Marlène Schiappa sur ses livres érotiques : "On en parle dans mon dos"

Marlène Schiappa, ministre chargée de la Citoyenneté, est revenue sur Europe 1 sur les livres sur la sexualité dont elle est l'auteur.
Marlène Schiappa, ministre chargée de la Citoyenneté, est revenue sur Europe 1 sur les livres sur la sexualité dont elle est l'auteur. © Europe 1
  • Copié
Séverine Mermilliod
Dans "Il n'y a pas qu'une vie dans la vie", dimanche sur Europe 1, Isabelle Morizet recevait Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté. Cette dernière a regretté une "forme de sexisme" dans le regard que porte le milieu politique sur une femme qui écrit des livres sur la sexualité.
INTERVIEW

Parallèlement à sa vie de militante, de secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les hommes et les femmes et aujourd'hui de ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa est également autrice. Elle a publié 28 livres sous son nom, romans ou essais. Et d'autres livres sous le pseudonyme de Marie Minelli, d'une "fantaisie coquine totalement décomplexée" selon Isabelle Morizet dans Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, dimanche sur Europe 1. Elle a confié considérer subir "une forme de sexisme" par rapport à ses livres dans le milieu politique, car "on en parle dans son dos" alors même que l'un de ses collègues masculins au gouvernement a écrit un roman Harlequin, mais qu'à lui on ne dit rien.

"On en parle dans mon dos"

"Je sais que beaucoup de choses ont été dites dans la presse", a commencé Marlène Schiappa, par rapport aux neuf livres que l'on peut trouver sous le pseudo Marie Minelli. "Je ne les ai pas tous écrits. Il y en a que j'ai écrit sous d'autres pseudonymes et que la presse n'a pas trouvés. Il y en a sous le nom de Marie Minelli que j'ai parfois coécrits avec d'autres qui sont en fait des ouvrages collectifs. Et certains que j'ai absolument écrits sous le nom de Marie Minelli et que j'assume parfaitement", a-t-elle ajouté, citant notamment un livre intitulé Osez la première fois (des conseils pour "réussir sa première fois") et un plus récent, Osez l'orgasme féminin, dans lequel elle "interroge" la question de la "jouissance de la femme", livres qu'elle a écrit pendant qu'elle était au gouvernement.

Or, assure Marlène Schiappa, personne dans les ministères et à l'Assemblée nationale ne lui en parle "directement", mais "on en parle dans son dos". 

"La différence de traitement illustre une forme de sexisme"

"Il y a une forme de sexisme, parce que j'ai un collègue au gouvernement dont il est de notoriété publique qu'il a écrit un roman Harlequin (collections de romans dits "à l'eau de rose" et de romances érotiques NDLR). Je ne nommerai pas ce collègue, mais en tout cas lui, on ne le vanne jamais avec ça et on ne lui en parle pas", constate la ministre. On trouve ça un peu normal : c'est coquin mais ça va, c'est un homme. Il a le droit. Et je trouve que la différence de traitement, et la façon dont les gens se choquent en apprenant que j'ai pu participer à ce type de littérature illustre aussi une forme de sexisme", a estimé Marlène Schiappa.

"Nous, les femmes, on a aussi le droit d'affirmer notre sexualité. Un homme qui se vante de ses conquêtes, c'est un Don Juan, c'est un cador, c'est formidable. Si une femme arrive en faisant ça, pardonnez moi, mais elle va être traitée de salope", a déploré Marlène Schiappa. "Et je pense qu'il est important de changer le regard de la société sur le rapport des femmes à la sexualité. On peut être une mère de famille, on peut avoir des responsabilités politiques et néanmoins trouver que le champ de la sexualité féminine doit aussi être exploré", a-t-elle conclu.