Pourquoi se prend-on "une veste", quand une déclaration d'amour est suivie d'un refus ?

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Stéphane Bern , modifié à
Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une expression du quotidien. Mercredi, l'animateur revient dans "Le mot de la fin" sur les origines de l'expression "se prendre une veste", synonyme de "se prendre un râteau".

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Ce mercredi, l'animateur nous raconte celle de "se prendre une veste", qui désigne un prétendant éconduit.

Avant de dire qu'on s'était pris "un râteau", l'expression favorite pour parler d'un amoureux dont la déclaration affrontait une fin de nom recevoir a longtemps été "il s'est pris une veste". Son origine remonte au 19e siècle. Il existe alors un jeu de carte appelé "capot". Le but est de mettre l'adversaire "capot", autrement dit perdre à plate couture.

En découle rapidement le verbe "capoter", encore très populaire aujourd'hui en français du Québec. Pendant l’occupation allemande, nos adversaires nous empruntent le terme, qui donnera l'allemand "kaputt", ensuite repris en français.

Défaite aux cartes et vêtement militaire

Parallèlement, la capote - avant d’être un moyen de contraception - était au 17ème siècle un grand manteau. Pendant la Grande guerre, c'était une longue veste, portée notamment par les soldats de l'infanterie, à laquelle on pouvait ajouter en temps de pluie un capuchon. Que l'on appelait aussi "une capote". D'un coté, on disait donc en cas d'échec dans le jeu de cartes "prendre capot". De l'autre, la capote était une veste. Par association d'idées, une expression est vite devenue évidente pour tout le monde : "prendre une veste". 

À l'étranger, on ne retrouve d'ailleurs pas cette image vestimentaire. En Angleterre, on dit "to take it on the chin", la prendre sur le menton. En Hongrie "on tombe sur le nez", quand "on prend un savon" aux Pays-Bas, ce qui veut plutôt dire "se faire réprimander" en français. Seuls nos cousins québécois parlent aussi chiffon. Chez eux, on se fait "revirer dans ses culottes".