Nez qui frétille, apparitions soudaines… comment la magie a été conçue dans la vintage "Ma sorcière bien-aimée"

"Ma sorcière bien-aimée" est une fiction devenue culte.
"Ma sorcière bien-aimée" est une fiction devenue culte. © DR
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Clémence Olivier
SERIELAND COULISSE - En 1964, les Américains découvrent dans leur télé une femme au foyer pas comme les autres. Elle s'appelle Samantha, elle vient d'épouser Jean-Pierre Stevens, un publiciste, vit dans une banlieue pavillonnaire américaine, et…. c'est une sorcière ! Mais comment la magie a-t-elle été créée dans "Ma sorcière bien aimée", alors qu'il n'existait pas encore à l'époque d'effets spéciaux numériques ? 
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Une banlieue pavillonnaire américaine, une sorcière au nez qui se tortille et une belle-mère un brin envahissante. Cette semaine, dans SERIELAND, Clémence Olivier vous emmène dans les coulisses de la série "Ma sorcière bien-aimée".

Dans la fiction lancée en 1964 sur des téléviseurs en noir et blanc, il y a beaucoup de magie. C'est d'ailleurs ce qui fait tout l'intérêt de la série. Pendant 8 saisons, Samantha s'évertue à ne pas s'en servir pour faire plaisir à son mari. Lui n'est qu'un simple mortel. Il veut que son épouse soit une femme au foyer exemplaire. En gros, qu'elle fasse le ménage et la cuisine sans magie. - Oui ça pique d’entendre ça, mais on est dans les années 60, je vous rappelle - 

Sauf que dans chaque épisode, par commodité ou parce qu'un événement survient, Samantha utilise ses pouvoirs. Et pour que la magie opère, elle lève les bras, claque des doigts et, c'est sa spécialité, elle fait frétiller son nez. Que Samantha remue son bout de nez, dans le générique et dans les épisodes, c'est une idée de William Asher, le producteur de la série et mari de la comédienne qui jouait Sam, Elizabeth Montgomery. Il voulait que Samantha ait un signe qui la rende immédiatement reconnaissable. Et je ne sais pas vous, mais moi je me suis toujours demandée comment elle faisait pour remuer son nez aussi rapidement. J'ai essayé mais je n'ai jamais réussi !

C'est parce qu'il y a un astuce, un effet d'optique. En fait, l'actrice ne remue pas son nez mais sa bouche. Elle pince les lèvres et les bouge de gauche à droite très rapidement. Ce qui donne l'impression que son nez se tortille. Cet effet est renforcé par une virgule sonore. Enfin, et c’est ce qu'explique Herbie J. Pilato, auteur d'un livre consacré à Ma sorcière bien-aimée, le mouvement est très légèrement accéléré au montage.

Des bouts de ficelles et beaucoup d'imagination 

Mais dans la série, il y a n'a pas que le nez de Samantha qui bouge, on voit les objets se déplacer, des personnages apparaitre ou disparaitre en un instant. Et je peux vous dire que c'était autrement plus compliqué à mettre en place. Je vous rappelle qu’à l'époque, on est dans les années 1960. Donner l'illusion qu'on fait de la magie sans utiliser d'effets spéciaux numériques, c'est un sacré casse-tête. Tout se fait manuellement. C’est du bricolage, des bouts de ficelles…et beaucoup d'imagination ! 

Par exemple, si dans la série l'aspirateur se déplace tout seul c'est parce qu'on lui a ajouté un moteur contrôlé à distance par un système d'interrupteurs. Et si les ampoules électriques s'allument toutes seules, c'est parce que l'actrice a dans ses manches des fils, reliés aux ampoules. 

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Parfois d’ailleurs les comédiens doivent aussi donner de leur personne pour que la magie opère, comme dans les scènes où l’on voit Samantha ranger la cuisine d’un geste. Impossible de modéliser les objets en 3D pour pouvoir les effacer en un clic. La séquence a donc été imaginée en deux temps. D’abord, le réalisateur tourne la scène avec la cuisine remplie de vaisselles qui traînent. Puis il demande à Elizabeth Montgomery de lever les bras en l’air, pour donner l’impression qu’elle fait de la sorcellerie et il coupe la caméra. C’est là que ça se corse. La comédienne, elle, ne doit pas baisser les bras. Elle doit tenir la posture le temps que l’équipe sur le plateau enlève assiettes sales, verres, et autres casseroles. Une fois que c’est fait, et si l’actrice n’a pas attrapé une crampe entre temps, le réalisateur recommence à filmer Samantha dans sa cuisine rangée. Et à l’image, magie du montage, on voit les objets disparaître en un instant et la sorcière n'a pas bougé.

Elizabeth Montgomery n’a d’ailleurs pas que fait travailler ses bras sur la série. Ses abdos aussi ont été sollicités sur les scènes dans lesquelles on voit voler son personnage. Là, on est vraiment sur de l’effet spécial "old school". Une bonne vieille ficelle qui suspend Elizabeth Montgomery en l’air. Ce fil est accroché à un harnais dissimulé sous une robe ample et virevoltante que porte la comédienne. Et pour qu’on ait vraiment l’impression qu’elle vole, de l’air est projeté face à elle. Quand on regarde la série aujourd’hui, ça peut faire un peu sourire. Mais pour l’époque les effets étaient plutôt réussis.

Un hommage dans WandaVision

Mais le succès de la série s'explique surtout par le fait que Ma sorcière bien-aimée associe la magie à la comédie. Et en faisant ça elle invente un nouveau genre : la sitcom fantastique ! C'est sûrement ce qui explique son statut de série culte qui fait qu'aujourd'hui encore on continue d'en parler. Un nouveau film est d'ailleurs en préparation après une adaptation ratée en 2005 avec Nicole Kidman et Will Ferrel, et en début d'année, WandaVision, la série Marvel de Disney +, lui a aussi rendu un bel hommage….