La dessinatrice de BD Pénélope Bagieu a publié mercredi "Sacrées Sorcières", une adaptation du conte de Roald Dahl et Quentin Blake. 2:55
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Céline Brégand
La dessinatrice de bande dessinée Pénélope Bagieu, dont l'adaptation du conte "Sacrées Sorcières" vient de sortir, a réagi dans "Culture Médias" jeudi aux douze nominations aux César de Roman Polanski, accusé de viol par plusieurs femmes. Elle dénonce un "pied de nez à tout ce qui a été fait" jusque là. 
INTERVIEW

Après le succès de sa bande dessinée Culottées, qui revenait sur le parcours de femmes qui ont marqué l'Histoire, Pénélope Bagieu publie Sacrées Sorcières (Gallimard Bande Dessinée), une adaptation du conte de Roald Dahl et Quentin Blake. La dessinatrice a réagi, au micro de Philippe Vandel jeudi, à la nomination aux Césars dans douze catégories de Roman Polanski pour son film J'accuse alors que le réalisateur est accusé de viol par plusieurs femmes. "Ça me désespère", a lancé Pénélope Bagieu après un long soupir. 

"C'est tellement un pied de nez à tout ce qui a été fait, à tout ce qui a été dit, de dire : 'peu importe on va quand même le célébrer'", estime la dessinatrice. "Au moins, ça tord le cou à l'idée que les accusations peuvent briser la carrière de quelqu'un car vraiment sa carrière n'est pas du tout brisée", remarque-t-elle. La seule consolation pour l'autrice réside dans la nomination de Céline Sciamma, ouvertement féministe, aux Césars pour Portrait de la jeune fille en feu : "C'est toujours ça de pris !", a-t-elle lancé. 

"Il ne faut pas partir du principe que les choses sont acquises"

Pour Pénélope Bagieu, aux positions féministes affirmées, les choses avancent pour les femmes "mais très lentement". Elle estime que, "sauf en étant extrêmement vigilantes, ça recule systématiquement aussi, donc il ne faut pas partir du principe que les choses sont acquises". "À chaque fois il faut se dire : 'c'est très probable que dans dix ans, je doive continuer à me battre pour quelque chose qu'on a déjà obtenu mais sur lequel on va essayer de revenir'", ajoute-t-elle. 

Sa bande dessinée Culottées, écoulée à plus de 550.000 exemplaires en France, s'est aussi bien vendue à l'étranger. Pénélope Bagieu a même donné des conférences sur le féminisme en Russie et en Corée du Sud. Une expérience "assez dingue". Mais elle a aussi été confrontée à des femmes pour qui les avancées féministes n'étaient pas une priorité. "Parler de féminisme avec des femmes en Russie, ça laisse assez circonspect", note-t-elle. "Elles me disaient 'nous on n'a pas besoin de ça. On ne veut pas avoir plus de droits, ça ne nous intéresse pas'. Elles disaient 'nous, on a mieux que ça, on utilise les mecs'. Donc c'était compliqué de leur expliquer qu'elles n'utilisent pas vraiment les mecs en fait."