Révocation de Mathieu Gallet : l'indépendance du CSA en question pour la presse

Mathieu Gallet crédit : Thomas SAMSON / AFP - 1280
Pour le CSA, la situation était "inextricable", fait valoir Cyril Lacarrière dans "L'Opinion" jeudi. © Thomas SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Après la révocation du Mathieu Gallet par le CSA, la presse s'interroge jeudi matin sur l'indépendance de l'instance qu'elle soupçonne d'avoir cédé sous la pression du gouvernement Macron.

La presse s'interroge jeudi sur l'indépendance du Conseil supérieur de l'audiovisuel après la révocation du PDG de Radio France Mathieu Gallet, une décision au nom de "l'exemplarité" mais risquant d'apparaître "aux ordres" du pouvoir.

Le CSA "a fait le choix de l'exemplarité". Le CSA a décidé mercredi de révoquer Mathieu Gallet à compter du 1er mars, tirant les conséquences de sa condamnation pour favoritisme lorsqu'il dirigeait l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), répondant également aux vœux du gouvernement qui réclamait son départ. "L'autorité de régulation de l'audiovisuel valide ainsi le choix du gouvernement Macron", constate Nicolas Madelaine dans Les Echos. Le CSA "a fait le choix de l'exemplarité et de la morale, au risque d'apparaître comme une instance aux ordres du gouvernement", analyse dans Libération Jérôme Lefilliâtre.

Une situation "inextricable" pour le CSA. Pour l'instance de régulation, la situation était "inextricable", fait valoir Cyril Lacarrière dans L'Opinion. "Contre toute attente, Mathieu Gallet a préféré jouer le bras de fer avec l'État actionnaire en excluant catégoriquement de démissionner. Résultat : le CSA s'est retrouvé à devoir gérer la 'patate chaude'", estime ainsi Caroline Sallé dans Le Figaro.

Pour Le Parisien, "conforter Mathieu Gallet aurait certes marqué l'indépendance des sages. Mais, condamné, même en ayant fait appel, il aurait eu plus de mal à se faire entendre face à l'État actionnaire à l'aube de la prochaine réforme de l'audiovisuel", expliquent Carine Didier et Benoît Daragon.

Le CSA a-t-il cédé à la pression du gouvernement ? "Avec les encouragements de sa ministre de tutelle", Françoise Nyssen, qui avait appelé au départ de Mathieu Gallet au nom de "l'exemplarité" des dirigeants des services publics, "le CSA privilégie la morale sans attendre le jugement en appel", relève Jean-Michel Servant dans le Midi libre. Pour Hervé Favre de La Voix du Nord, cette décision pose surtout "la question de l'indépendance du gendarme de l'audiovisuel mis sous pression par la ministre de la Culture".

L'indépendance du CSA est "une fiction". "Cette méthode ressemble furieusement à celle en usage dans le vieux monde d'avant Macron. Elle révèle aussi une curieuse conception de la présomption d'innocence, à géométrie variable, selon qu'elle arrange ou non le gouvernement", s'étonne Yolande Baldeweck de L'Alsace.

"Si Emmanuel Macron entendait faire la démonstration qu'il faut retirer au CSA la nomination des PDG de l'audiovisuel public, il ne s'y serait pas pris autrement. Ce pouvoir n'est qu'un leurre, l'indépendance du CSA une fiction", conclut Bruno Dive dans Sud-Ouest.