Hollywood 1982
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Neuf films ont marqué l'été 1982, mais aussi l'histoire du septième art. Un documentaire, "Hollywood 1982", disponible sur YouTube et la plateforme Arte+7 jusqu'à vendredi, propose une plongée nostalgique dans une époque charnière.

Pour tout saisir, il suffit d'avoir le sous-titre. Le documentaire "Hollywood 1982", disponible gratuitement sur YouTube et la plateforme de replay d'Arte jusqu'à vendredi, mentionne déjà l'objet de son attention : "un été magique au cinéma". Pendant un peu plus de cinquante minutes, les deux réalisateurs, Jacinto Carvalho et Johan Chiaramonte, eux-mêmes enfants des 80s, proposent une plongée nostalgique et délicate dans une saison estivale qui a tout changé dans les salles obscures. Que ce soit en termes de genre ou de technique, neuf blockbusters sortis cette année-là ont marqué l'histoire du septième art de leur empreinte. Plus encore, ils ont influencé toute la pop-culture récente.

La redéfinition du héros de film d'action

1982, c'était quoi ? Des muscles, d'abord. Ceux de Sylvester Stallone dans Rocky III, vrai film d'amour déguisé en film de boxe, et d'Arnold Schwarzenegger dans Conan le Barbare. Pourquoi c'est important ? Parce que les deux longs métrages témoignent de la redéfinition du héros de film d'action. Celui-ci était tourmenté dans les 70s. Il sera bodybuildé et quasi invincible la décennie suivante. Les Predator, Terminator ou Commando sont tous des héritiers de ces deux films-là. Il est d'ailleurs intéressant de constater qu'Arnold Schwarzenegger en est le dénominateur commun, lui qui avait décroché son premier vrai rôle avec Conan après des années de disette, son physique étant jugé trop étrange pour se retrouver sur pellicule. 

Conan le Barbare aura d'ailleurs un autre mérite : celui de remettre au goût du jour un genre jusque-là méprisé, celui de la fantasy. Fantasy qui connaîtra ses heures de gloire près de vingt ans plus tard avec la saga du Seigneur des Anneaux. Ou, encore plus récemment, avec la série Game of Thrones.

La réhabilitation de la science fiction

En 1982 il y eut des muscles, donc, mais aussi des réplicants et des voitures volantes. Le Blade Runner de Ridley Scott, échec commercial à sa sortie pourtant, est aujourd'hui un monument de la science-fiction. Et un bijou de technologie : ses décors futuristes, incroyables pour l'époque, n'ont que peu vieillis. Deux autres films viennent aussi réhabiliter un genre jusque-là cantonné aux films à petits budgets : Star Trek 2 et Tron.

Là encore, le cinéma prouve que le septième art est aussi technologique. Ce sont les premières images de synthèse, les effets spéciaux par ordinateur à leurs balbutiements. L'académie des Oscars n'était pas prête : elle ne sélectionnera pas Tron pour le prix des meilleurs effets spéciaux, au motif qu'utiliser l'informatique, c'est de la triche.

Ceux qui ont fait le cinéma, ceux qui l'ont aimé

Le documentaire propose de multiples anecdotes du genre, en interrogeant ceux qui ont fait le cinéma (scénaristes, réalisateurs, chef opérateurs) et ceux qui l'ont aimé avec passion et distribué (programmateurs de salle). Il s'arrête du côté de l'horreur (Poltergeist, The Thing), de la dystopie futuriste (Mad Max II) et finit en beauté avec le blockbuster ultime, celui que tout le monde a vu à l'époque et regarde encore aujourd'hui, E.T. l'extraterrestre de Steven Spielberg. L'avènement de l'entertainment de masse et familial, qui se confirmera ensuite avec tous les longs métrages que les enfants et ados des 80s connaissent par cœur (Retour vers le futur, Les Goonies).

Tout juste regrettera-t-on que l'analyse ne soit pas encore plus poussée. Nous serions bien restés une heure de plus devant ce beau voyage, qui se paie le luxe, entre les images d'archives, les extraits et les interviews, de recréer l'esthétique d'un grenier foisonnant comme on n'en trouve que dans les films des années 80. Il y avait bien quelque chose de magique à cette époque-là.