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Aurélie Dupuy , modifié à
Acteur à part entière et non humoriste dans la pièce "Le lien", Pierre Palmade confie s'être longtemps perdu dans son rapport à la célébrité.
INTERVIEW

Quand il sort de scène en ce moment, Pierre Palmade est "émotionnellement épuisé". La raison ? Dans la pièce Le lien, qu'il joue au théâtre Montparnasse, il donne un combat verbal face à Catherine Hiegel, de la Comédie française. "C’est un fils qui va s’engueuler avec sa mère, très violemment, pendant 1h20", décrit l'acteur, qui est revenu sur l'étendue de son rôle au micro de Philippe Vandel dans l'émission Le grand journal du soir - week-end, samedi, sur Europe 1.

"Je me sers de mon Œdipe". Si ce fils s'avère si abrupt, c'est parce qu'il "est exaspéré par cette mère qui ne lui pose aucune question sur son métier". Romancier célèbre, il ne comprend pas que sa mère ne s'intéresse pas à ses livres. "Tout ce qu’elle veut, c’est voir son fils chéri. Je crois que c’est l’agacement universel qu’a un fils envers une mère trop aimante, qui voudrait que son petit ait 12 ans à vie", analyse Pierre Palmade. L'acteur pense bien connaître cet agacement : "Parfois, j’ai envie de dire à ma mère 'Arrête de m’aimer comme un enfant. J’ai 50 ans'. Je me sers de mon Œdipe pour trouver mon personnage", avoue le comédien.

Entendu sur europe1 :
Je marchais plus lentement dans la rue pour vérifier qu’on me regarde. J’allais au milieu des restaurants, ça m’a grisé, mais comme un traumatisme.

"J'étais dans une ivresse". Dans la vraie vie, plus que de l'indifférence, l'acteur pense que sa mère a été plutôt mal à l'aise face à sa célébrité, arrivée très tôt. Mais c'est surtout pour l'humoriste lui-même que la notoriété a eu un vrai retentissement : "Entre 20 et 35 ans, ça m’a vraiment fait perdre les pédales. Je n’existais que pour être célèbre, je marchais plus lentement dans la rue pour vérifier qu’on me regarde. J’allais au milieu des restaurants, ça m’a grisé, mais comme un traumatisme. Ça m’a rendu fou. J’étais dans une ivresse", confie Pierre Palmade. "Maintenant, avec le temps, mon métier et ma notoriété, c’est une partie de moi mais ce n’est pas tout. Je commence vraiment à séparer. Depuis une dizaine d’années, je suis redescendu."

Le déclic avec Luchini. Cette prise de conscience ne l'empêche pas d'éprouver de la fierté face à ce nouveau défi du jeu classique. "Je tiens la route en face de Catherine ! J’ai appris sur le tas. Je pensais que je n’avais de valeur qu’en étant drôle." Le déclic lui est venu en voyant Fabrice Luchini sur scène. "Il considérait que la drôlerie était quelque chose d’important mais d’accessoire. Il arrivait sur scène, il avait quelque chose à dire plutôt que des blagues à faire. Je me suis dit 'Je ne veux plus être humoriste, je veux être un conteur, qui a de l’humour, mais je veux être quelqu’un qui raconte une histoire, quelqu’un d’intéressant avant d’être drôle'."