Aujourd'hui âgée de 38 ans, Lou Doillon est une actrice et chanteuse accomplie. Née dans une famille d'artistes reconnus, ces premiers pas dans le cinéma n'ont pourtant pas été de tout repos. En 1998, elle est décidée à interpréter le rôle principal dans Trop (peu) d'amour dont son père, Jacques Doillon, est le réalisateur. "Je me suis battue pour faire ce film", s'exclame l'actrice franco-britannique au micro d'Europe 1. "J'ai fait le casting pendant un mois et demi. Il ne voulait pas de moi."
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Ce n’est que quelques semaines avant le début du tournage que son père lui fait comprendre qu'il compte sur elle pour le rôle de Camille. La jeune fille, alors âgée de 15 ans, n'est pourtant pas au bout de ses peines. Le tout premier jour, elle ne connaît pas assez bien son texte... du moins aux yeux de ce metteur en scène très exigeant. Après une prise ratée, il congédie sa fille. "Assez calmement, il m'a dit 'Tu prends tes affaires et tu rentres à l'hôtel. Quand tu connaîtras ton texte parfaitement, tu pourras être digne d'un tournage'", narre l’actrice. Il lui refuse même le droit d’être conduite en voiture. "On tournait quand même en haut d'un fort dans le Jura, donc j'ai marché 1h45 pour revenir à l'hôtel, en larmes."
"Je crois que le mieux qu'il m'ait dit, c'est 'passable'"
La sévérité de son père pousse en tout cas Lou Doillon dans ses retranchements : elle travaille d’arrache-pied jusqu’à connaître son texte sur le bout des doigts. Quelques jours plus tard, elle réalise une prestation très convaincante sur le tournage d'une autre scène. Malgré les consignes quelque peu nébuleuses de son père – "Tu rentres t'es énervé, au milieu t'es en larmes, à la fin tu rigoles et tu t'en vas" - elle dit percevoir l’émotion des membres de l’équipe de tournage lorsque résonne le clap. Pas suffisant pour son père : "Je crois que le mieux qu'il m'ait dit, c'est 'passable'", s’amuse-t-elle.
La jeune femme peine à trouver grâce aux yeux de son paternel et cherche le réconfort auprès de sa mère, Jane Birkin. Cette dernière la rassure : si elle réussit à émouvoir les gens présents sur le plateau, c'est qu'elle fait du bon travail. Derrière l’apparente dureté, Lou Doillon comprend qu’elle a finalement réussi à gagner la confiance de son père. Quelques années plus tard, elle tournera à nouveau sous sa direction dans Carrément à l'ouest : "Il m'a appelé en me disant 'tu veux bien faire le film parce que l'actrice m'a planté ?'"