d’Il était une fois l'Amérique."