Révocation de Mathieu Gallet : "le CSA a tranché en toute indépendance", assure Françoise Nyssen

Françoise Nyssen et Mathieu Gallet
Françoise Nyssen et Mathieu Gallet © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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G.S. , modifié à
La ministre de la Culture soutient dans une interview au "JDD" que la révocation du patron de Radio France n'est pas une décision politique.

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) est-il vraiment indépendant du pouvoir politique ? Le CSA a décidé mercredi de révoquer Mathieu Gallet à compter du 1er mars, tirant les conséquences de sa condamnation pour favoritisme lorsqu'il dirigeait l'Institut national de l'audiovisuel (Ina). Or, cette décision intervient une semaine après que la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, ait exprimé sa position sur le sujet. "Les dirigeants d'entreprises publiques ont un devoir d'exemplarité, un dirigeant d'entreprise publique condamné pour favoritisme, ce n'est pas une situation acceptable", avait-elle déclaré dans une interview au Monde. Depuis mercredi, de nombreux observateurs s'interrogent donc sur l'indépendance du CSA. Dans une interview au Journal du dimanche, la ministre s'explique. 

"Je ne regrette pas la phrase prononcée". "Le CSA a tranché en toute indépendance. Il a considéré que les conditions n’étaient plus réunies pour que Mathieu Gallet reste à la tête d’une entreprise publique après sa condamnation en première instance", assure la ministre. Pour autant, Françoise Nyssen "ne regrette pas la phrase prononcée". Selon elle, chacun était dans son rôle. "J’ai exprimé une parole politique. Celle que porte une ministre en exercice. Celle qui revient à l’État actionnaire. J’ai exprimé l’exigence d’exemplarité absolue à laquelle les dirigeants politiques et les dirigeants d’entreprises publiques doivent se conformer. Le CSA a jugé que la situation dans laquelle se trouve Mathieu Gallet ne lui permet plus d’assurer sa mission", martèle-t-elle.

Quel avenir pour l'audiovisuel public ? Si rien n'est acté, la ministre a également livré les ambitions de l'exécutif sur la future réforme de l'audiovisuel public. Les patrons de France Télévisions, Radio France et France 24 ont présenté fin décembre au gouvernement leurs pistes de réforme. Emmanuel Macron a déjà déclaré vouloir lancer un "grand travail de réflexion". L'exécutif entend faire de l'audiovisuel public "un laboratoire de l’innovation dans les séries, les documentaires, les formats innovants", précise la ministre de la Culture, qui veut également lui redonner tout son rôle de "proximité" avec les téléspectateurs. "Autre chantier prioritaire: la reconquête de la jeunesse, des enfants mais aussi la cible particulière des 13-30 ans, dont les usages ont considérablement évolué".

Pour cela, le gouvernement songe à revoir en profondeur l'organisation de la radio et la télévision publique. "Nous réfléchissons à un mode de nomination non plus par le CSA mais par les conseils d’administration. Lorsqu’on se projette vers une transformation ambitieuse, on ouvre toutes les portes", conclut Françoise Nyssen.