Sandrine Bonnaire face aux drogues thérapeutiques et à la dépression dans "K contraire"

Sandrine Bonnaire
L'actrice Sandrine Bonnaire est à l'affiche de K contraire, de Sarah Marx. © Europe 1
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Mathilde Durand
L'actrice Sandrine Bonnaire est à l'affiche d'un nouveau long-métrage, "K contraire". Le film traite de la réinsertion sociale, de l'engrenage après la prison mais aussi de la dépression à travers le prisme de la kétamine. Une substance utilisée comme drogue par certains et comme médicaments contre la dépression par d'autres. Un paradoxe qu'elle explique au micro de Matthieu Noël dans l'Equipée Sauvage. 
INTERVIEW

Invité de Matthieu Noël, dans L’Equipée SauvageSandrine Bonnaire sera à l’affiche le 22 janvier prochain de K contraire, le premier long-métrage de Sarah Marx. Elle interprète Gabrielle, la mère d’Ulysse, un jeune homme de 25 ans, qui vient de passer plusieurs mois en prison et qui est pris dans un engrenage. Pour subvenir aux besoins de sa mère, soignée pour une dépression, il a besoin d’argent. Avec un ami, il bascule dans le trafic de kétamine. Parallèlement, Gabrielle est soignée par ce même médicament. 

Encore un rôle fort pour l’actrice doublement césarisée. Mais Sandrine Bonnaire n’a pas pour habitude de se laisser hanter par ses prestations. "En général j’ai tendance à oublier le personnage parce que je suis radicalement différente des rôles. Heureusement d’ailleurs, sinon je serais sous Prozac depuis des années", rit-elle.

"J’ai malheureusement beaucoup traîné dans les hôpitaux psychiatriques"

Pour jouer le personnage de Gabrielle, elle a décidé avec la réalisatrice Sarah Marx de la juste façon d’incarner la dépression. "On a décidé que la dépression de Gabrielle ne se verrait parfois pas, parce que c’est souvent honteux d’être dépressif. Et puis la vie, l’entourage, font qu’on doit toujours bien se tenir, cacher les choses. Donc c’est à la fois une femme qui cache quand elle est en public et qui vrille quand elle est seule ou face à son fils."

Sandrine Bonnaire connait le sujet. Sa petite sœur Sabine souffre d’autisme. "J’ai malheureusement traîné beaucoup dans les hôpitaux psychiatriques pour accompagner au mieux ma sœur, j’ai été confronté à des gens très dépressifs. J’en ai vu beaucoup, et je ne dirais pas que je me suis inspirée d’eux, mais je suis témoin de gens qui l’étaient."

K comme Kétamine

K contraire, avec un K comme kétamine, aborde un autre thème de société que celui de la dépression ou de la réinsertion après une incarcération. Il traite celui des drogues thérapeutiques. Dans le long-métrage, la kétamine est abordée selon deux angles : le trafic dans les soirées organisé par Ulysse mais aussi le traitement contre la dépression de Gabrielle. Bien qu'illégal pour les fêtards, la kétamine est utilisée en médecine : comme sédatif pour les animaux et comme traitement contre les profondes dépressions. Un paradoxe qui a interpellé l'actrice. 

"C’est vraiment ce qui m’a plu dans le film, au-delà de la relation mère-fils, c’est le sujet de la kétamine. Pour moi ce sont de vrais questionnements", explique l'actrice. "Il y a quand même peu d’alternatives proposées pour soigner la dépression, les troubles du comportements et je continue à lutter contre ce genre de traitements radicalement forts. Je pense qu’il existe d’autres solutions."

"Je ne voulais pas cautionner le traitement"

Ce doute sur les traitements chimiques, elle l'a ressenti après avoir été témoin des effets dévastateurs des traitements sur sa petite sœur, "qu’on a broyé avec des médicaments", explique-t-elle. "Aujourd'hui elle doit tout réapprendre, la chimie lui a enlevé beaucoup de capacités. Je ne condamne pas ce traitement de kétamine, mais je demande à voir ce que ça peut donner. Je reste dans l’interrogation de ce genre de traitement."

Une opinion qu'elle a partagée dès le départ avec la production du film et la scénariste. "Je leur ai dit que je ne voulais pas cautionner le traitement, et qu'on devait rester ouvert tant qu'on ne savais pas". Le film se veut donc nuancé, non manichéen, et entend retracer l'histoire d'un paradoxe autour d'une substance, utilisée à la fois comme traitement et comme drogue.